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il poignarda Zamri le Chef de la Tribu de Simeon. Monintention n'a donc point été de faire Moïse ambitieux ou vindicatif. J'en ai ramené le caractere aux traits même dont il avoit plû à Dieu de le former felon fes vûës. J'ai encor moins fongé à le faire amoureux. J'ai fenti avant que de commencer ma Piece de quel inconvenient il feroit de donner au Legiflateur des Juifs le langage & les foibleffes d'un amant, quelque avantage même que je puiffe prendre à ce fujet de la revolte de fa famille contre lui à l'occasion de fon mariage avec une fille Ethyopienne. Propter uxorem ejus Ethyopiffam.

D'ailleurs continuoit-on, le fonge que » vous lui fuppofez par avance reffemble trop » à la vifion qu'il eut dans le pays de Ma » dian.

La vifion que je donne à Moïfe eft en effet la même qu'il eut dans le Pays de Madian fur la montagne d'Horeb, je n'ai fait que me fervir en cela du privilege de la Poëfie. J'ai rapproché les tems & les lieux. Cette fuppofition n'a rien pris fur le caractere de Moïfe ni fur la dignité de l'évenement.

On a fini par me mander comment je » prétendois accorder le dénouement de ma Piece avec la fuite de Moïfe dans le Pays

» de Madian après avoir tué quelques Egyp → tiens pour la défense des Hebreux.

J'ai pris ma réponse dans Jofephe livre 2 c. 5. Le foupçon que les Prêtres Egyptiens donnerent à Pharaon de l'ambition de Moïfe lui fit connoître le danger où il étoit & le porta en même tems à prendre le parti de la retraite. C'eft fur le paffage de Jofephe que j'ai pris les motifs fecrets de fa fortie d'Egypte, j'ai cru même devoir fauver à fa gloire le meurtre de l'Egyptien qu'il enfevelit dans le fable & c'eft affez de l'intrigue & du mouvement des ennemis de Moïfe, pour donner au vrai denouement de ma Piece, le caractere de cette vrai-femblance qui eft une des plus grandes reffources de l'art & la Rivale même de la verité.

A l'égard de la liberté de traiter les fujets facrés & d'en expofer les myfteres avec attachement aux regles prefcrites, j'ai furtout devant moi les exemples de deux de nos Poëtes que l'on doit regarder comme les plus grandes lumieres du Théatre François. La grace elle-même dans la Tragedie de Policuete n'agit-elle pas en fpectacle pour la converfion de Pauline?

Je vois, je fçais, je crois, je fuis défabufée, De ce bienheureux fang tu me vois baptifée. Ce n'eft point la douleur que par là je fais voir; C'eft la grace qui parle & non le défespoir.

L'Esprit

L'Efprit faint ne parle-t'il pas fur la Scene dans cette énumeration prophetique où Joad s'écrie dans Athalie,

Mais d'où vient que mon cœur fremit d'un faint effroi? Eft-ce l'efprit de Dieu qui s'empare de moi?

C'eft lui-même, il m'échauffe, il parle, mes yeux s'ouvrent ?

,

Après de pareilles autorités j'ai eftimé pouvoir traduire le Legiflateur des Juifs fur le Théatre. Il ne me refte plus qu'à ajoûter ici, que toutes les parties effentielles de mon fujet font tirées de l'Hiftoire de Jofephe, des Annales de Cedrenus, & de l'Epitre de St. Paul aux Hebreux; que je ne me fuis fervi même qu'avec circonfpection des inductions naturelles des faits & du filence de l'Ecriture; que je n'ai fait que rapprocher fous le même coup d'œil la gloire de toutes les vertus militaires de Moïfe & le merveilleux de la révelation Judaïque, & que, fi j'ofe le dire c'eft avec quelque forte de magnificence que j'ai rendu le facrifice que la foi a fait dans la perfonne de Moïfe, de toutes les richeffes & de toute la gloire de l'Egypte.

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MOYSE, fous le nom d'Ofarphis,

fils de Jocabel & crû fils de Thermutis Reine d'Egypte.

AMENOPHIS, Roi d'Egypte frere de Thermutis qui avoit ufurpé la Couronne fur lui.

JOCABEL, Mere de Moyfe, autrement, d'Ofarphis.

THARBIS, Reine de Sepa & Amante d'Amenophis.

AARON, autre fils de Jocabel & frere d'Ofarphis.

PHANE'S, grand Prêtre d'Ofiris.
ISERIDE, Confidente de Jocabel.
ISMENE, Confidente de Tharbis.
ASAPH, Confident d'Ofarphis.
GARDES.

La Scene eft à Memphis, dans le
Palais des anciens Rois d'Egypte.

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OSARPHIS

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MOYSE,

TRAGE DIE.

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ACTE PREMIER

SCENE PREMIER E.

A MENOPHIS,

J

PHANE'S.

AMENOPHIS.

E te cherchois, Phanés. Oui,c'est dans ce grand jour

Que tu dois me montrer ton zéle &

Tu

ton amour.

fçais que Pharaon m'a donné la naillance,

Et qu'une injufte four ravit à mon enfance

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