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OSARPHIS.

J'ai dû vous reconnoître à vos feules vertus.

Mais les momens font chers. Ecoutez l'un & l'autre.
Je porte dans mes mains mon deftin & le vôtre.
Le Très-Haut m'a parlé, fa redoutable voix
De la nature encor trouble ou fufpend les loix.
Ce n'eft point un phantôme, une ombre qui s'efface,
Un fonge, c'étoit lui, je l'ai vu face à face.

Son afpect n'eft point fait pour les foibles humains.
L'Eclair eft dans les yeux, la foudre dans fes mains,
Et j'ai vu fur fon front l'Eternité terrible.

C'étoit fur le fommet d'un mont inacceffible.
Son Trône étoit en flame & fans fe confumer,
D'un feu toujours nouveau fembloit se r'allumer.
Va, pars, & d'Ifraël par de nouveaux miracles
Confirme, il en eft tems, la foi de mes Oracles.
C'eft toi que j'ai choisi pour annoncer ma loi.
La terreur & la mort marcheront devant toi.
Deja de ma justice attendant les victimes,
La terre ouvre fon fein, & la mer fes abîmes.
Des arides rochers voi jaillir les torrens

Et

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par tout devant toi les dons du Ciels s'offrans. De ce peuple d'élûs la gloire t'eft remife, Ouvre lui Canaan cette terre promise Lieux facrés, que déja dévoroit fon espoir Et que Jacob mourant n'avoit fait qu'entrevoir. Il dit, & devant moi fur deux auguftes Tables J'ai vu le déployer ces arrêts redoutables, Ces préceptes tracés d'une immortelle main, Qu'il grava dans nos cœurs bien plus que fur l'airain Monumens comme lui d'éternelle durée. J'ai même recueilli de fa bouche sacrée, i L'ordre & l'enchaînement de ces décrets divers, Formidables tréfors d'un voile affreux couverts! JOCABE L.

O combien de raifons d'efperer & de croire !

Dieu lui-même à nos yeux vous couvre de fa gloire.
Sa préfence s'annonce à ces traits de fplendeur,
Et parmi nous, mon fils jette une fainte horreur.
AARON.

Seigneur, car dans l'état où je vous confidere,
Il ne m'eft plus permis de vous nommer mon frere,
Entre le Ciel & nous, arbitre glorieux...
OSAR PHIS.

Le deffein en eft pris. J'abandonne ces lieux.
Dans ce départ, Madame, où l'Eternel m'engage
De fa faveur en vous je vais fauver le gage.
Je vais vous délivrer d'un injufte pouvoir,"

Et vous rendre en des lieux plus chers à votre espoir.
JOCABEL.

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'Ah! c'eft de trop de foin que votre amour m'honore.
Partez. Sauvez-vous feul, il n'eft pas tems encore,
Mon fils, que Jocabel s'écarte de ces lieux;
Et c'eft affez pour moi que vos jours précieux
A Dieu feut confiés, dans une autre contrée,
Se trouvent à l'abri de fon aile facrée.
Laiffez-moi des Hebreux partageant les deftins,
Etre un garant pour eux de vos fecours certains,
Soutenir leur efpoir parmi tant de miferes,
Efclaves dans l'Égypte, & toutefois nos freres.
OSARPHIS.

Du falut d'Ifraël fiez-vous à ma foi‚ ̈ ̈

Et laiffez ce fecret entre le Ciel & moi.

Il eft tems qu'en ces lieux fon ordre s'accompliffe,
Madame, il m'a remis le glaive & la juftice.
C'eft par-là qu'en quittant les remparts de Mem-
phis,

C'eft à moi d'ordonner du fort d' Amenophis,

Et mettant dans l'Egypte un terme à nos difgraces,
J'y dois de ma fortie au moins laiffer des traces
Dignes de mes destins & d'un projet fi haut,
Et déja.

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I

SCENE III.

