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Lorfque de votre mort le bruit s'eft répandu.
La Cour étoit en crainte & le Peuple éperdu..
De ce faux bruit fans doute on ménageoit l'usage,
C'étoit pour obferver mon pas & mon visage,
On vouloit abufer de ma credulité ;

On me donnoit la mort avec tranquillité,
Et déja... mais, Seigneur, fouffrez que je vous laiffe.
Je ne fçai tout à coup quelle douleur me preffe.
Daignez me pardonner ces triftes mouvemens.

HERODE.

Et moi, vous me livrez aux plus cruels tourmens.
Ifraë! n'eft témoin & l'Eternel lui-même..
MARIAMNE.

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Gardez-vous d'attefter fa puiffance suprême,
Ces auguftes fermens ne vous font plus permis,
Quand par vous à Cefar des Autels font promis.
Pour lui d'un nouveau Temple allez tracer l'enceinte,
De prophanations fouillez la Cité Sainte,
Faites à tant d'horreurs remonter le Jourdain;
Mais craignez d'éprouver un châtiment foudain.

SCENE VIII.

HERODE, ALEXA N DRE HERODE, retient Alexandre qui fuit Mariamne.

Vous voyez jufqu'où va l'aigreur de votre More.

Mais je puis la calmer, ou du moins je l'efpere,
Si fon amour pour vous fe trouve au mien pareil.
Alcime par mon ordre affemble le Confeil.
Pour la premiere fois venez y prendre place.
ALEXANDRE.

Seigneur, je fens le prix d'une pareille grace,
Et quand vous voudrez bien vous-même m'enseigner
Ce grand art que le Ciel vous donna pour regner,

Jeune encor au confeil, & fans experience
J'efpere m'y montrer digne de ma naiffance.
HERODE.

J'y dois déliberer fur de grands interêts,
Et vos yeux vont s'ouvrir à d'auguftes fecrets,
Dont la feule importance eft un frein pour fe taire.
L'art de regner, mon Fils, eft un profond myftere,
Et c'eft même un fecret pour le feul Potentat..
Le Peuple, à dire vrai, connoît mal fon état,
Confond les droits fouvent avec les injuftices,
A la place des Loix ils mettent leurs caprices,
De volages défirs toûjours font combattus,
Et fur leurs paffions jugent de nos vertus.
Delà ces grands revers & ces chutes finiftres.
Il faut auffi, mon fils, connoître fes Miniftres.
Souvent dans un faux jour ils offrent les objets,
Et pour nos volontés nous donnent leurs projets.
De leur ambition, de leur haine peut-être,
Efclaves d'autant plus que nous croions moins l'être
Ils ont des interêts des nôtres differens,

Ils font le crime, & nous, nous fommes les tyrans.
Mais, mon Fils, mon efprit que la douleur partage
Remet à d'autres temps à s'ouvrir davantage.
Sur les divers partis, fur les fages foupçons......
ALEXANDRE.

Vos exemples, Seigneur, abrégent les leçons.

HERODE.

'Allez voir votre Mere.

SCENE I X.

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HERODE.

Ah! bien plûtôt, Madame,

Dites qu'un ennemi couvert & foupçonneux
D'une fainte amitié cherche à rompre les nœuds;
Que contre Mariamne une cruelle envie
M'ote avec fon amour le repos de ma vie.
SALOME.

Ah! reconnoiffez mieux cet ennemi, Seigneur.
Et ne le cherchez point ailleurs qu'en votre cœur.
Souffrez ma liberté, c'est de votre foibleffe

Que nait l'excès d'orgueil qui la perd, & nous blesse
Ceffez de vous trahir. D'un soin trop dangereux.
Vous cherchez à nourrir un amour malheureux:
Pour vaincre ses dedains, & la fléchir peut-être,,
Dans un Epoux haï, faites-lui voir un maître.
HERODE.

Ah! gardez-vous vous-même ici de m'offenfer,
De tous les fentimens vous devez mieux penser..
Loin de la foupçonner d'aucune injufte haine,
J'impute à fa vertu cet orgueil qui l'entraine..
SALOME.

Avec tant de vertu, dans leur injuste cours,
Seigneur, j'ignore l'art d'accordér fes difcours.
Elle devroit du moins plus humble en ses miseres
Supprimer tous les noms d'Affaffin de ses Peres,
De lâche Ufurpateur, de Tyran odieux

Qui n'a connu qu'Antoine, & Cefar pour les Dieux.
HERODE.

Je le sçai bien, ma fœur, elle eft trop indifcrette; ]
Mais de mon cœur auffi la juftice secrette
Lui fouffrant ces difcours un peu hors de faifon,
Dans les emportemens trouve qu'elle a raison.
De quels moyens cruels n'ai-je point fait usage?
Vous-même dans fes maux contemplez votre ouvrage.
Je n'ai que trop fervi votre zele indiscret,
Et fous ce nom peut-être un interêt fecret,

Souffrez

Souffrez que mon amour embraffe fa défense,
Je fçai que fon orgueil quelquefois vous offense;
Mais le vôtre eft injufte, & fon illustre sang
Exige qu'avec vous elle garde fon rang.
SALOME.

Je le vois bien,Seigneur,quoi qu'elle ofe entreprendre,
Il eft tems de me taire, & c'eft à moi d'apprendre
A fouffrir les mépris déformais trop certains;
Mais il faut efperer, graces à vos deftins,
Que fes cris foûtenus des droits de fa naiffance
Sur un Peuple volage auront peu de puiffance.
HERODE.

Rien n'eft ici, Madame, à redouter pour nous,
Trop heureux ! fi je puis appaiser fon courroux !
Si je la crains, ce n'eft que parceque je l'aime,
Déja loin de fes yeux mon fupplice eft extrême.
Un feul de leurs regards prompt à tout embrafer
Peut exciter en moi le trouble, ou l'appaifer.

Fin du fecond Acte.

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ACTE III

SCENE PREMIERE.

SOESME feul.

DU. fecret entretien que Salome defire

Quel feroit le motif? & qu'a-t'elle à me dire?
J'attens fa confidence, & prévois fes difcours,
En vain un art perfide en va regler le cours.
Mais quels preffentimens étonnent ma constance,
Et de quel attentat revelant l'importance,
Seduit dans mon efpoir, trompé dans mon deffein,
Ai-je mis à la Reine un poignard dans le fein?
Oui. Malgré la faveur & d'Augufte & de Rome,
Il eft des interêts trop cruelle, Salome,
Que je ne puis trahir, ni te facrifier.

Ah! que dis-je! à ces murs gardons de confier
Le beau feu qui m'anime, & qu'un refpect fuprême
Semble n'ofer encor confier à moi-même
Et dont mon cœur s'étoit dérobé la moitié
Sous le voile apparent d'une illuftre pitié.
Belle Reine, ma foi toujours plus affernie....
Mais on entre, voici fa cruelle ennemie.

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