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Seule me preferira les loix que je dois fuivre.
Si ma main tient fa place entre vos interêts,
C'est un don de ce cœur & non point de la paix :
Je compte en rougiffant tout ce qu'on en raconte,
Et de mes fentimens s'il faut vous rendre compte,
S'il faut me déclarer, je dépens de ma foi,
Aucun refpect forcé ne peut agir fur mo

Mon devoir m'eft prefcrit & ma gloire m'eft chere,
Toujours devant les yeux j'ai les confeils d'un pere,
Tous les droits de fon fang qui m'étoient confiés,
J'ai fon ombre, fes Dieux: voilà mes alliés.

OSARPHIS.

Elle fort.

C'eft de ce même orgueil qu'excite fa naissance,
Que j'efpere....

SCENE I I I.

OSARPHIS, ISMENE, ASAPH.

ASAPH.

Seigneur, le Grand-Prêtre s'avance ;

Devant lui d'Ofiris marche l'augufte Loi.
Tout un Peuple le fuit & demande fon Roi.
C'en eft fait, vous montez au trône de vos Peres.
OSARPHIS.

Si j'en recueille, Afaph, des dépouilles fi cheres,
C'eft pour mieux affermir & leur fang & leurs droits.

ASAPH.

Seigneur, voici Phanés.

SCENE IV.

OSAR PHIS, PHANE'S, ASAPH, Agtans de la Cérémonie.

PHANE'S.

DIgne Fils de nos Rois

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La mort de Thermutis, & nos Loix fouveraines
De fes vaftes Etats, te remettent les Rênes.
Mais de la Royauté quand tu ceins le Bandeau,
Autant que fa fplendeur connois-tu fon fardeau ?
Ne crois pas qu'abufés du pouvoir qu'elle donne
Tous les cœurs à l'envi volent autour du Thrône,
Ni que le Ciel au Sceptre attache un bien fi doux,
C'eft fouvent un préfent que nous fait fon courroux
A ce fuperbe joug mefure au moins tes forces.
La Couronne n'a plus de puiffantes amorces,
Pour qui de mille foins juftement combattu,
Veut autant que fes droits confulter fa vertu.
Je vais te revêtir de la grandeur fuprême.
Maître d'un Peuple entier, deviens-le de toi-même.
Songe que l'équité doit régler tes confeils;
Qu'entre ton peuple & toi les devoirs font pareils ;
Que le Ciel vous a fait dépendre l'un de l'autre.
Ta puiffance te lie, & ton droit eft le nôtre,
Et cet ordre facré d'une immuable loi,
Ne peut agir fur nous, s'il ne regne fur toi.
Il doit te rendre tel que l'Egypte l'efpere.
Tu n'en es point le Roi, fitu n'en es le
Et pour en réunir les titres glorieux,

pere,

Tiens à nous d'une main & de l'autre à nos Dieux.

Voilà le Livre faint, c'eft la Loi de l'Empire,
Où de ces mêmes Dieux la Majefté respire,
Où leur efprit repofe & fe plaît d'habiter
Jure-moi d'y foufcrire & de l'exécuter.

OSAR PHIS.

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Oui, par le Ciel auteur de nos deftins profperes;
J'efpere d'obéir à la Loi de mes Peres:

Je fçai que le premier je dois m'y conformer.
PHANE'S.

Selon l'ufage au Temple il faut le proclamer.
Mais pour le faire encor fous de plus faints auf-

pices;

Pour rendre à tes projets les Dieux toujours propices,

Daigne entendre nos cris ; un Hebreu dans ces murs,
Enfant d'un Peuple vil, & d'efclaves obfcurs,
Y doit de fa valeur confacrer la mémoire,
Et de fa Nation y rélever la gloire,

Humilier l'Egypte, & par de grands exploits
Marcher impunément fur la tête des Rois:
Avec lui de fon Dieu, tel fut, dit-on, le pacte.
Ordonne qu'on en fafle une recherche exacte,
Que les jours immolés diffipent notre effroi.
Voilà ce que ton peuple exige encor de toi.
Par ce fanglant tribut viens confirmer ta gloire,
Et fatisfaire aux Dieux auteurs de ta victoire.
OSARPHIS.

