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AMENOPHIS.

Je refpire, Phanés. Ton zéle & tes fecours
Sçauront de mes malheurs interrompre le cours.
Ah! fans prendre pour loix fon rang ni fon audace
Va de l'Oracle au peuple annoncer la menace.
Le peuple en fon effroi ne connoit plus de frein:
De l'injufte Ofarphis peins-lui le cœur d'airain,
Ofe-lui donner même une ame Ifraëlite.
Et moi de mes amis j'affemblerai l'élite.
Du moins je puis au nombre opposer la vertu.
L'efpoir dans un grand cœur ne peut être abattu¿ `]
Et ces extrémités dont tu me peins l'image,
Avec elles toujours portent leur avantage.
Non, qu'en aveugle ici je cherche à m'expofer;
Mais on peut tout,Phanés,quand on peut tout ofer.
PHANE'S.

Le fuccès 'ne dépend que de votre prudence....
Vous connoiffez la Cour, combien fa dépendance...
AMENOPHIS.

De l'orgueil d'Ofarphis déja la Cour se plaint.
Autant qu'elle l'admire, autant elle le craint.
Trop de gloire lui pefe, & laffant fon hommage
D'un pouvoir tyrannique offre à fes yeux l'image.
Que fçais-je ? fous ce joug qu'elle porte à regret.

Peut-être mon malheur l'attendrit en fecret.
Tout doit favorifer le zéle qui le preffe.
PHANE'S.

Le Ciel vous affûra des vœux de la Princeffe :
Moi-même ici pour vous j'en reçus les fermens:
On fçait quel noble orgueil entre ses sentimens
Quelles hautes vertus Tharbis eut en partage,
Elle eft chez Jocabel, fans tarder davantage,
Seigneur, il faut le voir.

AMENOPHIS.
Oferois-je penfer

Qu'entre le Trône & moi fon cœur pût balancer?

PHANE'S.

PHANE'S.

N'en doutez point, fidele à fa premiere flame... Mais la voici, Seigneur, je vous laiffe.

SCENE V I.

THARBIS, AMENOPHIS.

AMENOPHIS.

AH! Madame,

Quel que foit le traité qui vous offre en ces lieux,
Je ne puis vous y voir fans rendre
Mes pleurs,

larmes

grace aux Dieux. mon défespoir, mes regrets, mes al

Dans ce moment tout céde au pouvoir de vos char

mes:

J'en oppofe l'afpe&t au deftin irrité. Mais, hélas! Jocabel a-t-elle mérité D'être de vos projets feule dépofitaire ? Cet hymen que rompit la mort de votre Pere, Ne vous a-t-il de moi laiflé nul fouvenir? De mes propres malheurs venez-vous me punir? L'excès de mon bonheur excita feul l'orage. Mes cruels ennemis en prirent trop d'ombrage: Au bruit de cet hymen on les vit éperdus, Ils craignirent vos droits dans les miens confondus; Ah! de quels déplaisirs j'ai fenti les atteintes ! Ce Palais doit encor retentir de mes plaintes. Aux Autels de nos Dieux mes cris furent portés :,, J'implorai leur juftice & l'honneur des traités; J'ofai femer le trouble & crus dans ma difgrace Pouvoir de mes amis intéreffer l'audace. Mais je fus jufques-là perfecuté du fort,

D

O

On on ne ne permit point d'aller chercher la mort,
Ni de remettre un coeur dans les bras de la gloire
Plein de mon defefpoir & de votre mémoire.
THARBI S.

Prince, raffûrez-vous. Je n'ai point oublié
Par quels fermens mon cœur au vôtre étoit lié.
Les Dieux dans mon malheur foutiennent mon cou-

rage,

Et pour les conjurer d'achever leur ouvrage,
De joindre nos deftins par des nœuds immortels,
Tharbis alloit au Temple embraffer leurs Autels.
Je n'aurai point en vain imploré leur puissance;
Ils m'ont déja rendu le prix de ma conftance.
Je vous revois, Seigneur, & moi-même je puis
Expofer devant vous ma flâme & mes ennuis.
L'un de l'autre écartés, combien dans mes allarmes
Vos deffeins, vos périls m'ont arraché de larmes !
Si c'eft par les tourmens que fe maintient la foi,
Nos devoirs font remplis. Contre vous, contre moi
J'ai vu par des fuccès qu'à peine on pourroit croire,
S'élever l'injuftice & même la victoire.

