Toi feul lui peux donner dans fes profperités Il eft tems que ta main d'un raion de lumiere Terre tremble à sa voix ! Mer fuis à fon afpe&. portes. Des fideles Hebreux les vaillantes cohortes, D'une brigue infolante étouffer les complots; Déja pour le juger tout le Confeil s'affemble... Mais, Madame, en ces lieux nous voici feuls enfemble. Il en eft tems, daignez m'apprendre mon deftin. Je l'ai promis, il faut vous fatisfaire enfin. vous touche Cette augufte demeare... OSARPHIS. Achevez cet aveu. JOCABEL. Ne vous ont point vû naître, & vous êtes Hebreu. OSARPHIS. Moi, jufte Ciel, Hebreu! comment de ma naissance Qu'on remit mon enfance en des bras étrangers? Dans leur efpoir, Seigneur, tous nos Hebreux trou blés, Sous le poids des travaux gemiffoient accablés. Depuis long-tems déchûs de l'état de leurs Peres, L'Eternel en pitié regarda leurs miferes, Quand tout à coup un Prêtre, un Ministre odioux Vint trouver Pharaon, lui fit parler fes Dieux. D'une race étrangere un Enfant vient de naître, "Que cet Empire un jour reconnoîtra pour Maître, ,,A fes pieds il verra tous les peuples tremblans. Il dit, delà quel trouble & quels Edits fanglans? Touché de nos malheurs votre vertueux Pere; Ce n'eft qu'en toi, dit-il, que tout un peuple espere, Ce n'eft que de toi feul qu'il attend fon fecours, Grand Dieu! de tant d'horreurs daigne arrêter le cours. Dieu lui parut en fonge émû de fa difgrace. Tes vœux feront comblés, ce fera de ta race Quelle reffource, ô Ciel! contre un dur esclavage? Les yeux Prefque à fes pieds, Seigneur, le flot vous apporta: O furprife! ô prodige ! & quel heureux transport JOCABEL. Jufques au bout, Seigneur, daignez m'entendre, Amenophis encor n'avoit pas vû le jour. Thermutis déroba ce fecret à la Cour; Perdit alors un fils & vous mit à sa place, Pharaon crat en vous voir revivre fa race J'ai dû parler., Seigneur, vous fçavez tout le refte.. Ah! Madame, achevez. Du moins vous pouvez voir Que fur moi vos difcours ont un fecret pouvoir, JOCABEL. Moyfe eft votre nom, vous fortez de Levi. OSARPHIS.. De ceux à qui je dois le jour,. Le fort,fans doute, avoit place en votre mémoire, JOCABEL. Ils ont vêcu contens, ils voyoient votre gloire ; D'une mere éplorée, un Dieu foutint l'espoir.. OSAR PHIS. Je fens que mon bonheur dépendroit de la voir :: Et fans plus me laiffer dans mon erreur premiere, Hélas!vit-elle encore ? JOCABEL Elle voit la lumiere.. OSARPHIS... C'est trop me dérober à des objets & doux. ....... JOCABE L. Le Ciel de fes deffeins jufques-là fut jaloux; Et ces mêmes parens, du jour qu'il vous fit naître, Dans un Fils tel que vous n'ont dû voir que leur Maître. OSARPHIS A leur amour du moins tout accès fut permis? Plus vous leur fûtes cher, plus ils étoient foumis. 'Ah! grand Dieu ! dans l'éclat d'une pompe trop fiere › Peut-être fans pitié j'ai pû voir leur mifere. JOCABEL, Seigneur , aux honneurs par vous-même Non élevé, Votre pere... OSAR PHIS. Le prix de fa vertu, celui de fa tendresse ? JOCABEL. Sur vous, fur vos deffeins fes yeux s'ouvroient fans ceffe. OSARPHIS Enfin, puis-je le voir!· JOCABEL O refpects furperflus !! Que dites-vous?& Ciel ! JOCABEL. Votre pere n'eft plus. Quel coup l'a pu ravir! & d'où naissent vos larmes ? Lui-même à vos côtés fubit le fort des armes. OSAR PHIS |