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Comme un enfant divin l'admit dans fa famille.
Tout le favorifoit, veuve de Thermeftris,
Au berceau même alors elle perdit un fils;
Et dans l'efpoir fecret d'adoucir fa disgrace
Ofa fubftituer Ofarphis à fa place.

Plus éblouie encor de fes derniers exploits
Memphis croit voir en lui le pur fang de fes Rois.
Aron eft de retour Vous l'avez vû, Madame,
C'eft à ce fils fi cher qu'il faut ouvrir votre ame.
feul en ces lieux diffiper votre effroi ;
Mais furtout montrez-lui fon frere dans fon Roi.
JOCABEL.

II peut

Il n'eft pas tems encor & fur fa destinée
Iferide, le Ciel tient ma langue enchainée.
Aron fçait feulement par des rapports confus
Qu'Ofarphis eft Hebreu; mais ne fçait rien de plus;
Son pere fur le refte attentif à fe taire
Ofa lui reveler la moitié du myftere;
S'appuya dans fa foi des motifs les plus faints,
Et Zaram de fon Dieu crut fervir les deffeins.
ISERIDE.

'Ah! s'il faut avec vous bannir toutes contraintes Quel tems choififfez-vous, Madame, pour vos plaintes ?

Qu'est-ce qu'en vous déja la foi n'a point ofé? Sur le Nil par vous-même un fils fut expofé...

SCENE I V.

JOCABEL, AARON, ISERIDE.

JOCABEL.

HE 'E' bien Aron? Memphis s'apprête à voir son

Maître

?

C

AARON.

Ses drapeaux ont paru, Madame; le Grand-Prêtre
Se difpofe à venir recevoir fes fermens,
Et fera bien-tôt place à vos embraffemens.
JOCABEL.

Et comment, ô mon Fils! avec tant de miracles
Du Pere d'Ifraël accorder les oracles?

Sur ce qu'il a prédit eft-ce donc à Memphis
Qu'il faut chercher la gloire annoncée à fes Fils,
Et
que de nos Tribus aux travaux condamnées,
Se doivent accomplir les hautes destinées ?
Memphis, quoique nous offre un jour fi folemnel,
N'eft pour nous que le lieu d'un exil éternel.
Aux progrès d'Ofarphis, Ciel! puis-je reconnoître
Ces auguftes deffeins pour qui tu l'as fait naître ?
A ces honneurs promis, ouvrage de tes mains
Un triomphe profane ouvre-t'il les chemins?"
Je fens à tant de gloire accroître mes allarmes ;
J'arrofe malgré moi fes lauriers de mes larmes ;
Et quel que foit l'espoir dont vos vœux foient flattés;
Je crains bien moins nos maux que fes profperités.
AARON.

Quoi, Madame, aujourd'hui votre foi s'intimide
Dans ces mêmes fentiers où fon zéle vous guide;
Et ne fentez-vous pas par quels enchaînemens
Dieu conduit à leur fin ces grands évenemens?
Les moyens qu'il employe ont des faces diverses.
Tout nous mene à fon but, la gloire & les traverses.
Hé, quoi! de fa promeffe eft-il quelque garant
Plus für que le deftin d'un jeune Conquerant
D'un Hébreu notre efpoir, notre unique défence?
L'Eternel à vos foins confia fon enfance.
Si depuis qu'en vos mains on remit ce tréfor,
Le Ciel n'a pas voulu lui réveler encor

Le fecret de fa gloire & de fa destinée,
Peut-être touchons-nous à l'heureuse journée
Où des deffeins d'un Dieu va s'accomplir le cours.
Vous fçavez à quel point frappé de nos difcours,
Ofarphis, de ce Dieu fe retraçant l'Hiftoire,
En admire en fecret la puiffance & la gloir
Sans en vouloir percer les auguftes fecrets,
Laiffez-lui le fardeau de ces grands intérêts.
Contemplez quel triomphe eft le prix de vos veilles,
Madame, & jufqu'ici par combien de merveilles,
Par quels dégrés au Trône il conduit Ofarphis.
De Thermutis, enfin l'Egypte le croit Fils,
Et cette grande Reine au moment qu'elle expire
L'affermit dans fes droits, feul l'appelle à l'Em
pire,

Le confie à fes Dieux, les ombres de la mort
Tiennent enfeveli le fecret de fon fort.