J'ai vu l'Ethyopie & fes Rois réunis,
Efclaves en fecret du Fils de Thermutis,
Et toujours à fon gré terminant leur querelle,
N'en affärer pour moi qu'une paix plus cruelle;
On m'en fait la victime; un pouvoir fouverain
Comme de mes Etats difpofe de ma main.

Par mon Pere, Seigneur, elle vous fut promise.
D'un Héros tel que lui la gloire en moi transmise,
Rendant d'un fang fi cher les nœuds encor plus
faints,

Comme aux Arrêts des Dieux m'attache à fes def-
feins :

Çue le fuccès en foit favorable ou funefte,

Je les fuivrai, Seigneur, & vous charge du refte.

AMENOPHIS.

Ah! vos moindres défirs font des ordres facrés,
Madame, & c'eft affez qu'ils me foient déclarés.
Ils m'ouvrent vers la gloire une route éclatante.
Commandez, & je vais répondre à votre attente.
Ou par un beau trépas terminant mes malheurs,
Au prix de tout mon fang juftifier vos pleurs.
Maís, que dis-je, à travers tant d'injuftes querelles,
Au fang de Sefoftris des cœurs encor fideles,
Scauront, n'en doutez point, feconder votre foi.
Mes droits vous font connus, & Phanés eft pour
moi.

Miniftre de nos Dieux, il approuve ma flâme.

Vous vous rendez au Temple, il y fera, Madame,
Et le peuple appellé doit l'y fuivre à grands flots.
Non, que Phanés fe prête à d'injuftes complots.
Un plus noble motif le conduit & l'infpire.
Il s'agit du falut des Dieux & de l'Empire,

De ce grand jour enfin quels que foient les apprêts...
THARBIS.

Ecoûtez-moi, Seigneur, vous agirez après.
Vous fuivrez les tranfports de cette illuftre haine.
Dans les murs de Memphis le deftin me ramene,
J'y fuis, tous vos malheurs, l'état où je vous voi
Sont les titres facrés, les garants de ma foi.
La piété, l'amour, mon devoir & ma gloire,
Tout parle ici pour vous, & vous devez m'en croire.
Mais de mon fort auffi, l'afcendant inhumain
En vous donnant mon cœur fufpend encor ma main.
Il eft vrai que Tharbis, quoi que la paix ordonne,
pouvant être à vous ne doit être à perfonne.
Mais il vous faut regner, & le Trône est l'Autel
Où je puis confirmer cet amour immortel,
Autorifez la foi que je vous ai donnée

Ne

L'Amour feul peut luter contre la Deftinée.
Et le Trône aux grands cœurs de fi beaux feux épris

Doit en être l'objet, s'il n'en eft pas le prix ?
Aux yeux de l'Univers lui feul me justifie :
Irois-je en fes projets troublant l'Ethyopie
Pour fruit de tant d'efforts, vil fpectacle aux humains,
Saas Sceptre & fans Etats me remettre en vos mains ?
Cet Empire jaloux de fa premiere gloire,

Des Héros de ma race aime encor la mémoire,
Sur fon Trône affermi par leurs bras redoutés,
Me verroit avec joye affife à vos côtés.
Ofez tout pour fixer fon bonheur & le nôtre :
Allez, poursuivre l'un, je vous réponds de l'autre.
Où ce cœur par ma main percé de mille coups,
Prononcera bien-tôt entre Ofarphis & vous.

A

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AMEN OPHIS feni..

H! d'un zéle fi beau je dois du moins l'exem

ple.

Allons...

SCENE VIII.

AMENOPHIS, PHANE'S.

Prince, venez, & rendez-vous au Tem

Venez, j'ai differé d'y proclamer le Roi;
Et du pied des Autels emû d'un faint effroi,
Au Peuple qui du Temple inonde les portiques,
J'ai rendu les fecrets de nos faftes antiques;
Dit que prêt à fubir le joug d'un Etranger.

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