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T'ombre de Samuel évoquée par Saul.

Act. III. Sc. 7.

aubertino

SAUL,

TRAGEDIE.

Xetrtrtrtrtrttttttt

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

JONATHAS, ACHA S.

Q

quétes,

ACHAS.

Uoi? Saul, qui par tout vainqueur des Philiftins,

D'Ifrael abatu releva les deftins, Qui vit à le fervir nos Tribus toujours prêtes,

D'Hevila jufqu'à Sur étendre fes con

Brifa l'orgueil des Rois foulevez contre lui, Attend-il qu'en fon Camp on le force aujourd'hui ? Et démentant ici fa conduite ordinaire. ...

JONATHA S.

Et ne connois-tu pas le trouble de mon Pere?

Dans les divers transports dont il eft combattu;
De fes malheurs, du moins, fépare fa vertu.
J'en rougis comme toi; mais parmi tant d'allarmes,
Il faut le plaindre, Achas, & lui donner des larmes.
Tu fçai pour l'élever au fuprême dégré,

De quel état obfcur le Ciel l'ayant tiré,

Fit monter fur un Trône où tant de fplendeur brille;
De Benjamin en lui la derniere famille.

De fa grandeur alors plus qu'un autre étonné,
Long-tems à s'y fouftraire on le vit obstiné.
Mais fi jamais le Ciel par d'éclatantes marques,
Juftifia le Sceptre & le choix des Monarques,
Si fa voix aux mortels peut fe faire écouter,
Tout l'appelloit au Trône où tu l'as vû monter.
De ce nouvel empire enfin dépofitaire,
Des Decrets du Seigneur il perçoit le myftere.
Du feu de l'Esprit faint effets prodigieux!
Le plus fombre avenir fe montroit à les yeux.
Par fa bouche le Ciel annonçoit fes Oracles,
Il confirmoit fon choix par de nouveaux miracles;
Et fa faveur depuis fe déclarant toujours,
Par d'immortels exploits fignaloit tous les jours.
Mais depuis qu'épargnant une odieufe race,
L'ennemi du Seigneur devant lui trouva grace,
Refte impur d'Amalec à nos coups échapé,
D'une fecrette horreur il est toujours frapé.
David, fur-tout David, eft l'objet qui le bleffe.
Appliqué fans relâche à nourrir sa foibleffe,
Dans d'éternels foupçons conçus fans fondement
Son efprit inquiet trouve fon châtiment;
Et rappellant en vain fa vertu démentie,
Il femble que du Ciel la main appefantie,
Cherche à vanger fur lui le mépris de fes Loix,
Et veut par fon exemple effrayer tous les Rois.
ACHAS.

J'ignore le fuccès que le Ciel lui destine;

Mais l'Empire, Seigneur, panche vers fa ruine :
Preffé de tous côtez, Ifraël aujourd'hui
Ne peut trouver qu'en vous fa gloire & fon appui.
JONATHA S.

Ah! fi pour détourner un fi funefte orage,
Il ne falloit, Achas, qu'écouter mon courage,
Qu'au milieu des perils précipiter mes pas,
Tu vois toujours en moi ce même Jonathas,
Qui vingt fois à tes yeux emporté par la gloire,
Des bras de tant de Rois arracha la Victoire.
Mais nos Juifs qu'en tous lieux entraînoient mes ex-
ploits,

N'ont plus pour moi l'ardeur qu'ils avoient autrefois.
Le Ciel ajoute encor, pour comble de mifere,
La révolte d'un camp, au trouble de mon Pere;
Et parmi le Soldat tu vois quelle chaleur
De David jufqu'au Ciel éleve la valeur.
L'efpoir de fon retour eft tout ce qui le flatte,
Tout le camp à la fois, preffe, murmure,

A CHAS.

éclate...

D'un camp tout plein encor de vos faits glorieux,
Le murmure, Seigneur, vous eft injurieux;
Mais fongez qu'il s'agit de fauver un Empire.
Quelque reffentiment qu'un noble orgueil infpire;
Ne nous écoutons plus quand l'Etat veut parler;
S'il demande David, faites-le rappeller;

Et par là Jonathas affûrant la victoire,
Même en la partageant augmentera fa gloire.
JONATHA S.

De fa gloire en ces lieux tu crois donc que jaloux,
Je détourne un fecours qui les raffure tous?
Non, non, mon amitié qu'un pareil foupçon bleffe,
Ne connoît point pour lui cette indigne foibleffe.
Mais penfe-t'on qu'après ces cruels traitemens,
A la Cour de Saul reçus à tous momens,
Tous ces pieges dreffez que fa valeur évite,

Cette foif de fon fang, fon exil & fa fuite;
Seul & funefte fruit des plus nobles hazards,
David que Siceleg reçut dans fes remparts,
Au mépris d'une vie utile à la Judée,
Tentât encor du Roi la foi fi mal gardée?
Que dis-je ? il t'en fouvient; à fes coups dérobé,
La fureur de Saül le cherchoit dans Nobé.
Du Pontife avec lui fufpect d'intelligence,
Le funefte trépas fignala fa vengeance;
Ifraël en pâlit; Nobé dans fes remparts
Vit la flamme & le fer briller de toutes parts;
Parmi les cris, les pleurs, l'enfance confondue
Dans les bras tout fanglans d'une mere éperdue;
Jufqu'aux pieds des Aurels nos Prêtres affiegez,
Et de Miniftres faints quatre-vingts égorgez.
Tu vis combien fon ame encor peu fatisfaite,
Rejetta les confeils de ce fameux Prophête,
Samuel, qui du Ciel en naiffant infpiré,
De Saul jeune alors, oignit le front facré.
Et qui fçait en effet fi Dieu dans fa colere,
Ne pourfuit point fur nous les crimes de mon Pere!
Cependant le tems preffe, & pour dernier fecours,
J'ai fait venir ma Sœur ici depuis deux jours.

ACHAS.

Depuis ce même temps, éloigné de l'armée,
J'en ai trouvé par tout la nouvelle femée.
Mais quel deffeín, Seigneur, l'appelle dans ces lieux
Où rien ne peut s'offrir qui ne bleffe fes yeux ?
Où le fier appareil...

JONATHAS.

Comme toi, par avance, Du retour de David j'ai fenti l'importance. Et comme par ma Sœur je puis mieux l'efperer, Du fecours de fes pleurs j'ai voulu m'afsurer. Même interêt confond son deftin & le nôtre, Elle eft femme de l'un, elle eft fille de l'autre ;

Même

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