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De ce noble projet aujourd'hui tout m'écarte.
Contre moi la difcorde allumant fon tifon
Au fein de ma famille arme jufqu'au poison.

MARIAMNE.

Dis plûtôt que ta main protege l'impofture.
ALEXANDRE.

Oui, c'eft trop outrager l'amour & la nature. Reconnoiffez, Seigneur, vos plus grands ennemis Au foin de vous armer contre une époufe, un fils. HERODE.

Si tu veux me prouver que tu n'es point coupable, Et que de tant d'horreurs mon fils n'est point ca pable,

Contrains-donc la nature, & laiffe agir la loi.
Voilà ta Mere enfin, viens l'entendre avec moi..
Deffens-la fi tu peux, l'effort eft légitime.
Mais la trouvant coupable, ofe punir le crime.
ALEXANDRE.

Moi! que j'entre au Confeil pour la premiere fois
Pour l'y voir expofée au caprice des loix?
Pour voir ainsi foüiller d'une tache éternelle
La Majefté des Rois qui revivent en elle?
Quels droits, quels interêts prétend-on difcuter?
Quel arrêt rendre ici, fur qui l'exécuter ?
De la Reine aujourd'hui quel feroit le refuge?
C'est vous qui l'accufez, & je ferois fon Juge?
De quels foupçons croit-on que je fois combattu?
Le fang qui coule en moi répond de fa vertu,
Le Ciel n'eft pas plus pur. Quoi que fouffle la rage,
La verité bientôt percera le nuage,

Et dans tous les efprits portant un trait vainqueur....
HERODE.

Hé bien ficet espoir luit encor dans ton cœur, Viens. Suis-moi, que crains-tu du Confeil qui s'af femble?

ALEXAND RE.

J'irai pour la défendre, & le venger ensemble;
Pour punir l'impofture, & fans crainte à vos yeux
J'irai faire parler le fang de fes ayeux.

La foi dans tous les cœurs ne peut être atiedie,
Ou fi je n'y trouvois que crainte, & perfidie
Malheur alors à qui m'ofera contester

Des droits que vous devez vous-même respecter.
Je vois tous les refforts d'une odieuse intrigue,
La vengeance, l'orgueil, l'interêt, tout le ligue,
Et ce projet tramé par de perfides mains

A d'autres attentats ouvre encor des chemins.
Mais je n'écoute plus qu'un tranfport légitime.
Vos Juges deviendront eux-mêmes la victime,
A Mariamne.

Madame, leur Confeil n'eft qu'un complot affreux;
S'ils condamnent leur Reine, ils prononcent con-

tr'eux.

HERODE.

Traitre ! je reconnois ton crime à ton audace..
MARIAM. NE.

Vous vous perdez mon Fils! ô comble de dife

grace!

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HERO DE.

Tu n'en es pas encor, perfide, où tu prétends,
Et bientôt contre toi mon ordre.....

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HERODE à Scëfme.

Je mets la Reine fous ta garde,

Quelque

Quelque foupçon qu'on m'ait donné contre ta foi, Soëlme, j'ofe encor m'en repofer fur toi.

SCENE V I.

MARIAMNE, SOESME.

MARIAM NE.

A Infi ce nouvel ordre eft remis à Soëfime?

SOESME.

Et je l'accepte auffi pour vous rendre à vous-même.
Seul je vous ai perduë, & mon zéle indifcret
N'a pu vous dérober un dangereux fecret.
Source de tous vos maux, j'arme votre colere.
Il falloit vous fervir, mais je devois me taire.
Vous voyez quels périls vont vous environner.
Herode prévenu pourroit me foupçonner;
Profitons des momens qu'à ma garde il vous laiffe,
Pour dérober vos jours au malheur qui vous preffe.
J'ofe encor concevoir cet efpoir glorieux.
Mais fans perdre un inftant il faut quitter ces lieux;
Finir en vous fauvant le cours de tant d'allarmes
Et fous un Ciel plus doux confier tant de charmes.
Le Parthe du Tyran eft l'ennemi couvert,

Il vous offre un azile à vos ayeux ouvert.

Je puis de ce Palais ménager la fortie.
De ce premier peril une fois garantie,
A votre fûreté par tout je puis pourvoir.
MARIAMNE.

Obéiffez au Roi; c'est là votre devoir,

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Soëfime, & ne chargeant que moi de ma deffenfe,

Bb

Abandonnez un soin dont ma vertu s'offense.
De fes maux Mariamne envisageant le cours
De fa feule innocence attend tous les fécours.
Mais tournez vos efforts du côté d'Alexandre,
Et s'il fe peut du moins....

SCENE VII.

MARIAMNE, SOESME,

PHOE DI ME.

MARIAM NE.

AH! que viens-tu m'apprendre?

Parle, que fait mon Fils? je ne crains que pour lui. P HOE DIME.

Tout un Peuple en fureur le prend sous fon appui, Refte de tant de Rois qu'en lui chacun contemple. MARIAM NE.

Hé que prétendent-ils ?

PHOE DI ME.

Ils le menent au Temples

Et fans doute, Madame, aux pieds de l'Eternel
Vont fe lier entr'eux d'un ferment folemnel
Pour fauver de l'orage une tête fi chere,

Venger l'honneur du Temple, & les pleurs d'une
Mere;

Et ces grands intérêts entre leurs mains remis
Vont rejetter l'effroi parmi vos ennemis.

SCENE VIII.

MARIA MNE; SALOME; SOESME, PH OE DIME ALCIM E.

AL CIME.

J'Exécute à regret ce que l'on me commande;

Le Roi veut vous entendre & le Confeil vous mande.

MARIAMNE.

Hé. bien j'y vais montrer la fille de vos Rois,
L'héritiere du Sceptre. Inftruite de mes droits
Dans quelque extrémité que le fort m'ait reduite,
Je fçais que je ne dois compte de ma conduite
Qu'au grand Dieu d'Ifraël, qui prêt à me venger
Seul du haut de fon Trône a droit de me juger.
Je tiens de lui le mien, non de la tyrannie.
Mais parmi des foupçons indignes de ma vie,
Je dois à ma famille, à tout l'Etat, à moi,
Le foin d'en garantir & ma gloire, & ma foi,

Fin du quatrième Alte.

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