OSAR PHIS, JOCABEL,
ASAPH..

ASAPH.

Tout eft prêt, le trône & l'échafaut.

Le fer brille par tout, & Memphis allarmée,
Dans fes Places déja voit les Chefs de l'Armée..
Une nombreuse Garde occupe le Palais.

OSARPHIS.

Non, ma juftice, Afaph, n'admet plus de délais ;
Qu'Amenophis éprouve un fort qu'il doit attendre..
Mais avant tout, je veux & le voir & l'entendre.
Il s'agit de ma gloire & des droits les plus faints.
Asaph fort..

Va le chercher, cet ordre importe à mes deffeins..

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NE perdons point de tems, & fous votre con+

duite,

Aron, que cette nuit tout foit prêt pour la fuite,,
Que ma Garde s'affemble autour de l'étendart,
Et vole fur nos pas au fignal du départ.

Je fçaurai vous fouftraire au tumulte des armes,,
Madame, on vient. Allez.

Ciel!

JOCABEL en s'en allant
Toi! pardonne à mes larmes..
Gül,

SCENE V.

AMENOPHIS, QSAR PHIS*, ASAPH,PAMENE, GARDES,

AME NOPHIS.

Ans ta vengeance un babare pouvoir

Me réfervoit encor la douleur de te voir.
Ce trait, ce dernier trait le fruit de ta victoire,
Manquoit à mon fupplice auffi-bien qu'à ta gloire.
Prêt à fubir le coup par toi-même ordonné
Tu veux voir fije porte un vifage étonné.
Tu veux que dans l'éclat d'une pourfuite ouverte
Je puiffe comparer ton triomphe & ma perte.
OSARPHIS.

Ne crois pas qu'abufant ici de mon pouvoir
Ce foit pour t'infulter que j'ai voulu te voir.
Je fçaurois affranchir d'une indigne colere,
Même en te puniffant refpecter ta mifere,
Juge mieux, tu le dois, de mon inimitié.
A MENOPHIS.

Epargne-moi ta plainte, encor plus ta pitié.
Laiffe-moi fans tarder fubir ma destinée.
De toutes les horreurs qui l'ont environnée
Celle-ci réunit tous les maux differens,

Et le plus grand fupplice eft l'aspect des Tyrans.
J'ignore fi ma mort va t'affûrer l'Empire; p
Mais ce qui me confole au moment que j'expire,
Les Dieux n'ont point encor confirmé ton projet,
Je mourrai ta victime & non pas ton fujet.

* Ofarphis doit garder un milieu dans les tons qu'il doit prendre dans cette Scene, attendu que son parti eft pris interieurement de remettre le sceptre à Amenophis.

OSARPHIS.

Je vois à ta fierté le fang qui t'a fait naître,

Mais toi-même à ton tour tu dois mieux me connoi

tre.

Qu'on amene Tharbis.

AMENO PHIS.

Tharbis? dans ton courroux Barbare, tu crois donc mon fupplice trop doux ? Et que foulant aux pieds & mes droits & ma gloire, Ma mort ne fuffit pas pour fouiller ta victoire? Sans refpecter ni fang, ni vertu, ni beauté, Veux-tu d'un fang plus cher nourrir ta cruauté? Et que dans ce palais conduite en criminelle, Au mépris des Heros qui revivent en elle,

La Princeffe.. mais Dieux! elle vient. La voici.

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OSARPHIS.

De fon fort & du tien tu vas être éclairci.

SCENE V I.

OSARPHIS, AMENOPHIS, THARBIS, PHANE'S, ISMENE, ASAPH,

Que

GARDES.

THARBIS..

Uelle profane main me conduit & m'entraine?
PHANE S.

Barbares, arrêtez. Refpedez votre Reine.

THARBIS.

Te revois-je cher Prince? Et quels font mes mal

heurs,

Si ta vue eft pour moi le comble des douleurs ?
Encor fi dans l'état où le Ciel nous r'affemble

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