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Se remplit du bonheur de s'en voir adorée
Mets-toi devant les yeux fa grace,

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yeux fa grace, fes exploits, Songe à ce bras puiffant, vainqueur de tant de Rois, A cet aimable front que la gloire enyironne: Je ne te parle point du Sceptre qu'il me donne, Non, la reconnoiffance eft un foible retour, Un tribut offenfant, trop peu fait pour l'amour; Mon cœur aime Orofmane, & non fon Diadême, Chere Fatime, en lui je n'aime que lui-même. Peut-être j'en crois trop un penchant fi flateur; Mais fi le Ciel fur lui déployant fa rigueur, Au fers que j'ai portés eut condamné la vie. Si le Ciel fous mes lois eut rangé la Sirie, Ou mon amour me trompe, ou Zaire aujourd'hui Pour l'élever à foi defcendroit jufqu'à lui.

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On marche vers ces lieux, fans doute, c'eft lui-même. ZAYR E.

Mon cœur qui le prévient, m'annonce ce que j'aime, Depuis deux jours, Fatime, abfent de ce Palais, Enfin mon tendre amour le rend à mes fouhaits.

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Ertueufe Zaïre, avant que l'hymenée
Joigne à jamais nos cœurs & notre deftinée,
J'ai cru, fur mes projets, fur vous,

fur mon amour;

Devoir en Mufulman vous parler fans détour.

Les Soudans qu'à genoux cet univers contemple, Leurs ufages, leurs droits, ne font point mon exemple

Je feai que notre Loi favorable aux plaifirs,
Ouvre un champ fans limite à nos vastes defirs,
Que je puis à mon gré prodiguant mes tendresses,
Recevoir à mes pieds l'encens de mes maitreffes,"
Et tranquille au Sérail, dictant mes volontés,
Gouverner mon païs du fein des voluptés;
Mais la moleffe eft douce, & fa fuite eft cruelle;
Je vois autour de moi cent Rois vaincus par
Je vois de Mahomet ces lâches fucceffeurs,
Ceş Califes tremblans dans leurs criftes grandeurs,
Couchés fur les débris de l'Autel & du Trône,
Sous un nom fans pouvoir, languir dans Babilone;
Eux, qui feroient encor, ainsi que leurs ayeux,

elle

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Maîtres du monde entier, s'ils l'avoient été d'eux,
Bouillon leur arracha Solime & la Sirie;
Mais bien-tôt pour punir une Secte ennemie,
Dieu fufcita le bras du puissant Saladin
Mon Pere, après la mort affervit le Jourdain, 10
Et moi foible héritier de la grandeur nouvelle,
Maître encore incertain d'un Etat qui chancelle,
Je vois ces fiers Chrétiens, de rapine altetés,
Des bords de l'Occident vers nos bords attirés ;
Er lorsque la trompette & la voix de la guerre, for
Du Nil au Pont-Euxin font retentir la terre, nevett
Je n'irai point en proie à de lâches amours joué cad
Aux langueurs d'un Sérail abandonner mes jours..
J'attefte ici la gloire, & Zaïre, & ma flâmẹ,

V

De ne choifir que vous pour maitresse & pour femme,
De vivre votre ami, votre amant, votre époux,
De partager mon coeur entre la guerre & vous.
Ne croyez pas non plus, que mon honneur confie
La vertu d'une époule à ces monstres d'Afie,
Du Sérail des Soudans gardes injurieux,
Et des plaifirs d'un Maître efclaves odieux :
Je fçais vous estimer autant que je vous aime,
Et fur votre vertu me fier à vous-même; a
Après un tel avea, vous connoiffez mon coeur z
Vous fentez qu'en vous seule il a mis son bonheur,
Vous comprenez affez quelle amertume affreufevel
Corromproit de mes jours da durée odieuse,

Si vous ne receviez les dons que je vous faits,
Qu'avec ces fentimens que l'on doit aux bienfaits;
Je vous aime, Zaïre, & j'attens de votre ame
Un amour qui réponde à ma brûlante flâme :
Je l'avourai, mon cœur ne veut rien qu'ardamment
Je me croirois haï d'être aimé foiblement ;
De tous mes sentimens tel eft le caractére,
Je veux avec excès vous aimer & vous plaire.
Si d'une égale amour votre cœur est épris,
Je viens vous époufer, mais c'eft à ce feul prix,
Er du noeud de l'hymen l'étreinte dangereuse,
Me rend infortuné s'il ne vous rend heureuse.
ZAYR E.

Vous, Seigneur, malheureux ! Ah! fi votre grand

cœur

A fur mes fentimens pu fonder fon bonheur,
S'il dépend en effet de mes flâmes fecrettes,
Quel mortel fut jamais plus heureux que vous l'êtes
Ces noms chers & facrés, & d'Amant & d'Epoux,
Ces noms nous font communs, & j'ai pardeffus vous,
Ce plaifir fi flateur à ma tendreffe extrême ;
De tenir tout, Seigneur, du bienfaicteur que j'aime
De voir que
fes bontés font feules mes deftins,
D'être l'ouvrage heureux de ses augustes mains,
De révérer, d'aimer un Héros que j'admire.

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Oui, fi parmi les cœurs foumis à votre Empire, Vos yeux ont difcerné les hommages du muen, ho Si votre augufte choix....

SCENE i i i.

OROSMANE, ZAYRE, FATIME, CORASMIN.

CORASMIN.

UN efclave Chrétien,

Qui fur la foi, Seigneur, a paffé dans la France,
Revient au moment même, & demande audiance.

O Ciel !

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FATIME.

OROS MANE.

Il peut entrer. Pourquoi ne vient-il pass
CORAS MIN.

Dans la premiere enceinte il arrête ses pas :

4

Seigneur, je n'ai pas cru qu'aux regards de fon mai

tre,

Dans ces auguftes lieux, un Chrétien pût paroître.

OROS MANE.

Qu'il paroiffe ; en tous lieux, fans manquer de refpect,
Chacun peut déformais jouir de mon afpect.
Je vois avec mépris ces maximes terribles
Qui font de tant de Rois des tirans invifibles

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