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Toi feul lui peux donner dans fes profperités
Le goût de la fageffe & de tes vérités.

Il eft tems que ta main d'un raion de lumiere
A fes hautes vertus ouvre une autre carriere;
Que fauvé par tes foins de tant d'écueils divers,
Il annonce ton nom, ta gloire à l'Univers;
Que confondant ces Dieux que l'erreur a fait naître,
La nature en toi feul reconnoiffe fon Maître,
Au Dieu feul de Jacob déclare fon refpect.

Terre tremble à sa voix ! Mer fuis à fon afpe&.
Et toi Ciel! devant lui fous fa main fouveraine
Rentre dans le néant d'où tu ne fors qu'à peine.
Mais mon Fils vient, prends garde, & que de nos dif-

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portes.

Des fideles Hebreux les vaillantes cohortes,
Défendent ce palais, tout eft en sûreté.
Le Temple eft invefti, le Prince est arrêté.
Contre tout Ifraël, m'en croirez-vous, Madame ?
On alloit employer & le fer & la flâme.
Dans le fecret le coup devoit être conduit
Le jour eût révelé les horreurs de la nuit.
De nos divifions à l'Egypte funeftes,
La mort d'Amenophis va diffiper les reftes;

D'une brigue infolante étouffer les complots;
Et doit de tout l'Etat affermir le repos.

Déja pour le juger tout le Confeil s'affemble... Mais, Madame, en ces lieux nous voici feuls enfemble.

Il en eft tems, daignez m'apprendre mon deftin.
JOCABEL.

Je l'ai promis, il faut vous fatisfaire enfin.
Le Ciel même l'ordonne, & parle par ma bouche.
Ces murs; Seigneur, ces murs dont l'asped feul

vous touche

Cette augufte demeare...

OSARPHIS.

Achevez cet aveu.

JOCABEL.

Ne vous ont point vû naître, & vous êtes Hebreu.

OSARPHIS.

Moi, jufte Ciel, Hebreu! comment de ma naissance
A-t'on på fi long-tems cacher la connoissance ?
Eft-ce pour me ravir à de mortels dangers

Qu'on remit mon enfance en des bras étrangers?
Mais d'où vient tout à coup que votre ame eft émûe,
Qu'étouffant vos fanglots, levant au Ciel la vûe ...
JOCABEL.

Dans leur efpoir, Seigneur, tous nos Hebreux trou

blés,

Sous le poids des travaux gemiffoient accablés. Depuis long-tems déchûs de l'état de leurs Peres, L'Eternel en pitié regarda leurs miferes,

Quand tout à coup un Prêtre, un Ministre odioux Vint trouver Pharaon, lui fit parler fes Dieux. D'une race étrangere un Enfant vient de naître, "Que cet Empire un jour reconnoîtra pour Maître, ,,A fes pieds il verra tous les peuples tremblans. Il dit, delà quel trouble & quels Edits fanglans? Touché de nos malheurs votre vertueux Pere;

Ce n'eft qu'en toi, dit-il, que tout un peuple espere, Ce n'eft que de toi feul qu'il attend fon fecours, Grand Dieu! de tant d'horreurs daigne arrêter le

cours.

Dieu lui parut en fonge émû de fa difgrace.

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Tes vœux feront comblés, ce fera de ta race
"Que naîtra cet Enfant à l'Égypte prédit.
De joye & de douleur il demeure interdit.
Dieu confond les projets de la prudence humaine
A la foi la plus fimple, heureux qui fe ramene!
Chargé de mille vœux & de pleurs arrofé
Sur le Nil au berceau vous fûtes expofé.

Quelle reffource, ô Ciel! contre un dur esclavage?
Mais Thermutis alors parut fur le rivage.

