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qu'ils étoient à Jérufalem du temps de Salomon? Cependant ce roi, tout grand qu'il eft, CHAP. I. que produit-il de nouveau? Ses beaux ouvrages ne font que l'arrangement de ce qui est déja fait. D'ailleurs il peut bien en former le projet : mais l'exécution n'eft pas en fon pouvoir. Il a befoin que l'efprit & les mains d'une infinité d'hommes viennent à fon fecours; & ces hommes eux-mêmes ne peuvent rien faire qu'à l'aide des inftruments. Otez à ce puiffant roi tous ces bras & ces inftruments; il ne pourra par la force de fa parole & par l'autorité de fon commandement remuer feulement une paille. Mais vous, Seigneur, vous avez dit, & tout a été fait vous avez commandé, & tout a été créé. Vous donnez à toutes chofes le fonds de l'être, auffi-bien que la forme & l'arrangement. Nul autre ne partage avec vous la gloire de vos ouvrages; & vous n'avez befoin de vousmême pour faire tout ce que vous voulez, parce que votre volonté eft efficace & toute puiffante. Vous êtes digne, Seigneur notre Disu, de recevoir gloire, honneur & puiffance, parce que vous avez créé toutes chofes, & que c'est par votre volonté qu'elles fubfiftent, & qu'elles ont été créées.

que

[Que la lumiere foit. Et la lumiere fut. J Paroles admirables dans leur fimplicité, & qui font fentir beaucoup mieux que les expreffions les plus magnifiques, la fouveraine puiflance du Créateur. Qu'étoit-ce que l'Univers, & quel affreux chaos, lorfqu'il étoit plongé dans les ténébres? Et quelle beauté, quel éclat reçûrent toutes fes parties, lorfque tout d'un coup elles devinrent éclairées, & peintes de mille couleur? Mais fi cette lumiere créée qui éclaire yeux du corps, nous paroît fi belle & fi ai

les

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Apoc. 4. 12

mable; combien l'eft plus celui qui en eft le CHAP. I. créateur, & qui eft lui-même la lumiére éternelle de nos ames, lumiére qui n'eft mêlée d'aucunes ténébres, qui ne reçoit ni progrès ni déclin; inacceffible en elle-même, mais qui fe répandant fur nous par miféricorde, fe propor-tionne à nos foibles yeux,. & nous découvre tout ce qui eft vrai, jufte & raisonnable ? Car c'eft dans cette lumiére, & par elle, que nous appercevons les véritez même naturelles, les régles des devoirs, & les principes de juftice & d'équité, qui doivent former nos fentiments & notre conduite; de même qu'à là faveur de la lumière créée nous voyons les objets fenfibles. Lumiére éternelle, je vous adcre: j'ouvre à vos rayons mes yeux aveugles: je les ouvre & les baiffe tout ensemble, n'ofant ni éloigner mes regards de vous, de peur de tomber dans l'erreur & dans les ténébres ; nit auffi les arrêter trop fur cet éclat infini, de peur: Prov. 25. 27. que fcrutateur têmeraire de la Majefté, je ne fois ébloui par la gloire.

[Dieu vit que la lumiére étoit bonne. Cette parole he fignifie pas que la lumiére ait plû à Dieu après qu'il l'eut créée, comme s'il ne l'eût pas connue auparavant; mais feulement qu'il ́ l'a approuvée après l'avoir faite, comme la trouvant entiérement conforme aux régles de fa divine fageffe.

On voudroit peut-être fçavoir quel étoit le corps lumineux qui éclairoit le monde, puifque. ni le foleil, ni la lune, ni les étoiles n'étoient pas encore. Mais le filence du S. Efprit fur ce fujet, nous apprend à réprimer notre curiofité. Qu'il nous fuffife de fçavoir que puifque la lumiére étoit avant la formation de ces grands corps qui nous éclairent; ni le foleil, ni les étoi

les n'en font pas le principe; que rien n'eft lumineux par fa nature, & que tout le devient quand Dieu le veut.

[Il fépara la lumiére d'avec les ténébres. ] Il marqua un ordre & une fucceffion entre les téné– bres & la lumière : il en fépara les temps & les régla.

[Du foir du matin fe fit le premier jour.] Ce premier jour qui régle les fuivants, à deux parties. La premiere eft la nuit : c'eft ce temps de ténébres qui précéda la création de la lumiére. L'Ecriture l'appelle foir, parce que le fair eft le commencement de chaque nuit. La feconde eft le jour, que l'Ecriture nomme le matin par une raifon femblable: c'eft le temps où la lumiére éclaira d'abord la terre jufqu'à l'autre foir où commençoit le fecond jour. C'est de là qu'eft venu chez les Juifs, & enfuite chez les Chrétiens, l'ufage de célébrer les fêtes d'un foir à l'autre.

