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Que Rome, le Sénat embraffent fa querelle.....

HERODE.

De mon peuple pour lui j'ignorois ce grand zéle.
SALOME.

'Ah! vous-même, Seigneur, rappellez-vous ce jour
Qui sembla d'un triomphe honorer fon retour;
Quand tout Solime en foule inondant fon paffage,
Voloit devant fes pas & cherchoit fon vifage;
Que d'un cri feul alors formé de mille cris,
Il le plaçoit au Trône où vous êtes affis;
Et fe livrant fans ceffe à son zéle crédule,
Croyoit revoir en lui fon oncle Ariftobule.
HERODE.

Croirai-je que trop plein de fon efpoir flatteur,
Il ouvre encor l'oreille à ce bruit féducteur?
SALOME.

Je ne fçai: mais, Seigneur, rarement la nature
D'un cœur ambitieux étouffe le murmure.
Le Trône eft à fes voeux un titre fuffifant;
Et le régne d'un pere eft un fardeau péfant.
HERODE.

Quel que puiffe être enfin l'orgueil qui le dévore,
Vous le voyez, le jour n'eft pas bien loin encore
Où la main de mon fils doit me feriner les yeux.
Trop content jufques-là d'un hymen glorieux,
Il peut....

SALOME.

Ah! s'il vous faut dire ce que je pense
Efperez-vous, Seigneur, que fa reconnoiffance
Eteigne le courroux dont il eft animé ?

Il ne montre en ces lieux qu'un cœur envenimé:
Il y porte par tout & fes cris & fes larmes.

Que dis-je? même encor vous lui donnez des armes.
Epoux de la Princeffe, il trouve dans fes mains
Une vengeance füre, & des fecours certains.
Dans les droits de fon fang intereffé par elle,

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Tout l'Orient eft prêt d'embraffer fa querelle.
Ah! fi feul & profcrit on vit fes attentats
Gendre d'Archélais que ne fera-t-il pas ?
HERODE.

Ah !fi l'ingrat... mais quoi manquant à ma promeffe,
Pourrois-je de ces lieux renvoyer la Princeffe?
Rompre tous les traitez qui me peuvent lier....
SALOME.

Vous-même à votre lit daignez l'affocier.
HEROD E.

Moi! l'époufer, ô Ciel! que d'autres feux éprife;

Mon ame encor...

SALOME.

D'où peut naître cette furprise ?

D'une illuftre alliance, Archélaüs jaloux,

Dans votre fils, Seigneur, n'envifageoit que vous.
Et quel eft donc ce choix que votre cœur condamne?
Vos yeux dans Glaphira retrouvent Mariamne;
De vos fombres chagrins, Seigneur, de vos terreurs,
Sa préfence a fouvent diffipé les horreurs ;

Vous éprouvez près d'elle un deftin moins funefte.
Le Ciel a commencé, Seigneur, faites le refte.
Que ces mêmes apprêts que l'on vient d'ordonner...
HERODE.

Ah! quel confeil, Madame, ofez-vous me donner?
Dans l'état où je fuis, eft-ce à moi qu'il s'adreffe?

Cruelle,

où voulez-vous amener ma tendreffe? D'un cœur que fes malheurs n'ont que trop abbattus Voulez-vous jufqu'au bout attaquer la vertu ? Détournez de mes yeux l'éclat de tant de charmes Et laillez-moi-plûtôt m'abreuver de mes larmes; Jouir de ma douleur. Rome arbitre des Rois Vous ne l'ignorez point, a confirmé ce choix Elle attend leur hymen, la fortune ennemie, Aux ordres du Sénat en efclave nous lie. 1 Dois-je le foulever, & manquant à ma foy

K

Prêter à Silleüs des raifons contre moi?

Non, c'eft trop écouter votre amitié cruelle;
Si j'en crois vos difcours, mon fils n'eft qu'un rebelle..
Solime me trahit; vos foupçons dangereux,
S'ils affurent mes jours, les rendent malheureux..
Qu'en fes reffentimens mon fils perfifte encore;
Qu'il trame des complots; que le peuple l'adore ;
Dût-il vanger fur moi le fang que j'ai verfé,
Je vais finir pour lui ce que j'ai commencé..

SCENE VII.

SALOME feule.

A, je te connois mal, ou malgré l'apparence, Ma haine doit fur toi fonder plus d'efperance.. Ce foupçon dans ton cœur heureusement jetté, Fera tout le progrès dont le mien s'est flaté. De mes premiers efforts déja l'effet le touche; Mes yeux en lui parlant le trouvoient plus farouche;; Le trouble s'élevoit dans son cœur étonné, Alexandre eft profcrit, puifqu'il eft foupçonné.. Ce n'eft pas tout encor; cette tendreffe extrême, Qu plûtôt cet amour qu'il fe cache à lui-même,, Dont j'ai dû voir ici des fignes trop certains, Affure ma vengeance, & fert tous mes deffeins.. Il faut par un foupçon facile à le furprendre, Auffi bien que le Roi tourmenter Alexandre,, Que Philon qui me fert, par un second avis Contre le pere encore aille animer le fils. Je fçai de quels foupçons fon amour eft capable, Et je ne doute point que ce coup ne l'accable, Et qu'au devant des traits que je vais lui porter, Lui-même en fes transports ne se vienne jetter: Lui-même il va fervir le courroux qui l'opprime....

SCENE

VIII.

SALOME, PHED IM E.

PHED IME.

UN bruit court que Thirron a paru dans Solime ; ›

Maruit a

,

SALOM E.

Thirron! que me dis-tu?

Lui qui vit le Sénat protéger la vertu,
Et qui même depuis la mort de Mariamne
Regarde ce Palais comme un féjour profane?
L'avis eft important. Miniftre de vos Rois,
Du fang Afmonéen feul il maintint les droits.
Long-temps en déplora les fameufes difgraces..
D'Alexandre fans doute il cherche ici les traces..
Dans le zéle indifcret commun à ses pareils,
Il va l'empoifonner de fes hardis confeils.
Ah! prévenons l'effet de leur intelligence.
Suis-moi, viens ; achevons ma gloire & ma vang-
geance.

Fin du fecond Alte:·

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ACTE III

SCENE I.

THIRRON feul.

Rrête ici, Thirron. Alexandre en ces lieux,

Annica, chez le Roi, va s'offrir à tes yeux

L'inftant eft favorable au zéle qui me guide.
Palais, où de Juda la majefté réfide;'
Séjour jadis fi faint, demeure de nos Rois,
Après quinze ans d'abfence enfin je vous revois!
Je vous ay vû fouillez du meurtre d'une Reine,
Qu'immolérent ensemble & l'amour & la haine :
Maintenant vous m'offrez, après tant de regrets,
De l'hymen de fon fils les fuperbes apprêts!
Puiffe le Ciel pour lui prodiguant les miracles,
De l'efpoir qui le flatte écarter les obftacles.
Rendre vains des foupçons dans mon ame tracez,
Que mon zéle peut-être a trop tôt embraffez.
Cher Prince, fi Thirron t'alla chercher dans Rome,
Lorfque dans le Sénat la haine de Salome,
Par de fecrets refforts continuant toûjours,
Par les mains de ton pere attentoit fur tes jours,
Juge avec quel tranfport une ardeur légitime.
Dans ta gloire aujourd'hui te verroit dans Solime,
Heureux & triomphant !... mais qu'est-ce que je
voi?

Salome içi s'avance, & fort de chez le Roi.

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