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Mais jufqu'où mon efprit fe va-t-il égarer?
Et qu'eft-ce que j'attends d'une lente juftice?
Allons, d'un fils ingrat ordonner le fupplice;
Eteindre dans fon fang l'efpoir qui l'a flatté,
Mettre aux dépens des fiens mes jours en fûreté,
De fes amis cruels troubler l'intelligence.

Je fçaurai les connoitre ; & ma jufte vengeance
Après tant de devoirs, & tant de droits trahis,
Ne fe bornera point à la mort de mon fils.

Fin du quatrième Alte.

光熊光

ACTE V

SCENE PREMIERE.

ALEXANDRE feul.

C'En eft donc fait : je vais rejoindre Ma

riamne;

Au fort qu'elle a fubi mon pere me condamne!
Manes facrez, chere Ombre, attachée à mes pas,
Dont les cris m'excitoient à venger fon trépas,
Au lieu de tout le fang que je dois à fa cendre,
Daigne enfin accepter le mien qu'on va répandre.
Et du moins à ce prix appaife tes clameurs,
Ileft vrai, je n'ai pu te venger: mais je meurs.
Je touche, tu le vois, à l'heure infortunée
Où le Ciel pour jamais tranche ma deftinée.
Mais d'où vient que mon cœur dans ce dernier mo-

ment ?

Se trouve plus de calme & de foulagement?

La crainte de la mort nous trouble & nous accable :
Mais dès lors que l'arrêt en eft irrévocable,
Le cœur n'eft plus frapé de tout ce qu'il a craint;
La vertu fe ranime, où l'efpoir eft éteint.
Trône, Sceptre, Grandeurs, dont s'irrite l'envie,
Qui faites le tourment & l'éclat de la vie,
Je ne fens plus fur moi ce que vous avez pû;
Le voile le déchire, & le charme eft rompu:
Je ne vois plus de vous que l'affreux précipice
Qu'a creufe fous mes pas la plus noire injuftice,

Dans cet état funefte où la rigueur du fort
Ne laiffe plus d'efpace entre nous & la mort,
Où prête à s'affranchir d'une indigne matiere,.
L'ame agit toute feule, & regne toute entiere.
Sous des traits différens je commence à vous voir,
Vains & brillans objets, dont je n'eus que l'efpoir..
Mais lorsque contre moi je puis voir fans murmure
Dans fes droits les plus faints outrager la nature,,
Que d'un fupplice infame & l'horreur & l'effroi,
Au lieu de m'accabler, ne regnent plus fur moi,
Aimable Glaphira, vous m'occupez encore,›
Mon infortune accroît les charmes que j'adore.
Je brûle, avant ma mort, de v
vous entretenir!.
Sçachez ce que j'ai fait pour pouvoir l'obtenir.
J'ai demandé Salome, & par fon entremife
Votre vûë en ces lieux pourra m'être permise,
Je n'ai pû recourir qu'à ce dernier effort:
C'eft le bien que j'attends pour tout fruit de ma mort,
Oui, je vais l'obtenir, je m'en fie à fa rage:
Elle croira par là m'accabler davantage;

Et qu'à mes yeux encore, offrant ce que je perds,
Elle mettra le comble aux maux que j'ai foufferts.
Mais on vient.

SCENE II.

ALEXANDRE, SALOME..

ALEXANDRE..

IL eft temps de finir votre haine,

Madame, mon trépas, le meurtre de la Reine,
Thirron même fans doute expiré fous vos coups,
Ne laiffent plus d'objets à votre fier courroux.
Mais dans l'affreux moment qui finit ma carriere,

Si je

Si je puis obtenir une grace derniere,
Tous mes reffentimens par là font effacez
Et recourir à vous, c'eft vous la dire affez.

SALOM E.

Prince, tout ce difcours a lieu de me surprendre; De mes foins cependant vous pouvez tout attendre Mais que puis-je pour vous?

ALEXANDRE.

L'état où je me voi M'apprend trop que vos foins peuvent tout fur le Roi Daignez m'en accorder le fecours favorable; Vous le devez aux vœux d'un Prince déplorable. Euffai-je merité tous les maux que je fens, Le fupplice nous lave, & nous rend innocens. Tout vous porte à remplir le defir qui me preffe; Vous fçavez quelle ardeur m'attache à la Princeffe. Ne puis-je.......

SALOME.

Ignorez-vous quel eft votre pouvoir, Prince? Vous êtes libre, & vous pouvez la voir : Dans vos juftes defirs rien ne peut vous contraindre Et du courroux du Roi vous n'avez plus à craindre: Les foins de la Princeffe ont calmé fon transport, Un moment a changé l'horreur de votre fort;

Ce

que n'ont pû les cris de toute la Judée, Votre grace, Seigneur, lui vient d'être accordée. ALEXANDRE.

Quoi, du courroux d'Hérode elle arrête le cours? Et je dois à fes foins le falut de mes jours?

SALOME.

Je l'ai vue à fes pieds, Seigneur, j'ai vû fes larmes, Relevant le pouvoir & l'éclat de fes charmes, Attendrir votre pere, ou plûtôt de fon cœur Défarmer tout à coup l'inflexible rigueur; Confondre en fes tranfports unchaine éclatante. Ce fuccès ne doit point étonner votre attente;

N

Une grace nouvelle animoit fes difcours,
Et n'avoit point de l'art dédaigné les fecours.
Pour vous tout confpiroit, foit gloire, foit tendreffe,
Soit qu'un nouvel efpoir en fecret l'intéreffe,
L'aimable Glaphira jamais jufqu'à ce jour

N'a montré tant d'attraits, ni le Roi plus d'amour.
Sans doute le falut d'une tête fi chere

Dépendoit......

ALEXANDRE.

Et dit-on quel en eft le falaire ?
SALOME.

Et qu'importe, Seigneur, dans cette extrémité,
A quel prix votre fang puiffe être racheté ?
Vivez, & foutenant l'honneur de votre race....

ALEXANDRE.

Non, je n'accepte point cette funefte grace:
Trop inftruit des fureurs dont Hérode est épris,
De mes jours rachetez je reconnois le prix.
Plus cruelle que lui vous avez pû prétendre,
Glaphira.....

SALOME.

Le Roi vient; il pourra vous entendre. Et fans pouffer plus loin un confeil hazardeux, Pour mieux vous éclaircir, je vous laiffe tous deux.

O

SCENE III.

HERODE, ALEXANDRE.

HERODE.

Ui, votre fort, ingrat, a pris une autre face; Vous vivrez, & je viens d'accorder votre grace. Mon cœur, dans fon espoir trop prompt à s'abuser, Aux foins de Glaphira n'a pû la refufer. De ma félicité j'ignore encor la suite.

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