Dont vos bontés, Seigneur, ont brifé les liens; On l'a mis dans les fers. OROSMAN E. Hélas ! que vais-je lire ? Laiffe-nous. je frémis. · SCENE V. OROSMANE, CORASMIN CORAS MIN. CEtte Lettre, Seigneur Į Poura vous éclaircir, & calmer votre cœur. OROSMAN E. Ah! lifons, ma main tremble, & mon ame étonnée Prévoit que ce Billet contient ma destinée. Lifons ... >> Chere Zaïre, il eft tems de nous voir. » Il eft vers la Mosquée une fecrette issuë, >> Où vous pouvez fans bruit, & fans être aperçue, Tromper vos furveillans, & remplir notre efpoir : >> Il faut vous hazarder; vous connoiffez mon zéle. ›› Je vous attends, je meurs, fi vous n'êtes fidéle. OROSMA NE. Eh bien, cher Corafmin, que dis-tu ? CORAS MIN. Moi, Seigneur ? Je fuis épouvanté de ce comble d'horreur. OROS MANE. Tu vois comme on me traite: CORAS MIN. O trahison horrible! Seigneur, à cet affront vous êtes insensible? Ah! fans doute l'horreur d'une action fi noire OROSMAN E. Cours chez elle à l'instant, va, vole Corafmin. Montre-lui cet écrit.... qu'elle tremble.... & foudain De cent coups de poignard que l'infidéle meure, Mais avant de fraper..., ah! cher ami demeure, Demeure, il n'eft pas tems. Je veux que ce Chrétien .... je ne veux plus rien.... Je me meurs.... je fuccombe à l'excès de ma rage. Devant elle amené........ non.... CORAS MIN. On ne reçut jamais un fi fanglant outrage. Le voila donc connu, ce fecret plein d'horreur ! Elle veut quelque tems fe fouftraire à ma vûe. Quoi ! Zaïre! CORAS MIN. Tout fert à redoubler fon crime. Seigneur, n'en foïez pas l'innocente victime, C'est là ce Néreftan, ce Héros plein d'honneur, De ce fafte impofant de sa vertu fublime? Je l'admirois moi-même, & mon cœur combattu CORASMI N. Seigneur, fi vous fouffrez mon zéle, Și parmi les horreurs qui doivent vous troubler, Vous vouliez. OROS MANE. Oui, je veux la voir & lui parler 3 Allez, volez Efclave, & m'amenez Zaire. CORAS MIN. Hélas! en cet état que pourez-vous lui dire a OROSMAN E. Je ne fçai, cher ami, mais je prétens la voir. Ah! Seigneur, vous allez dans votre defespoir Benfes-tu qu'en effet Zaïre me trahisse?... CORAS MIN. Seigneur, je crains pour vous ce funefte entretien. Un cœur tel que le vôtre.... OROSMAN E. Ah! n'en redoute rien : A fon exemple hélas ! ce coeur ne fçauroit feindre, Mais j'ai la fermeté de fçavoir me contraindre : SCENE. VI. OROSMANE, ZAYRE, CORASMIN. ZAYRE. Signeur, vous m'étonnez, quelle raison soudaine, Quel ordre fi preffant près de vous me ramene ? OROSMAN E. Eh bien, Madame! il faut que vous m'éclairciflicz: |