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J'allois, Seigneur, à vos ordres fidele,

De vos gardes fuivi fondre fur un rebelle,
Lorfque le camp craignant que du Prince arrêté
On attaquât les jours avec la liberté,

Se fouleve à grands cris: fes troupes les plus fieres
Des lieux qui l'enfermoient ont percé les barrieres;
Et Jonathas à peine arraché de nos mains,
Contre David alors prévenant vos deffeins,
Ne nous inftruit que trop de leur intelligence.

Ah! courons....

SAUL.

ASSER.

Sufpendez, Seigneur, votre vengeance.

De fes retranchemens le Philiftin forti,
Force de toutes parts votre Camp investi;
Tout s'ébranle, déja commence le carnage.
Hâtez-vous.

SAUL.

Ah! voilà les maux qu'on me préfage. Enfin, c'en eft donc fait, l'Oracle s'accomplit; L'heure fatale approche, & mon fort fe remplit. Vain efpoir! vains projets que ma fureur avoue Des efforts des mortels ainfi le Ciel se joue,

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A fes propres deffeins fait fervir nos forfaits,
Et qui veut les combattre en preffe les effets.
Mais il va fur moi feul épuifer fa colere.
Je lui confie en vous une tête plus chere.
Ma Fille, & le benis de ne point m'épargner.
Mourir en Roi, vaut bien la gloire de regner.

Fin du quatriéme Acte.

ACTE V.

SCENE I.

MICHOL, ELISE..

MICHO L.

OU vais-je ? où fuis-je, Elise? Incertaine, éperduë,

Dans quels momens affreux,dans quels lieux retenue Ciel ? de quels mouvemens mon cœur eft combattu? Et toi, fatal Hymen, à quoi me réduis-tu ?

Quel fruit de tant d'amour! O mon Frere!ô mon
Pere!

O mon Epoux, c'eft moi qui caufe ta mifere.
Objet infortuné de tes fameux exploits,

J'ai fait naître l'envie, & je vous perds tous trois.
Des malheurs d'Ifraël, je fuis feule coupable.
Ciel! arrête fur moi le bras qui les accable.

ELISE.

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Madame, eft-ce donc-là ce génereux effort
Que vous vous promettiez contre les coups du fort?
Et pourquoi voulez-vous qu'enfin inexorable
Le Ciel ne prête plus une main fecourable ?
David a fui Saul; mais malgré fon courroux,
Sçavez-vous fi fon bras ne combat point pour nous?
Et fi de Jonathas fa valeur fecondée,

Ne va point avec lui relever la Judée ?

MICHOL.

Quels cris frappent les airs? quel tumulte, quel bruit

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Menacent Ifraël d'une éternelle nuit!

Non, non, Saül fuccombe au deftin des batailles ;
N'en doutons point. Je fens déchirer mes entrailles.
Vous allez triompher dans nos adverfitez,

Vous Geth, vous Afcalon, orgueilleufes Citez.
J'entens vos cris: je vois dans vos cruelles fêtes,
A chanter nos malheurs vos Filles toutes prêtes.
Le Ciel le veut. Que dis-je, ô mon Roi souverain,
Sauve un fang précieux qu'a confacré ta main.
Daigne dans ces horreurs prendre foin de ta gloire.
Un feul de tes regards peut fixer la victoire.
De tant de Rois liguez confonds le fier courroux,
Un foufle, fi tu veux les va diffiper tous.

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ELISE.

N'en doutez point, pour lui l'éternel s'intereffe,
Sa bonté fe mefure au péril qui le preffe.
Et pourquoi prévenir un fuccès incertain?
N'allez point par des pleurs que vous versez en vain,
Ni du Ciel par vos cris irriter la Justice.

Et du moins attendez que l'on vous avertiffe.
On vient, Madame, on vient.

MI CHO L.

Ciel, qu'eft-ce que je voi! Dans ces lieux, chere Elife, Affer feul fans le Roi! Quel affreux mouvement s'empare de mon ame! Quelle horreur me faifit!

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NE craignez rien, Madame ;

Ces Gardes que mes foins vous ont fait reserver,
Vont périr à vos yeux, ou fçauront vous fauver.
MICHOL.

Ah! conduifez au Roi le fecours qu'on m'amene,
Parmi tant de périls, dans l'effroi qui m'entraîne,
C'eft pour lui que mon cœur fe trouve combattu
Il me fuffit à moi de ma feule vertu;

Je fçaurai la fauver d'une indigne memoire.
Allez, ne craignez rien, j'aurai foin de ma gloire:

ASSER.

Ah! pour vous garantir d'un opprobre éternel,
Trop de retardemens me rendent criminel,
Vous voyez les malheurs où le péril vous livre.
Qu'attendez-vous encor? Madame, il faut me fui-

vre.

Allons, venez; vos jours à ma foi confiez...

MICHOL.

Jufqu'à la violence ainfi donc vous iriez ?
Vous pourriez n'écouter que votre fenle rage,
Et du fort jufques-là j'éprouverois l'outrage?
Mais

que dis-je, moi-même appuyant vos deffeins Je pourrois me remettre en vos perfides mains? Ah! de quelques raisons dont votre amour se pare,

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