Les yeux
de la Princeffe erroient de toutes parts.
Dieu, fur votre berceau détourna fes regards.
Elle en pouffa des cris, trembla pour votre vie.
D'ordres preffans bien-tôt fa pitié fut suivie,
Et parmi les périls que le Ciel'écarta

Prefque à fes pieds, Seigneur, le flot vous apporta:
Thermutis dans fes bras long-tems vous envisage,
Et de vos grands deftins crut lire le préfage.
Mes yeux jufques alors n'avoient pû vous quitter;
Moi-même à Thermutis j'ofai mé préfenter,
Et le Ciel de vos jours confirmant la défence,
Voulut que dans mes bras on remît votre enfance.
OSARPHIS.

O furprife! ô prodige ! & quel heureux transport
Jufque là vous pouvoit attacher à mon fort?
A quoi dois-je imputer ce mouvement si tendre?
D'où vient...

JOCABEL.

Jufques au bout, Seigneur, daignez m'entendre, Amenophis encor n'avoit pas vû le jour.

Thermutis déroba ce fecret à la Cour;

Perdit alors un fils & vous mit à sa place,

Pharaon crat en vous voir revivre fa race
Et bien-tót fecondant les vœux d'un peuple entier,
De l'Egypte après elle il vous fit l'heritier.
La victoire depuis dévançant vos anneés,
De l'Empire en vos mains remit les destinées.
Sans les troubles cruels dont l'Etat eft rémpli,,
Ce fecret languiroit dans l'ombre enseveli:
Mais il faut écarter un orage funefte,

J'ai dû parler., Seigneur, vous fçavez tout le refte..
OSARPHIS..

Ah! Madame, achevez. Du moins vous pouvez voir

Que fur moi vos difcours ont un fecret pouvoir,
Et rien n'eft au-delà de ma reconnoiffance.
Mais de plus de clartés enfin fur ma naiffance,
Ce fecret entretien devroit être fuivi...

JOCABEL.

Moyfe eft votre nom, vous fortez de Levi.
Mais parmi nous le fang n'établit point nos Maîtres,
Nous comptons les vertus & non pas les ancêtres.--
D'ailleurs notre esclavage en ce cruel féjour,
Ne permet point...

OSARPHIS..

De ceux à qui je dois le jour,.

Le fort,fans doute, avoit place en votre mémoire, JOCABEL.

Ils ont vêcu contens, ils voyoient votre gloire ; D'une mere éplorée, un Dieu foutint l'espoir.. OSAR PHIS.

Je fens que mon bonheur dépendroit de la voir :: Et fans plus me laiffer dans mon erreur premiere, Hélas!vit-elle encore ?

JOCABEL

Elle voit la lumiere..

OSARPHIS...

C'est trop me dérober à des objets & doux.

.......

JOCABE L.

Le Ciel de fes deffeins jufques-là fut jaloux;

Et ces mêmes parens, du jour qu'il vous fit naître, Dans un Fils tel que vous n'ont dû voir que leur Maître.

OSARPHIS

A leur amour du moins tout accès fut permis?
JO CABEL..

Plus vous leur fûtes cher, plus ils étoient foumis.
OSARPHIS.

'Ah! grand Dieu ! dans l'éclat d'une pompe trop fiere ›

Peut-être fans pitié j'ai pû voir leur mifere.

JOCABEL,

Seigneur , aux honneurs par vous-même

Non

élevé,

Votre pere...

OSAR PHIS.
Qu'entends-je! auroit-il retrouvé

Le prix de fa vertu, celui de fa tendresse ?

JOCABEL.

Sur vous, fur vos deffeins fes yeux s'ouvroient fans

ceffe.

OSARPHIS

Enfin, puis-je le voir!·

JOCABEL

O refpects furperflus !!
OSARPHIS.

Que dites-vous?& Ciel !

JOCABEL.

Votre pere n'eft plus.
OSARPHIS.

Quel coup l'a pu ravir! & d'où naissent vos larmes ?
JO CABE L.

Lui-même à vos côtés fubit le fort des armes.

OSAR PHIS

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