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Ceux qui fçavent l'hiftoire de Mariamne ont dû s'appercevoir que je ne me fuis point écarté de la verité, & que je n'ai point cherché à substituer à des évenemens confacrés, & qui portent leur dignité avec eux, les égaremens d'une imagination qui court après la nouveauté & toûjours plus dereglée qu'elle n'eft brillante.

Il ne faut auffi que la plus légére connoiffance du Théatre , pour fentir que l'action dans ma Tragedie a toutes les parties; que les mœurs & les caracteres y font vrais que tous les incidens y naiflent du fujet. C'est par cette raifon que les traits de la partialité n'ont pu porter que fur quelques expreffions, ou répétitions de mots; & que le fonds de la Piece n'a pû être étoufé dans l'inattention, & dans le bruit, dont l'affe&tation étoit fi fenfible fans qu'elle ait prévalu cependant fur l'excellence du jeu des principaux A&teurs, & fur tout de l'inimitable Actrice* dont les tons perçoient ce mur d'iniquité, & portoient au-delà, avec la beauté & la magnificence de fa déclamation, tous les traits marqués, fi j'ofe le dire, & tous les fén timens dont la Piece eft remplie

*Mademoiselle Duclos

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ACTEURS.

HERODE, Roi de Judée.

MARIAMNE, femme d'Herode. ALEXANDRE, fils d'Herode & de Mariamne.

SALOME, foeur d'Herode.

SOESME, un des Seigneurs de la Cour d'Herode, & à qui il avoit confié le gouvernement de l'Etat, pendant fon abfence.

THARE'S, autre Seigneur de la Cour
d'Herode, & dévoué à Salome.
ALCIME, Officiers Juifs.
Officiers

ACHAS,

PHOE DIME, Confidente de Ma

riamne.

ELISE, confidente de Salome.
ASSISTANS au Sacrifice.

GARDE S.

La Scene eft à Jerufalem, autrement dite Solyme dans le Palais des anciens Rois d'Ifraël.

MARIAMNE,

TRAGEDIE. Artttttttttt

ACTE PREMIER. SCENE PREMIER E. MARIA MNE, PHOE DIM E.

M

PHOEDIME.

Adame, il eft trop vrai, votre crainte étoit jufte

Un bruit fourd fe répand jufqu'au Trônej d'Augufte.

Herode en va fubir l'inflexible rigueur.

Il attend fon deftin de l'arrêt du vainqueur.
Le Ciel de vos malheurs veut terminer le nombre.
Le fier ami d'Antoine en va rejoindre l'Ombre.
De fes plus affidés le vifage interdit,

Leur trouble, leur filence, en un mot tout vous dit...
MARIAMNE.

Que dis-tu là toi même ? arrête & confidere
Que tout cruel qu'il eft, fa gloire encor m'eft chere.
De toute ma famille il ufurpa les droits.

Il s'affit fierement au Trône de fes Rois,
Et je fçai ce qu'il eft, & combien je fuis née
Au deffus de fon rang & de fon hymenée.
Mais tu n'ignores point combien a de pouvoir
Sur celles de mon Sang le fevere devoir;
Que leur gloire attachée à la plus haute eftime
D'un nœud mal afforti fait un droit legitime,
Affervit tous nos vœux à l'honneur d'un Epoux,
Phœdime, la vertu n'a qu'un degré pour nous.
Mais pourquoi s'allarmer d'une crainte importune?
Et que ne peuvent point Herode & fa fortune?
Tu fais comme accufé de forfaits éclatans,
Mon Ayeul le cita qu'il n'avoit pas vingt ans.
Il parut, mais en Juge, & non point en coupable:
D'un confeil jufqu'alors augufte & redoutable
Toute la Majefté devant lui s'avilit,

Et fur le Trône affis Hircan même en pâlit.
Crois-tu que de fa foi la victime lui-même
Herode... mais enfin je ne vois point Soëfme.
Ne m'avois-tu pas dit qu'il fe rendroit ici,
Qu'il vouloit me parler?

PHOEDI ME,

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Au tour de ce Palais le peuple e consterné,

Et l'on dit....

MARIAM NE.

Achevez.

SOESM E.

Qu'Herode eft condamné;

Que la haine d'Augufte à le perdre obstinée...
MARIAM NE.

Et du Roi fur ce bruit reglant la destinée
Jufques-là de fon fort Soefme eft incertain;
Lui qui partageant feul le pouvoir fouverain
Dans l'abfence d'Herode, à fes ordres fidele
Nous tient mon fils & moi foumis à fa tutelle !
SOES ME.

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Eh! que puis-je fçavoir ? fes amis arrêtés,
De fidéles avis fans doute interceptés ;
Ce pais tout rempli de partis, de cabales
Triftes avantcoureurs des difcordes fatales
Par qui des Souverains les droits mal affurés...
Mais qu'eft-ce que je vois, Madame? vous pleurez.
MARIAM NE.
J'ignore fi parmi de confufes allarmes,

C'eft foibleffe ou vertu qui m'arrache des larmes.
Je tremble du peril qui menace fes jours,
Mais mon reffentiment n'a point fini fon cours.
Je m'afflige en fecret quand ma haine eft ouverte :
Déteftant fes rigueurs je redoute fa perte,
Je devrois la pourfuivre, & rapellant mes droits
Faire de mes malheurs la querelle des Rois;
Dans ma vengeance même intereffer Augufte.
Mais je la crains autant qu'elle me parot ufte.
O d'une ame accablée imprudent entretien !
Je me plains qu'aujourd'hui le Ciel me fert trop bien.
Sors plutôt de mon cœur, impericux fcrupule.
Qu'en l'éternelle nuit mon frere Ariftobule,
Qu'Hircan jufques à moi, que tant d'autres profcrits

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