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Il ne m'offroit à toi que pour mourir ensemble.
Et toujours entre nous partageant fes rigueurs,
Uniffoit nos tourmens comme il a fait nos cœurs?
Que fans donner de borne au courroux qui l'enflâ--

me

Le Tyran...

OSARPHI S.

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Ileft tems de vous montrer, Madame
Quel fupplice en effet, je lui garde en ces lieux
Prince, voilà le Trône où regnoient tes ayeux.
Du Fils de Sefoftris c'eft le noble heritage,
Je n'en contefté plus le fuperbe avantage.
C'eft à toi d'y monter, & de reprendre un rang
Que l'équité des loix accordoit à ton fang.
AMEN OP HIS.

Qu'entens-je ?

THARBIS.

Jufte Ciel !

OSARPHIS.

Une main immortelle,,

Entre nous deux, Madame, a tranché la querelle,
Et remettant le fceptre au veritable Roi,

Dégage mes fermens (a Tharbis) & vous rend votre foi.

THARBIS.

Qu'il eft beau dans le cours d'une gloire fuprême,
Quand on a tout foumis, de fe vaincre foi-même
De la pourpre des Rois un mortel revêtu
En tire moins d'éclat que toi de e ta vertu.
A l'exemple des Dieux arbitre des Empires...
AMENO PHIS.

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En de tels changemens à peine tu refpires.
Amenophis! ton cœur n'ofe encor rs'y fier,
Toi-même de ton fort tu fembles t'effrayer.

* La ferme s'ouvre l'on voit au fond du Theatre le fuperbe Trône des Rois d'Egypte,

Mais devant vous, Seigneur, lorfque je trouve grace.
Quand on fait tout pour moi,que faut-il que je faffe?
OSARPHIS.

Hé bien, tu vas regner, & l'Hebreu t'eft foumis :
Promets de l'appuyer contre fes ennemis
Et de favorifer toi-même fa retraite.

Voilà...

AMENOPHIS.

J'accomplirai ce qu'Ofarphis fouhaite.
J'en jure par les Dieux, dont je fubis la loi,
Par celui d'Ifraël. Si je manque à ma foi
Que fon courroux s'armant de châtimens funebres
Couvre après mille éclairs l'Egypte de tenebres;
Que de cris effrayans retentiffent ces murs;
Que jufqu'en ce Palais des reptiles impurs,
Mille infectes brulans nous déclarent la guerre ;
Que le Nil teint de fang n'arrofe plus la terre...
OSARPHIS.

Prince, un mat feul fuffit dans la bouche d'un Roi,
Et ma propre vertu me répond de ta foi.

Maître dans ce Palais, que rien ne t'y contraigne.
Avec ta liberté va s'annoncer ton regne.
Montre toi fans tarder aux peuples de Memphis,
Et qu'au trône du pere ils retrouvent le fils.
Ceux des tiens qu'à mes pas attacha·la victoire,
En combattant pour moi travailloient pour ta gloire.
Dans tes reffentimens tu dois les épargner.
Pardonne, c'est déja commencer à regner.
PHANE'S.

Ta vertu, je l'avoue, étonne mon courage.
J'ignore de quel il il faut que j'envifage
Ce concours éclatant d'évenemens divers.
Un jour feul a changé l'ordre de l'Univers.
Le fceptre eft un préfent de ta main triomphante.
Eft-ce donc un projet qu'un Dien lui-même enfante
Et qui par toi conduit à des fuccès certains,

Des fiécles à venir prépare les deftins?

Quel pouvoir inconnu, quelle main invifible
Fait paffer dans tes traits fa Majefté terrible?
N'en es-tu point l'organe? & franchiffant les loix
La nature va-t'elle obéir à ta voix?

Mais d'où vient cependant qu'au milieu de ta gloire
Parmi des vœux publics & des cris de victoire,
Lorfque le Ciel en toi laiffe voir à nos yeux

Le modele des Rois & le rival des Dieux,
D'un Oracle toujours s'éleve la menace,
Et...

OSARPHIS.

Du Dieu d'Ifraël reconnois mieux la trace. › Tremble, fon regne approche, il eft tems qu'Ofarphis Pour de plus grands deffeins abandonne Memphis. AMENOPHIS.:

Quoi donc oubliez-vous le fang qui vous fit naître Ce que ce jour, ce Ciel, l'Egypte vous doit être ? Et qui peut balancer de fi cher intérêts?

OSARPHIS.

Garde-toi de fonder ces auguftes fecrets.
Ne tente point du Ciel la fureur vengereffe.
AMENOPHIS.

Vous fçavez quel peril nous menace, nous preffe,'
Qu'un Enfant...

OSARPHIS.

Ce mortel qui cause tant d'effroi',

Qu'enfin tu veux connoître..

AMENOPHIS.
Hé bien, quel eft-il?
OSARPHIS.

AMENOPHIS.

Vous, cet Hebreu ?

THARBIS.
Grands Dieux!

Moi!

PHANE' S.

Quel étrange mystére!

AMENOPHIS.

Le Fils de Thermutis.

OSARPHIS.

Jocabel eft ma mere.

Seul fauvé par ta fœur de tant d'enfans profcrits.
Le Nil, l'adoption, dans fes bras m'ont remis
D'un fils mort au berceau, je pris alors la place.
Mais n'attens pas qu'ici je te demande grace.
Je fers un Dieu terrible & le Maître des Rois,
Ce fecret revelé rétablit tous tes droits.
Turegnes. C'eft à toi de pefer toutes choses.
Tume connois. Adieu. Pourfuis moi fi tu l'ofes.

SCENE

DERNIERE.

THARBIS, AMENOPHIS, PHANE'S, ISMENE, PAMENE, GARDES.

PHANE'S.

U'attendez-vous Seigneur? venez dans ces mo

Qua

mens

De l'Armée en vos mains recevoir les fermens.

Et

que

AMENOPHIS.

Toi-même auparavant songe à la foi jurée,
des Rois fur tout la parole eft facrée,
Qu'à nos engagemens le Ciel lui-même a part.
Suis moi. Viens. D'Ofarphis affurons le départ,
*à Tharbis.

Sa vertu dans ces lieux nous laiffe un grand exemple.

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Pour notre hymen, Madame (à Tharbis) allez m'at tendre au Temple,

Allez, fi toutefois tremblans de leur côté

Les Dieux qui l'habitoient ne l'ont point déferté.

Fin du cinquiéme & dernier Acte.

*Ailu

APPROBATION.

Ja par ordre de Monfeigneur le Gardes

des Sceaux, un Manufcrit qui a pour titre, Ofarphis ou Moyfe, Tragedie, & j'y ai remarqué, que les regles de la Poëfie, auquel l'Auteur s'eft affujetti, ne font rien perdre à la dignité du fujet; & que dans les endroits où il a pû fe donner le plus de liberté, il n'avance rien dont la plus grande délicateffe en fait de Mœurs & de Religion puiffe être bleffée. Fait à Paris ce 3. Mai 1728. Signé, COUTURE.

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