Nous promit fi fouyent de rompre notre chaîne ? Combien nous admitions fon audace hautaine, Quelle gloire il acquit dans ces triftes combats Perdus par les Chrétiens fous les murs de Damas? Otofmane vainqueur admirant fon courage, I Le laiffa fur la foi partir de ce rivage. Nous l'attendons encor, la générofité Devoit payer le prix de notre liberté. N'en aurions-nous conçu qu'une vaine espérance? WYRZ AYRE.
Peut-être la promesse a pallé fa puissance, Depuis plus de deux ans, il n'eft point revenu. Un étranger, Fatime, un captif inconnu, Promet beaucoup, tient peu, permet à fon courage Des fermens indifcrets, pour fortir d'esclavage. Il devoit délivrer dix Chevaliers chrétiens, 17.60 Venir rompre leurs fers, on reprendre les fiens. J'admirai trop en lui cer inutile zéle. Il n'y faut plus penler.
Comment? que prétendez-vous dire♪ ZAYRE.
Va, c'eft trop te céler le Deftin de Zaïre.
Le fecret du Soudan doit encore fe cacher, Mais mon cœur dans le tient fe plaît à s'épancher. Depuis près de trois mois, qu'avec d'autres Captives, On te fit du Jourdain abandonner les rives,
Le Ciel, pour terminer les malheurs de nos jours, D'une main plus puiffante a choifi le fecours, Ce fuperbe Orofmane...
Ce Vainqueur des Chrétiens.... chere Fatime, .., il.
Tu rougis.... je t'entends.... garde-toi de penfere Qu'à briguer les foupirs je puiffe m'abaifferst y'n !! Que d'un Maître abfolu la fuperbe tendreffe. M'offre l'honneur honteux du rang de sa Maitresse, Et que j'effuïe, enfin l'outrage & le danger Du malheureux éclat d'un amour paffager. Cette fierté qu'en nous foutient la modestie, Dans mon coeur à ce point ne s'eft pas démentie. Plutôt que jufques là j'abaiffe mon orgueil Je verrois fans pâlir les fers & le cercueil, T
Je m'en vais t'étonner, fon fuperbe courage A mes foibles apas prefente un pur hommage Parmi tous ces objets à lui plaire emprellés J'ai fixe les regards à moi feule adreffés
Et l'hymen confondant leurs intrigues fatales, Me foumettta bien-tôt fon cœur & mes rivales,
Mon cœur en eft fatte plus qu'il n'en eft furpris: Que vos félicités s'il fe peut foient parfaites,
Je me vois avec joie au rang de vos fujetes.
Sois toujours mon égale, & goûte mon bonheur,
Avec toi partagé je fens mieux fa douceur.
Hélas! puiffe le Ciel fouffrir cet hymenée! Puiffe cette grandeur qui vous eft destinée Qu'on nomme fi souvent du faux nom de bonheur,, Ne point laiffer de trouble au fond de votre cœur !
ft-il point en fecret de frein qui vous retienne!
Ne vous fouvient-il plus que vous fûtes Chrétienne?
Ah! que dis-tu ? pourquoi rapeler mes enmuis? Chere Fatime, hélas ! fçai-je ce que je suis ?
Le Ciel m'a-t-il jamais permis de me connoître, Ne m'a-t-il pas caché le fang qui m'a fait naître ?
Néreftan qui nâquit non loin de ce féjour, Vous dit que d'un Chrétien vous reçûtes le jour; Que dis je? cette Croix qui fur vous fut trouvée, Parure de l'enfance avec foin confervée,
Ce figne des Chrétiens que l'art dérobe aux yeux Sous ce brillant éclat d'un travail précieux, Cette Croix dont cent fois mes foins vous ont parée Peut-être entre vos mains est-elle demeurée
Comme un gage fecret de la fidélité,
Que vous deviez au Dieu que vous avez quitté.
Je n'ai point d'autre preuve, & mon cœur qui s'i
Peut-il fuivre une foi que mon Amant abhorre?
La Coutume, la Loi plia mes premiers ans,
A la Religion des heureux Musulmans :
Je le vois trop; les foins qu'on prend de notre en
Forment nos fentimens, nos mœurs, notre créance; J'euffe été près du Gange efclave des faux Dieux, Chrétienne dans Paris, Mufulmane en ces lieux. L'inftruction fait tout, & la main de nos Peres Grave en nos foibles coeurs ces premiers caracteres Que l'exemple & le temps nous viennent retracer, Et que peut-être en nous, Dieu feul peut effacer.
Prisonniere en ces lieux, tu n'y fus confirméc Que lors que ta raifon par l'âge confirmée, Pour éclairer ta foi te prêtoit fon flambeau; Pour moi des Sarazins efclave en mon berceau La foi de nos Chrétiens me fut trop tard connue, Contre elle cependant, loin d'être prévenue, Cette Croix, je l'avoue, a fouvent malgré moi Saifi mon coeur furpris de refpect & d'effroi ; J'ofois l'invoquer même avant qu'en ma pensée, D'Orofmane en fecret l'image fut tracée; J'honore, je chéris ces charitables lois Dont ici Nereftan me parla tant de fois ? Ces lois qui de la terre écartant les miséres, Des humains atendris font un Peuple de freres; Obligés de s'aimer, fans doute, ils font heureux.
Pourquoi donc aujourd'hui vous déclarer contr'eux! A la loi Mufulmane à jamais affervie, Vous allez des Chrétiens devenir l'ennemie, Vous allez époufer leur fuperbe Vainqueur.
Eh qui refuferoit le prefent de fon cœur ! De toute ma foibleffe il faut que je convienne : Peut être que fans lui j'aurois été Chrétienne, Peut-être qu'à ta loi j'aurois factifié ; Mais Orosmane m'aime, & j'ai tout oublié. Je ne vois qu'Orosmane; & mon ame enyvrée
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