fucceda à l'efprit de Dieu; de-là le meurtre de plus de quatre-vingts Prêtres revêtus de leurs habits facrez; la défolation de toute la Ville Sacerdotale de Nobé; cette haine fi injufte & fi cruelle dont Saül fut animé contre David ; cette confultation de la Pythoniffe fur la défaite d'Ifraël ; & enfin la mort de ce malheureux Roi, qui est l'ac tion de ma Tragedie.

J'ai dérobé l'apparition de l'ombre de Samuel au Spectateur, non-feulement par la difficulté de l'exécution fur le Théatre, mais encore parce qu'il m'a femblé que l'ombre en paroiffant, n'ajouteroit rien à la terreur que j'ai cru qu'exciteroit la reconnoiffance du Roi, de la maniere qu'elle eft amenée. D'ailleurs la conduite que je gardois en cela, rejettoit dans le quatriéme Acte le recit de cette même apparition, qui pouvoit être affez vif pour fe foutenir encore après la Scene de la Pytho niffe & de Saül. Je ne dois chercher à juftifier ma conduite en cela, que par le grand fuccès de cette même Scene,qui (fi j'ofe le dire) a également faifi la Cour & la Ville. Les Interpretes de l'Ecriture demeurent d'accord, que cette apparition de l'ombre de Samuel fe fit par un ordre particulier de la Justice de Dieu, qui prit le moment d'une évocation vaine & fterile, pour pro

duire un événement auffi extraordinaire que celui-là, & qui épouvanta la Pythoniffe elle-même.

Quelques-uns difent que le Démon qui fe transforme en Ange de lumiere, fe prefenta alors à Saül fous la figure de Samuel; & le fentiment de quelques autres eft que l'ame même de Samuel s'apparut à Saül. Ce qui eft dit dans l'Ecclefiaftique favorife cette derniere opinion: Samuel dit l'Ecriture, s'endormit du fommeil des Fuf tes, il fit connoître au Roy la fin de fa vie. Sa voix s'éleva du fond de la terre pour prophétifer la ruine des Impies.

op

L'Episode d'Affer m'a parut neceffaire. J'ai cru qu'il falloit mettre David dans un plus grand peril, & par conféquent lui pofer quelqu'un qui fût intereffé à le perdre, & à qui je donnerois toute la confiance de Saul. C'est ce qui m'a obligé même de rendre Affer amoureux de Michol, pour lui donner par-là des motifs plus preffans pour agir contre David.

Je fais venir David du Camp des Philiftins dans celui de Saül; quoi qu'ayant été quelque tems dans l'Armée ennemie, difpofé même en apparence à combattre contre Ifraël, il eût cependant été obligé, fur l'émulation des Chefs des Troupes des Philistins, de fe retirer dans Siceleg, qu'A

chis Roy de Geth lui avoit abandonné pour fa demeure, & qui paffa depuis de cette maniere fous la domination des Rois de Juda. Mais cette licence m'a paru d'autant plus permife, qu'elle m'a fervi à déployer le caractere, & à mettre dans un plus grand jour les moeurs & les fentimens de David. Je n'ai point cru que Sail dût expirer fur fa haine. Et voulant fauver aux yeux du Spectateur cet air de réprobation qui auroit pû le lui rendre odieux, je me fuis fervi du retour de David pour ménager une reconciliation entre lui & Saül mourant d'un coup mortel qu'il vient de fe donner, & qui femble lui rendre toute fon innocence.

J'ai pris quelques libertez à l'égard de quelques noms, pour ne me fervir que de noms connus & confacrez. J'ai parlé de Sion, comme étant fous la domination de Saül, quoique je n'ignoraffe pas que les Jebuféens en fuffent alors les maîtres, & que ce fut fur eux que David long-tems après reprit cette Fortereffe. Le Poëte ne peut ni ne doit être auffi exact & auffi fcrupuleux que l'Hiftorien, & ceux qui ont traité de facrilege la moindre alteration des circonstances tant foit peu confiderables de l'Ecriture Sainte, nous ont appris par leur exemple à négliger quelquefois leurs préceptes.

ACTEURS.

SAUL, Roi d'Ifraël.

JONATHA S, Fils de Saül.

MICHOL, Fille de Saül & Femme

de David.

DAVID, Mari de Michol.

ASSER, Confident de Saül.

ELISE, Confidente de Michol.
ACHAS, Confident de Jonathas.

LA PYTHONISSE,ou Magicienne.
ISRAELITES, de la fuite du Roi,

La Scene eft dans le Camp,aux environs de Gelboé, dans la Tente de Saül.

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