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Ce n'eft point au combat vos troupes animées
Ni vos propres efforts, c'eft le Dieu des Armées,
Le Souverain des Rois, le feul être immortel,
C'est le Dieu des Hébreux, celui de Jocabel,
A qui doit Ofarphis, fa gloire & fa défence:
Vos conquêtes, Seigneur, annonçoient fa puif-
fance,

Par lui les Nations ont péri fous vos coups:

Vous ferviez fes deffeins, il combattoit pour vous. OSARPHIS.

'Aron, qu'ofez-vous dire ?

AARON.

Ah! fur ce grand mystére, Si Jocabel & moi nous avons fçu nous taire, Si jufqu'à vous encor il ne s'eft point tranfmis;

Sur nos lévres, Seigneur, le doigt d'un Dieu fut mis;
Et cette vérité dont votre ame s'étonne

Pour le faire écouter vous attendoit au trône.
Et vous parlant du ton dont elle parle aux Rois,
Va dans un fi beau jour reprendre tous fes droits.
OSARPHIS.

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Du culte d'Ifraël j'ai percé les myftéres.
Je fçai de votre Dieu tout ce qu'ont dit vos Peres;
Que dans les tems marqués dans fes decrets divers,
Un feul mot de fa bouche enfanta l'Univers;
Fit mouvoir à fon gré fa puiffance fecrette;
Que la terre, dit-il, fe faffe, elle fut faite.
Le jour perça la nuit. Adoré des humains,
L'Aftre qui luit fur nous fut un jeu de fes mains;
Sa voix forma des cieux l'éternelle ftructure,
Et du fein du néant fit fortir la nature.

Mais de pareils difcours demandent d'autres tems:
Aron vous aura dit quels exploits éclatans,
Déja m'avoient foumis toute l'Etyopie
Sous quels débris fa gloire étoit enfevelie.
Scba de tant d'efforts le redoutable écueil,

Où des Rois mes ayeux s'alla brifer l'orgueil,
Seul efpoir de Tharbis s'eft rendue à mes armes
Prémices d'une paix qui finit tant d'allarmes.
Son hymen doit bien-tôt en ferrer les liens :
Je l'époufe, & le Ciel joint fes Etats aux miens;
Elle arrive en ces lieux & dans vos mains remise...
JO CABEL.

Aux vœux d'Amenophis depuis long-tems promise
Au joug d'un autre hymen croit-on la disposer?
OSARPHIS.

Sur la foi des traités on peut s'en repofer.
Dans votre appartement il eft tems de vous rendre.
Chargez.vous des honneurs qu'elle a droit de pré-

tendre.

Et moi fuivi d'Aron je vais dans cet inftant
Me préfenter aux yeux d'une Cour qui m'attend.
Heureux fi déplorant le trépas d'une mere
Je répands ma douleur dans les bras de fon frere!
JOCABEL.

Ah! craignez bien plûtôt que fes prétentions
Ne replongent l'Egypte en fes diffentions;
Qu'appuyé de Phanés fon aveugle imprudence
N'écoute trop un fang né pour l'indépendance.
OSARPHIS.

S'il croit avoir pour lui l'avantage des Loix,
L'Egypte en moi du moins voit le Fils de fes Rois:
C'eft peu que de leur Trône excitant mon audace,
L'Ombre de Thermutis y marque encor ma place,
Fier du débris pompeux de cent murs abattus

Un grand coeur peut compter fes droits par les ver

tus.

Fin du premier Acte.

C

ACTE II

SCENE I.

THARBIS, ISMENE.

THARBIS.

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'EST ici le Palais où je fus amenée
Où dans le doux espoir d'un augufte hyme-

née

D'une pompeufe Cour j'attachois tous les yeux.
Déja l'Egypte entiere en rendoit grace aux Dieux;
Mais chere Ifmene, hélas! la fortune contraire
M'enléva tout à coup cet efpoir & mon pere;
Son trépas imprévû changea tous les traités,
Et les troubles derniers en furent excités.

IS MENE.

Dans ce même Palais, ainfi donc la fortune
Jette encore à vos pieds une foule importune?
Le Ciel vous y destine aux honneurs fouverains;
Il vous unit au fort du plus grand des humains
Par vous cent Rois vaincus fortent de l'esclavage,
D'une éternelle Paix vous devenez le gage,
Lorfque de Thermutis en époufant le Fils...
THARBIS.

Tu ne me parles point encor d'Amenophis.

'A l'offre de fa main crois-tu que destinée,
On difpofe de moi quand je me fuis donnée;
Que bravant leur pouvoir tant de fois attefté,
Je démente les Dieux qui me l'ont présenté?
Me voici dans Memphis : j'ignore encore Ilmene
Ce qu'y prétend de moi le Deftin qui m'amene;
Mais du moins ne crois pas que mon cœur combattu】
Jufqu'à trahir ma gloire abaisse ma vertu.

Quelques maux que fouvent un noble orgueil s'apprête,

On ne m'obtiendra point à titre de conquête.
Je fçaurai m'affranchir d'un injufte pouvoir,
Et ne connoître ici de loi que mon devoir.
Ne crois pas toutefois qu'un aveugle caprice
Aux exploits d'Ofarphis faffe quelque injuftice;
Que mes reffentimens regnent affez fur moi
Pour ne lui rendre pas tout ce que je lui doi.
Toi-même juge mieux du trafport qui m'anime.
La haine en moi pour lui n'ôte rien à l'estime.
Cette même fierté, pour te dire encor plus,
S'applaudit de fa gloire, & croît par fes vertus.
ISMENE.

A l'hymen d'Ofarphis par le fort réservée,
Songez que fur fes pas dans Memphis arrivée,
Le Héros doit bien-tôt vous conduire à l'Autel.
Qu'attendez-vous ? du moins paffez chez Jocabel.
THARBIS.

J'y confens; mais envain tout fléchit devant elle,
Ne crois pas qu'en ces lieux foumife à fa tutelle,
J'aille lui déférer par delà mon devoir.

SCENE I I.

THARBIS, OSARPHIS,
ISMEN E.

OSAR PHI S.

UN Peuple impatient brûle de vous revoir,

Madame, & fon amour vous place au rang fuprêmer
Mais je ne veux devoir votre main qu'à vous-même.
Ainfi que dans Seba, maîtreffe dans Memphis,
C'eft à vous d'ordonner du deftin d'Ofarphis.
THARBIS.

De tels difcours, Seigneur, ont droit de me furprendre.

Par tout ce que je vois j'ai peine à les comprendre.
Le fort qui fur vos jours jette un nouvel éclat,
Ne me livre en ces lieux qu'en victime d'Etat.
Du Fils de Thermutis je fçai quelle eft la gloire.
Mais eût-il à fon char enchaîné la victoire,
Cette gloire pour moi n'eft qu'un titre odieux
S'il ne faut confulter ni Tharbis, ni les Dieux.
OSARPHIS.

Madame, à votre hymen le Ciel vient de foufcrire.
C'eft lui feul qui vous ouvre un chemin à l'Empire,
Et vous devez laiffer aux vulgaires Amans
Le foin de confulter ces fecrets fentimens,
Ces penchans dont fouvent le retour eft funefte.
Le deftin nous unit: la vertu fait le refte.

THARBIS.

Et c'eft cette vertu qui dans les changemens
D'un cœur tel que le mien régle les mouvemens;
Qui dans le trifte état où le Deftin me livre,

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