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ACTE V.

SCENE PREMIERE. OROSMANE, CORASMIN, Un Efclave.

OROSMANE à l'Esclave.

N l'a fait avertir, l'ingrate va paroître.
Songe que dans tes mains est le fort de ton

Maître,

Donne-lui le billet de ce traître Chrétien

Rends-moi compte de tout, examine-la bien. Porte-moi fa réponse : on aproche.... c'eft elle. à Corafmin.

Vien, d'un malheureux Prince, ami tendre & fi

delle,

Vien m'aider à cacher ma rage, & mes ennuis.

SCENE II.

SCENE II.

ZAYRE, FATIME,

L'ESCLAVE.

ZAYRE.

H! qui peut me parler dans l'état où je fuis? A tant d'horreurs, hélas ! qui poura me souftraire? Le Sérail eft fermé, Dieu ! fi c'étoit mon frere! Si la main de ce Dieu pour foûtenir ma foi, Par des chemins cachés le conduifoit vers moi ! Quel Efclave inconnu fe prefente à ma vue ?

L'ESCLAVE.

Cette Lettre en fecret en mes mains parvenue,
Poura vous affurer de ma fidélité..

Donne.

ZAYRE.

Elle lit.

FATIME à part pendant que Zaïre lit.
Dieu tout-puiffant, éclate en ta bonté,

Fais defcendre ta grace en ce féjour profane,
Arrache ma Princeffe au barbare Orofmane.

ZAYRE à Fatime.

Je voudrois te parler.

F

FATIME à l'Esclaves

Allez, retirez-vous,

On vous rapellera, foïez prêt, laiffez-nous.

L

SCENE III.

ZAYRE, FATIME,

ZAYRE.

Is ce billet, hélas ! dis-moi ce qu'il faut faire ?
Je voudrois obéir aux ordres de mon frere.

FATIM E.

Dites plûtôt, Madame, aux ordres éternels

D'un Dieu qui vous demande aux pieds de ses Autels
Ce n'eft point Néreftan; c'eft Dieu qui vous apelle.
ZAYRE.

Je le fçais, à la voix je ne fuis point rebelle,
J'en ai fait le ferment, mais puis-je m'engager,
Moi, les Chrétiens, mon Frere, en un fi grand danger?
FATIME.

Ce n'eft point leur danger dont vous êtes troublée,
Votre amour parle seul à votre ame ébranlée.
Je connois votre cœur, il penseroit comme eux,
11 hazarderoit tout, s'il n'étoit amoureux.
Ah! connoiffez du moins l'erreur qui vous engage
Vous tremblez d'offenfer l'Amant qui vous outrage.

Quoi? he voïez-vous pas toutes les cruautés,
Et l'ante d'un Tartare à travers fes bontés ?
Ce tigre encor farouche au fein de fa tendreffe,
Même en vous adorant, menaçoit fa Maitreffe....
Et votre coeur encor ne s'en peut détacher ̧

Vous foûpirez pour lui ?

ZAYRE.

Qu'ai-je à lui reprocher ?

C'est moi qui l'offenfois, moi qu'en cette journée,
Il a vû souhaiter ce fatal himenée;

Le Trône étoit tout prêt; le Temple étoit paré,
Mon Amant m'adoroit, & j'ai tout differé.
Moi, qui devois ici trembler fous fa puillance,
J'ai de fes fentimens bravé la violence,
J'ai foumis fon amour, il fait ce que je veux,
Il m'a facrifié fes transports amoureux.

FATÍME.

Ce malheureux amour dont votre ame eft bleffée, Peut-il en ce moment remplir votre pensée

ZAYRE.

Ah! Fatime, tout fert à me desespeter:
Je fçai que du Sérail rien ne peut me tirer:
Je voudrois des Chrétiens voir l'heureuse contrée,
Quitter ce lieu funefte à mon amie égarée,
Et je fens qu'à l'iftant prompte à me démentir,
Je fais des voeux fecrets pour n'en jamais fortir.

Quel état ! quel tourment! Non, mon ame inquiéte
Ne fçait ce qu'elle doit, ni ce qu'elle fouhaite;
Une terreur affreufe eft tout ce que je sens.
Dieu, détourne de moi ces noirs preffentimens,
Prends foin de nos Chrétiens, & veille fur mon frere,
Prends foin du haut des Cieux d'une tête fi chere,
Oui, je le vais trouver ; je lui vais obéir.
Mais dès que de Solime il aura pû partir,
Parfon abfence alors à parler enhardie,
J'aprends à mon Amant le fecret de ma vie,
Je lui dirai le culte où mon cœur eft lié,
Il lira dans ce cœur, il en aura pitié :
Mais dûffai-je au fuplice être ici condamnée,
Je ne trahirai point le fang dont je fuis née.
Va, tu peux amener mon cher frere en ces lieux.
Rapelle çet Efclave.

SCENE IV.

ZAYRE feule.

Dieu de mes Aïeux.

Dieu de tous mes parens,

de mon malheureux Pere,

Que ta main me conduife, & que ton œil m'éclaire.

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