[Qu'il y ait entre les eaux un Firmament.]Ce Firmament, ou étendue, c'est tout cet espace qui s'étend depuis la furface de la terre jufqu'aux étoiles fixes.Les eaux d'au-deffous du Firmament, ce font celles qui appartiennent à la terre, les mers, les riviéres, les fontaines, les pluyes.Les eaux d'au-deffus nous font inconnues. Tenonsnous en à ce que dit l'Ecriture: inutilement tenteroit-on d'aller plus loin.

[Dieu donna au Firmament le nom de Ciel.] Pour avoir quelque idée de l'étendue du ciel, obfervons que le foleil qui nous paroît y occu→ per fi peu de place, eft un million de fois plus grand que le globe de la Terre, dont le circuit: eft de neuf mille lieues. C'en eft déja affez pour nous faire juger en général de la prodigieute distance qui eft entre le foleil & la terre, & do

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l'étendue immenfe des cieux. Mais il eft bo CHAP. I. d'écouter là-deffus un des plus habiles astronomes du dernier fiécle, qui a examiné quel temps Hugens dans fon Como- un boulet de canon mettroit à parcourir l'eftheoros pag. pace de la terre au foleil, & du foleil aux pla& fuiv. nétes fupérieures, & aux étoiles fixes, en con

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fervant toujours la même viteffe avec laquelle il parcourt les cent premiéres toifes depuis fa fortie du canon. Il eft prouvé par plufieurs expériences que ce boulet fait les cent premiéres toifes en une feconde : c'eft la foixantiéme partie d'une minute, ou un battement d'artére. En continuant donc de fe mouvoir avec la même Dans ce cal- viteffe, il feroit trois lieues en une minute eul on ne fait 180 lieues en une heure, & 4320 en un jour. Is lieues que Or cet auteur, par la connoiffance exacte que les principes de l'Aftronomie lui donnent de la distance de la terre au foleil, & du foleil aux planétes, trouve qu'il faudroit vingt-cinq ans à ce boulet pour venir du folcil à la terre; vingt-cinq ans pour aller du foleil à la planéte appellée Jupiter; & deux cents cinquante ans pour arriver du foleil à Saturne, la plus haute de toutes les planétes.

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Les.

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Mais quelque étonnantes que foient ces di fances, elles ne font rien en comparaison de celle des étoiles fixes. Ces étoiles innombrables, dont plufieurs échappent à notre vûe, & qui ne paroiffent que des points dans le Firmament, font autant de foleils par leur grandeur, & par l'éclat de leur lumiére. Quel doit donc être leur éloignement puifque tous ces foleils enfemble éclairent fr foiblement la terre où nous habitons? En effet le même af tronome qui n'a plus de régle absolument cer taine pour en mefurer la diftance, mais de conjectures appuyées fur de folides raifons, ju

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ge que celle de toutes les étoiles fixes, qui eft la plus proche de nous, eft vingt-fept mille fix CHAP. I. cents loixante quatre fois plus éloignée de nous que le foleil. D'où il s'enfuit que le boulet de canon dont nous parlons, partant du soleil, & faifant quatre mille trois cents vingts lieuës par jour, emploieroit fix cents quatre-vingt-onze mille fix cents foixante, ans, c'est-à-dire près de fept cents mille ans à arriver jufqu'à cette étoile, laquelle eft autant & plus éloignée d'autres étoiles fupérieures, que du foleil.

Notre imagination fe perd ici ; & nos penfées fe confondent. Mais concevons par là combien eft grand celui qui d'une feule parole a fait de fi grandes chofes. Que l'homme, qui occupe à peine deux pieds en quarré sur la furface de la terre, laquelle n'est elle-même qu'un atome imperceptible dans cet Univers, apprenne à eftimer leur jufte prix les royaumes, les villes, fes projets, fes ouvrages, & foi-même & qu'il mette fa grandeur & fa gloire à s'abbaiffer profondément devant la Majefté de celui dont un Prophéte dit, Que toutes les na-Ifa. 40. 35, tions ne font devant lui que comme une gout-17. 12. te d'eau, & la terre qu'elles habitent, que comme un grain de pouffiére; que tout l'Univers est devant lui comme n'étant point; & que fa puiffance & fa fageffe le conduïfent, & en réglent tous les mouvements avec la même facilité qu'une main foutient un poids léger, dont elle fe joue plûtôt qu'elle n'en eft chargée.

[Que les eaux...e raffemblent en un même lien... Et cela fe fit ainfi. Le prophete, pour exprimer la prompte obéiffance de la créature à l'ordre de fon Créateur, représente le comman

dement de Dieu comme une menace terrible & comme un coup de tonnerre qui fait fuit les

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