JOCABEL.

Encor tout déchiré d'un barbare spectacle,
Mon cœur fe calme peu fur ce fatal Oracle
Dont le bruit nous coûta tant de sang & de pleurs,
AARON.

Je fçai qu'enveloppé dans de cruels malheurs,
Un Frere à peine ouvrant les yeux à la lumiere,
A péri fous l'effort d'une main meurtriere.
Sans cet Oracle, hélas! cet enfant aujourd'hui
Seroit de fa famille & l'honneur & l'appui.

JOCABEL.

Et fe peut-il qu'aux yeux d'une odieuse Race,
Un Dieu de fes decrets laiffe voir quelque trace?
A des Prêtres impurs & par lui rejettés,
Accorde-t'il le don des céleftes clartés?
J'ai cru qu'avec l'efpoir de leur faint héritage;
Des enfans de Jacob c'étoit-là le partage.

AARON.

Ne portons point fi haut nos regards curieux.
Des decrets du Seigneur l'ordre échape à nos yeux.
Dès que l'efprit humain ofe en demander compte;
Qu'un orgueil inquiet jufques-là nous furmonte,
L'homme reçoit le prix de fon effort altier,

Et forti du néant, y rentre tout entier.

JOCABEL.

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A vos confeils, mon Fils, c'est à moi de me rendre. Mais du Peuple en ces lieux, quels cris fe font entendre ?

AARON.

C'eft Ofarphis, bien-tôt diffipant votre ennui.... JOCABEL à part.

Jufte Ciel! tout mon fang se trouble devant lui.

SCENE V.

JOCABEL, OSARPHIS, AARON, ISERIDE, fuite d'Ofarphis.

OSARP HIS après avoir fait figne à ceux de fa fuite de fe retirer.

C'Et vous, c'eft Jocabel! Dans ma douleur a

mere

Le Ciel plus doux pour moi me rend une autre mere. Si Thermutis n'eft plus, du moins dans mes douleurs, Qui lui ferma les yeux peut effuyer mes pleurs.

JOCABEL.

Dans ce cruel devoir que j'ai verfé de larmes !
Far vos vertus, Seigneur, j'ai conçu vos allarmes.
Je fçais en de tels coups tout ce que l'on reffent,

Et ce qu'éprouve alors un cœur reconnoiffant.
OSARPHIS.

Sa mort m'a dérobé le fruit de ma victoire.

Le Ciel n'a pas voulu dans le cours de ma gloire
Que des Peuples vaincus, des Rois humiliés,
Je puiffe dépofer la dépouille à fes pieds.
Mais je puis m'acquitter d'un refpe&t légitime.
De la Reine pour vous je fçais la haute eftime,
Et rendre à vos vertus leur véritable prix,
C'eft honorer fa cendre & calmer mes efprits.
JOCABEL.

Ah! Seigneur, les grandeurs que le Ciel vous dif penfe,

Vos triomphes, fes dons, voilà ma récompenfe.
Et quel objet pour moi plus doux, plus glorieux
Pourriez-vous en effet préfenter à mes yeux ?

S'il eft quelqu'autre vœu qu'au Ciel mon ame adreffe,

Vivez, honorez-moi d'une égale tendreffe;
Contente pour tout bien de rappeller le cours
Des foins que m'a couté le falut de vos jours,
Laiffez en liberté ma joye & mes allarmes,

Et fouffrez mes confeils, & quelquefois mes larmes.
OSARPHIS.

Ah! des transports fi chers,ces pleurs verfés pour moi,
Vos confeils, font autant de gages de ma foi.
Je ne sçai . . . . mais les foins d'une amitié fi pure
Ufurpent dans mon cœur les droits de la nature;
Et l'honneur qui m'attend ne fçauroit me flatter
Qu'autant que ma tendreffe en peut mieux éclater,
AARON.

Dans ce nouveau dégré de gloire & de puiffance
Portez ailleurs, Seigneur, votre reconnoiffance.
Parmi tant de hazards & de périls preffans,
Eh! qu'auroient fait pour vous nos fecours impuif-
fans!

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