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Sous le glaive fanglant du Philistin barbare
Plûtôt perir cent fois, que d'avoir confenti...

SCENE III.

SAUL, MICHOL, ASSER, ELISE

GARDES.

SAUL.

A Fille, il en eft tems, prenez votre parti.
Le Philiftin triomphe. Ainfi le Ciel l'ordonne.
Vaincus & renverfez, tout fuit, tout m'abandonne.
Le Ciel de mes deffeins jufqu'au bout s'eft joué,
A mille coups mortels je me fuis dévoué,

Je cherche en vain la mort, tout trahit mon envie.
On en veut à ma gloire, & non point à ma vie.
Sanglant & defarmé, dans mes pas incertain,
Errant par tout, d'un Fils j'ignore le deftin.
(à Affer.)

Sans doute il ne vit plus. C'eft toi seul qui me restes,
Heureux de te trouver dans ces momens funeftes.
J'efpere au moins qu'Affer ne me trahira

pas;

Viens, frappe; c'eft de toi que j'attends le trépas.

De moi, Seigneur!

ASSER.

MICHOL.

O Ciel ! qu'en ofez-vous attendre ?
SAUL.

Et vous de vos efforts que pouvez-vous prétendre?
Ah! laiffez-moi du Ciel affouvir le courroux ;
C'eft le dernier refpe& que j'exige de vous.
(à Affer.)

De ton bras, cher Affer, j'implore l'affistance.

Qu'attens-tu!

Qu'attens-tu ! Montre-moi par cette obéiffance,
En m'accordant la mort que j'efpere de toi,
Que Saül regne encore, & que je meurs ton Roi.
ASSER.

De mon refpect, ô Ciel! quelle épreuve fanglante! Que me deinandez-vous! & quelle eft votre attente? Sans vous trahir, Seigneur, puis-je vous contenter? MICHOL.

Et qui fur votre vie oferoit attenter?

Venez, venez plûtôt ; & dans quelque contrée
Sauvons, Seigneur, fauvons votre tête facrée.
Nous le pouvons. Tandis qu'à fa proye occupé.
Votre Ennemi vous croit fans doute enveloppé,
Par Affer en ces lieux cette Garde conduite,
Invincible rempart, affûre votre fuite.

SAUL.

Hé voudroit-on qu'à fuir je fuffe condamné?
Que dis-je ? il n'eft plus tems. Par tout environné,
Le Ciel ne m'offre plus qu'une mort falutaire.
D'un Sceptre malheureux fatal dépofitaire,
Prétend-t-on que trainé par de honteufes mains,
J'aille fouiller en moi l'honneur des Souverains?
D'un reproche éternel, d'une indigne mémoire,
Sauve mon fang, toi-même, Ifraël, & ma gloire;
Et ta pitié cedant à de nobles efforts,

Laiffe-moi confondu dans la foule des morts.
ASSER.

Je dois fonger plûtôt à me frapper moi-même,
Votre malheur eft grand, mais le mien eft extrême:
Peut-être feul auteur du coup qui m'a perdu,
Je vois de toutes parts mon espoir confondu.
Quelques maux cependant que le Ciel nous envoye
Pour fortir de la vie il eft une autre voye.
C'est à moi de la fuivre, & je cours fans effroi,
A ma gloire du moins rendre ce que je doi.

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Jl fort.

SAUL.

Je t'entends, & je cours fur tes pas. :::

Ah, Seigneur !

MICHO L.

Ah, mon Pere!

SAUL, des Gardes s'avancent.

On m'arrête, & qu'eft-ce qu'on espere?

Quoi donc tout me trahit?

SCENE

IV.

SAUL, MICHOL, ELISE,

UN ISRAELITE.

L'ISRAELITE.

Seigneur, que faites-vous?

D'où vous naît ce tranfport & cet ardent courroux,
Tandis que Jonathas brûlant pour votre gloire,
Aux Philiftins encor difpute la victoire,
Signale fa valeur par dés coups éclatans...

SAUL.

Quoi, mon Fils vit encor ? Ciel! qu'est-ce que j'entends?

L'ISRAELITE. Il vit, & fon ardeur qui n'eft que trop connuë, Par un fecours puiffant d'ailleurs eft foutenuë. Un Dieu, de Jonathas femble être encor l'appui. SAUL.

Secourons-le, ou du moins ne mourons qu'avec lui. Le plus affreux peril n'a rien qui m'épouvante. Courons. Mais quel objet à mes yeux fe prefente? Ne me trompai-je point? & qu'eft-ce que je voi?

MICHOL.

Dieu tout-puiffant!

SCENE V.

SAUL, MICHOL, DAVID,

ELISE.

DAVID.

DAignez vous confier à moi,

Seigneur. De tant d'horreurs fauvé malgré vous même,

Eprouvez jufqu'au bout cette faveur fuprême.
Acceptez de mes Juifs le malheureux débris,
Qui tout couvert du fang de vos fiers ennemis,
Peut encor vous fauver, & vous, & la Princeffe;
Mais les momens font chers & le peril vous preffe.
SAUL.

O vertu que j'admire autant que je la crains!
Redoutable inftrument des décrets fouverains!
Quoi! lorfque fur mon Fils, à mon ame éperduë,
Toute efperance encore alloit être renduë...

DAVID.

Ne demandez qu'au Ciel le fort de Jonathas.

Achevez.

SAUL.

DAVID.

Siceleg, Seigneur, vous tend les bras:

Je puis vous y conduire, allons,daignez me suivre,
Prevenez les malheurs où ce grand jour vous livre.
SAUL.

Non, non de Jonathas je veux fçavoir le fort.

Allons, il n'eft plus tems. O Ciel ! mon fils eft

mort.

C'eft Achas que je vois.

SCENE DERNIERE.

SAUL, MICHOL, DAVID,

ELISE, ACHAS.

ACHAS.

SA défobéiffance,

D'un Heros malheureux embrafsoit la défense,
Lorfque dans le combat que le Ciel a permis,
Il tourne fes efforts contre vos ennemis.

A ce nombre de Juifs dont la terre eft couverte,
Il ne fe croit que trop inftruit de votre perte.
Affer même à fes yeux percé de mille coups,
Ne lui laiffoit, Seigneur, aucun espoir fur vous.
Mais lui-même indigné de fes propres allarmes :
Il faut du fang, dit-il, c'est trop peu de mes larmes.
De vos Juifs auffi-tôt ralliant les débris,
Il flatte leur courage, & vole aux ennemis.
Bientôt par fa prefence à vaincre accoutumée,
Il attire fur lui les forces de l'armée.

Son bras en foutenant l'effort de toutes parts,
De mourans & de morts s'étoit fait des remparts.
Mais que peut la valeur, quand le nombre l'accable?
Il fubit de fon fort l'arrêt irrevocable;

Et plus fier d'un peril qui les faifoit pâlir,
Dans fon triomphe alors femble s'enfevelir.
SAUL.

Il eft wort!

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