Je fçai que fur la foi des Prêtres d'Ofiris,
D'une vaine frayeur Pharaon fut furpris.
Une fanglante loi par lui-même ordonnée,
De tout Hebreu naissant tranchoit la destinée
Et tel, dont la pitié l'eut fouftrait à la mort,
Sur lui, fur tous les fiens en détournoit le fort.
Le Nil vit en courroux dans fes flots moins perfides,
Les Peres & leurs Fils devenir homicides ;
Une Mere éperdue à ces objets nouveaux,

D'une tremblante main les plonger dans les eaux.
Un peuple tout entier cédoit à fa disgrace.
Et c'étoit en effet en éteindre la race,

Si bien-tôt Pharaon rejettant ses terreurs,
N'eut lui-même arrêté le cours de tant d'horreurs.
Et qu'a fait Ifraël à fes fuperbes Maîtres ?
Ne fe fouvient-on plus de l'un de fes ancêtres,
Que jadis parmi nous le fort avoit jetté

Entre Hebron & Sichem jeune efclave acheté ?
Que ne peut la vertu dans le cœur qu'elle infpire!
Il approcha vos Rois, il gouverna l'Empire,
D'une longue famine il détourna le cours.

Hé, quel fut pour les fiens le prix de fes fecours!
On n'a point encor mis de bornes à leurs peines.
L'injufte autorité les accabla de chaînes,
Elle aigrit leur mifere, à des tourmens nouveaux
Ajoûta le mépris pire que les travaux.

Mais dans leurs maux toujours quelque espoir se re

trouve,

Et tout femble fervir un Dieu qui les éprouve:
Sans que la main qui tient chacun d'eux abattuj
Tente leur patience ou laffe leur vertu.

PHANE'S.

Toi-même contre toi quelle pitié t'infpire ?
Parmi ce peuple enfin ton ennemi refpire.
A l'ombre de ce Trône en fecret élevé,
C'eft peut-être en ton fein que tu l'as confervé.
OSARPHIS.

Le Dieu du Ciel, ce Dieu qui marche fur les nuës
Ouvre à tous fes confeils des routes inconnuës.
Dès qu'il voudra fauver cet Hebreu du trépas,
Par quels efforts, comment l'arracher de fes bras?
Le Ciel d'ailleurs veut-il de pareils facrifices?
Quoi, de monregne ici, ce feroient les prémices:
Sur la foi d'un Oracle ardent à m'engager
Dans le fang innocent je pourrois me plonger!

PHANE' S.

Des Dieux dans leurs decrets refpecte la colere.
Garde-toi de vouloir en percer le mystére.
Songe, dans le pouvoir dont ils t'ont revêtu,
Que le crime les fert autant que la vertu.
OSARPHIS.

Ne fonde point ici la Sageffe éternelle,
Et d'accord avec toi, fi ce n'eft avec elle;
Miniftres des Autels, c'eft à toi de fçavoir
Qu'elle eft de tes pareils la gloire & le devoir.
Ce n'eft point fur leurs pas que l'orage doit naître,
A l'efprit feul de paix ils fe font reconnoître ;
Un zéle toujours pur animant leurs projets,
Doane aux Rois des leçons & l'exemple aux Sujets.
De tes deffeins, crois moi; j'entrevois le mystére,
quant à cet avis que tu crois falutaire,

Et

Sans en faire l'objet d'un plus long entretien,
Je ferai mon devoir; fonge à remplir le tien.
PHANE'S.

Ah! je fçaurai du moins prévenir ta vengeance.

SCENE

V.

AMENOPHIS; PHANE'S.

PHANE'S.

Ui, Prince, tout dépend de notre intelligeną

ce;

Et fans doute Ofarphis prêt à nous foupçonner,
A quelque coup d'éclat peut fe déterminer.
Vous fçavez de quel œil lui-même il envisage
Cet avis de nos Dieux, ce terrible préfage....

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