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Quel filence fe joint à l'horreur de la nuit!

Mais on ouvre, Seigneur, & j'entens quelque bruit.

SCENE II.

DAVID, MICHOL, ASSER.

MICHO L.

LE Roi vous fuit fans doute, & doit ici se ren

dre.

ASSER.

yeux.

Par fon ordre je viens le chercher ou l'attendre.
Seigneur, il ne croit pas vous trouver dans ces lieux;
Je crains que votre aspect ne bleffe encor fes
Prenez pour lui parler un tems plus favorable,
Et donnez ce relâche au tourment qui l'accable.
DAVID.

Et qu'a donc mon aspect qui puiffe l'offenser ?
Parlez, expliquez-vous.

ASSER.

Daignez m'en dispenser.
Son deffein cependant n'a rien qui vous regarde.
Par fon ordre déja j'ai difperfé fa Garde,
Ecarté tout le monde ; & Saul par mes foins
Croit pouvoir dans ces lieux me parler fans témoins.
DAVID.

J'ignore les fecrets dont trop de confiance
Va bien-tôt dans vos mains remettre l'importance;
Mais je ferai furpris, vous ayant confulté,
Si le foin de fa gloire eft le feul écouté.

ASSER.

Contre un pareil soupçon ma foi me justifie.
Du moins, Seigneur, du moins il faut que je le die,
Jamais jufques içi contre mon Souverain

Siceleg ne m'a vû les armes à la main.

DAVID.

Moins encore a-t-on vû l'ardeur qui vous excite
Chaffer loin de fes murs le fier Amalecite;
Sur lui, non fur les Juifs, s'enrichir de butin,
Et même en le fervant tromper le Philiftin.
Près d'Achis pour Saul mon zéle égal au vôtre....
ASSER.

Les menager tous deux, c'eft trahir l'un & l'autre.

DAVID.

Je me trompe, & fans vous Ifraël confondu....

ASSER.

J'en ai fauvé l'honneur.

DAVID.

Dites plûtôt vendu ;
Et d'un crédule efpoir trop fouvent la victime...
Mais je dois retenir un courroux legitime,
Et ma jufte fierté que bleffent vos difcours >
D'un filong entretien devroit finir le cours.
Mais je veux voir Saül. Sa volonté connuë
Par lui-même.....

MICHOL.

Ah! daignez vous fouftraire à fa vûë, Seigneur ! vous connoiffez fes transports furieux.

DAVID.

Hé bien, vous le voulez, je vous laiffe en ces lieux.
Heureux lui-même enfin, que fon fang l'attendriffe
Ma gloire dépend peu d'un indigne caprice.
Je refpecte un courroux à lui-même cruel,
D'où peut-être dépend le deftin d'Ifraël.

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Dans ce moment je n'ai rien à vous dire,
Madame, à vos fouhaits puiffe Saül foufcrire.
Suivez votre deffein: mais fouffrez que pour moi,
Me dégageant des foins confiez à ma foi...
MICHO L.

Ah! laiffez-vous toucher d'un foin plus légitime.
Si jamais votre cœur jaloux de mon eftime
A quelque noble effort a voulu s'élever,

C'eft maintenant, Seigneur,qu'il me le faut prouver;
C'est en fervant David que je pourrai vous croire;
Et ne fuffit-il pas pour ménager fa gloire,
Quel que puiffe être en vous ce courroux affermi,
Qu'il ait quelques vertus, & foit votre ennemi.
ASSER.

Madame, fans raison votre ame est allarmée.
Pour lui votre Epoux voit & le Peuple & l'Armée.
Leur zéle dans le Camp vient de fe fignaler.
Mais enfin le Roi vient, vous pouvez lui parler.

D

SCENE IV.

SAUL, MICHOL, ASSER.

MICHO L.

E vos deffeins, Seigneur, que faut-il que j'au
gure?

Quand d'un Pere attendri la bonté me raffure,
Quel changement fenfible à mon cœur étonné
Sufpend un entretien par vous-même ordonné?
SAUL.

Chargé de mille foins dans mon inquiétude,
Ma fille, j'ai besoin d'un peu de folitude.
Votre prefence même irrite mon tourment.
Laillez-moi, retournez dans votre appartement
Votre Epoux informé de ce que je défire,
Va bien-tôt.

...

MICHOL.

Il fuffit, Seigneur, je me retire. Puiffe le Ciel lui feul vous infpirer ici.

H

SCENE V.

SAUL, ASSER.

SAUL.

E bien, tes foins, Affer, auroient-ils réuffi?
Dis-moi, quel eft le fruit que je dois en atten-
dre ?

Un fi foudain retour a droit de me furprendre.
Sans doute le fuccès a trahi ton ardeur.

Tout enfin fe refuse à mes défirs.

ASSER.

Seigneur,

Dans ces antres profonds qu'ouvrent ces monts for

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De vos Juifs éperdus autrefois les aziles
Quand l'altier Philiftin inondoit vos Etats;
Dans l'ombre de la nuit conduit par deux Soldats,
Prefque au fortir du Camp, la fortune m'adreffe,
Une femme d'Endor, fameufe Enchantereffe.
Nous gagnons fa demeure, après quelques efforts,
Redoutable chemin de l'Empire des Morts,
Sejour affreux où femble expirer la nature.
J'entre, non fans horreur. Là d'une lampe obfcure;
La lueur à nos yeux n'offre de toutes parts,
Que funebres objets, que des membres épars
Des reptiles impurs. Pleine d'un trouble extrême,
Du pouvoir de fon art frémiffant elle-même,
La Pythoniffe femble, arbitre alors du fort,
Tenir entre fes mains & la vie & la mort.
Je ne vous dirai point combien à notre vûë
Elle a paru faifie, interdite, éperduë....
SAUL.

Où donc eft-elle, Affer?

ASSER.

Seigneur, j'ai crû devoir Sans elle dans ces lieux quelques momens vous voir. Auprès de cette Tente elle attend ma réponse. Je crains que trop d'éclat encor ne vous annonce; Que tant d'auguftes traits, en trahiffant ma foi, A fes regards troublez ne découvrent le Roi. Qu'elle n'apprenne point que c'eft lui qui l'implore; Pour quelque tems au moins il faut qu'elle l'ignore.

SAUL.

Et lui pourrai-je, Affer, cacher la verité?

ASSER.

Elle n'en peut, Seigneur, percer l'obscurité,

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