Oui, je vais lui donner un confeil falutaire; Le voici. ANTIOCH US. SALMONE. Je tiendrai tout ce que j'ai promis. SCENE I I I. ANTIOCHUS, SALMONE, AZAEL; Gardes. AZAEL. Ma Mere, cft-ce vous ? SALMONE. Eft-ce donc toi, mon fils? Eft-ce toi, qu'en mon fein le ciel vient de remettre? Il me rend le feul bien que j'ofois me promettre. Puiffent jufques au bout mes vœux être exaucez! AZAEL. Cicl! à quels vains honneurs, dont mes yeux font laffez Succédent dans vos bras ces careffes fi cheres! Mais d'où vient qu'avec vous je ne vois point mes freres ? Oui, leur prefence manque à de fi doux tranfports. SALMONE. O mon fils! AZAEL. Achevez. SALMONE. Tous tes freres font morts. AZAEL. Grand Dieu! SALMON E. Dans les tourmens, ils ont perdu la vie, Par quel ordre cruel, leur eft-elle ravie ? A l'envi chacun d'eux a foutenu fa foi; AZA EL. " Ainfi donc leur trépas confacre leur mémoire. Quoi! mon fils, fur leurs pas, fans craindre de fouffrir, Trop plein d'un fi beau fang, & d'un nom fi fameux, Ah que me dites-vous ? quelle pitié funefte, Le zéle de ta Loi me conduit, & me preffe. SALMONE. O mon fils! tes transports me comblent d'allegreffe, Voilà ce que mes vœux ont demandé pour toi. Dieux ! ANTIOCHUS. SALMON E. Le bucher eft prêt, viens mourir avec moi, Et bravant du Tyran la cruelle puitlance..... ANTIOCHỦ S. Perfide, arrête. AZA EL. Allons affronter fa vengeance ANTIOCHUS à AZaël. Demeure, & reconnois toi-même Antiochus. AZAEL. 'Antiochus ? SALMONE. C'eft lui. AZA EL. Dans mes fens éperdus, La nature a parlé. Ses oracles finceres 'Apprens, du moins, apprens à refpecter ton Roi. Mon Roi! qu'entens-je? ô Ciel ! crois-tu regnea fur moi, Barbare? prévens-tu régler ma destinée ? Prêt à rendre à fon nom tout ce que je lui dois, res D'arrofer de mon fang des dépouilles fi cheres ! De tous côtez en butte à tant de violence, SALMONE. Ah! c'eft trop en effet tarder à nous punir. Qu'attens-tu donc? pourfuis tes deffeins fanguinaires. Notre mort d'Ifraël va finir les miferes, Elle éteindra les feux qu'allume ton courroux, Barbare, & ce fera le dernier de tes coups. Le jufte dans fes maux toujours fe glorifie: Dieu devient fon foûtien. Il tue & vivifie. Il reproduit des jours dans fes Decrets cachez. Etranime la cendre & les os deffechez. D'Abraham dans fa gloire il fufcite la race. Vous, , qui de vos vertus laiffez ici la trace, Que fous les yeux de Dieu dans mes flancs j'ai portez, Et dans mes bras preflans par moi-même allaitez, O mes fils! rendez-moi le prix de mes tendreffes. Si la chair & l'efprit fouffrent quelques foibleffes, 'Au milieu des tourmens foûtenez notre foi, Et que nos Bourreaux feuls en pâliffent d'effroi. ANTIOCHUS. Ah! fans plus différer, ôtez-les de ma vûë. Qu'ils fubiffent la peine enfin qui leur eft dûë; Et qu'aux flammes en proye, au glaive abandonnez, Leur mort ferve d'exemple aux fiecles étonnez. SALMONE. Dans le fein de Dieu-mème affurez de revivre, AZAEL. Je brûle de vous fuivre. C'est toi qui me foutiens par un fi beau transport. AZ A EL. C'eft à vous que je dois & ma vie & ma mort. SCENE IV. ANTIOCHUS feul. AH! peu s'en faut qu'en eux moi-même je n'envie Cette gloire attachée au mépris de la vie, SCENE V. ANTIOCHUS, ALCIME. ALCIME. TOut eft perdu, Seigneur, & dans les murs So lyme Rejoint avec Afaph les mutins & Phoftime. Phoftime? ANTIOCHUS. ALCIME L'Ennemi groffit à chaque pas; Et de fon fein la terre enfante des foldats. |