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Et la frêle jardinière avait senti son âme déborder le joie et d'amour; on avait ajouté que Henri allait cevoir ses plaines et son castel de Nérac.

IV.

Et un jour la foule se roulait longue et pressée aux bords de la Baïse on vit la foule autour des murs crénelés du château de Nérac; on la vit courir dans les rues, on la vit sur les places, on vit la foule partout.

La flamme des candelabres s'éteignit. Elle attendit encore....... Il ne viendra pas, dit-elle; mais il viendra demain.

Et le lendemain, quand vint le soir, la jardinière alla s'asseoir auprès de la fontaine... Et Henri n'arriva pas.

Un jour pourtant où la pauvre enfant rêvait, triste et pensive, et caressait les fleurs de sa tète déjà fanées; elle entendit une voix bien connue, frémit d'espoir et approcha.

Et elle vit une femme belle et parée, assise avec Les écuyers de Navarre chevauchèrent brillaus Henri, sous l'ombre, et tous deux enlacés de leurs dans la plaine, la cuirasse étincelante, et les casques,mains, se regardaient avec délices, et elle entendit la aux flammes penchées, flamboyaient aux rayons du voix dire amoureusement: Dans la garenne, pour desoleil; les étendards aux blanches fleurs de lys se dé- viser d'amour, je t'attendrai ce soir. ployèrent, et les coursiers fendirent, fiers, les flots de la multitude.

La province attendait........ Toutes ces têtes impatientes ne voulaient qu'un homme, et toutes ces bouches murmurèrent long-temps le nom de Henriot.

Un cri s'éleva bientôt, cri d'amour et de joie, qui fit mouvoir ensemble cette masse de peuple: Le voilà! le voilà!

Et enfin il parut, Henri, sur son beau palefroi, et le peuple l'accompagna, élevant ses cris d'amour, aux portes du castel.

Et pendant que son palefroi divisait la grande foule, Henri ne vit pas une enfant qui agitait un mouchoir blanc du haut du tertre où elle était placée, et qui, rouge et tremblante, le dévorait des yeux.

Et le soir, quand la lune brilla au ciel bleu, Fleuret'e vit couler les eaux fugitives de la Baïse et écouta le bruit du feuillage. Elle vit s'éclairer les ogives du château et passer la danse vive et tournoyante. Son ame fut confiante et heureuse, et son cœur battit bien fort dans sa jeune poitrine, quand une ombre se dessinait sur les murs blancs de l'enceinte. Il lui semb'ait c'était une ombre amie. que

Et la pauvre enfant sentit sur son front passer une sueur livide; on eût dit que l'ange de mort avait touché de son aile cette pauvre exilée. Un frisson violent se glissa sur ses membres, et sa bouche murmura dans la souffrance: Je n'ai plus qu'à mourir.

Et puis on entendit le bruit d'un corps dans l'eau, et une voix gémir.

Fleurette avait fini sa vie d'amertumes. Pauvre fleur, elle avait paru brillante le matin, et s'était étiolée avant la fin du jour. De la triste vallée, ange, tu remontas dans ta patrie si belle; et tu ne pouvais pas, oiseau sans harmonie, blanche fleur sans parfum, vivre isolée et sans amour.

Et quand la cloche eut tinté l'Angelus du soir, que la flamme rouge du soleil couchant eut doré l'horizon; quand la marguerite de la fontaine se pencha, étiolée, sur sa tige à demi flétrie, et que le rossignol préluda dans la brise, Fleurette était encore au lieu d'amour, et son cadavre tremblait dans l'eau de la fontaine.

Et quand la lune argenta la Baïse, Henri, sous la feuillée, et près d'une autre devisait....... il devisait d'amour !.,...

Marie GRAND.

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et classées avec art: il n'en est rien pourtant; il règne dans ce volume le plus grand désordre, circonstance qui dut probablement en diminuer le succès. On n'y trouve la date d'aucune pièce, ni presque jamais le nom de la personne à qui elle fut adressée, et bien moins encore l'indication des sources classiques où Maynard avait puisé avec abondance. Pensant que tout cela nuisait à ce recueil, il y a plus de vingt ans que je lui donnai de longues veilles, grace à une heureuse découverte, qui vint m'aider à augmenter considérablement mes matériaux. Aussitôt je disposai le tout d'une manière nouvelle, et j'y joignis des notes nécessaires, qui rendront cette lecture plus agréable, j'ai failli dire plus utile: qu'on me pardonne ce dernier mot; il y a long-temps que l'on connaît la faiblesse des éditeurs, et la facilité avec laquelle ils se laissent aller à de favorables préventions. Comment pourrais-je seul leur échapper en m'occupant d'un poète si ingénieux, si aimable et si piquant? Quoi qu'il en soit, j'espère que cette édition,

pour laquelle j'ai multiplié les soins, les peines et les recherches, donnera un nouveau lustre à l'ancienne et juste réputation que s'était acquise le Martial de Toulouse.

Mais, avant d'aller plus loin, permettez-moi de décrire les manuscrits qui m'ont fourni tant de richesses, cette description n'étant nullement étrangère à mon dessein.

Le premier volume a environ sept cent pages, petit in-folio, ou très grand in-4°; le second est moins considérable ils renferment presque toutes les poésies que Maynard a publiées et beaucoup d'autres inédites. Elles sont dispersées çà et là, sur les divers feuillets de ces anciens registres, remplis de ratures, de corrections, de transcriptions, de nouvelles et différentes versions, toutes écrites en entier de la main de Maynard. Ils étaient son brouillard journalier; il y consignait tout. Des lettres et des sonnets y sont entremêlés de pensées remarquables, qui sont là comme des pierres

d'attente, et qu'on reconnaît appartenir à Catulle, à Juvenal, à Horace, à Ausone, à Owen, et surtout à Martial, qu'il affectionnait beaucoup. Sans doute, en traduisant, dans ses momens d'inspiration, différens morceaux de ces charmans auteurs, il avait l'intention de les encadrer ensuite dans ses malignes épigrammes; et c'est réellement ce qu'il a fait plus tard avec beaucoup d'habileté. On Ꭹ voit encore abondamment des traits ébauchés, des pièces commencées, des vers isolés, des variantes à foison, qui m'ont initié dans tous les mystères de ses laborieuses compositions poétiques. Aussi ai-je tout copié, tout recueilli: ses moindres vers, ses pensées et ses lettres. Ces dernières, minutées ou transcrites sans aucune date, sont destinées à différentes personnes, dont pas une n'est désignée; c'est un regret que je formule. Partout l'écriture en est bizarre, pressée, pale, difficile, presque indéchiffrable, et sans la moindre ponctuation, ce qui fatigue beaucoup l'attention et la vue. Cependant, malgré l'extrême embarras d'arranger et de classer tant de fragmens, qui ne sont pas tous publiables, ces manuscrits sont infiniment précieux pour un amateur, et surtout pour un éditeur. Ils me fournissent l'occasion d'annoncer aux amis des lettres une bonne nouvelle. J'y ai découvert un très grand nombre de morceaux inconnus, dont plusieurs sont dignes de figurer à côté de ce que Maynard a produit de mieux. Par quelle raison, par quelle distraction, ou par quelle modestie négligeait-il d'en faire usage? Je l'ignore. Ses OEuvres ne renferment aucun Rondeau ; j'en ai découvert sept : j'ai aussi un petit poëme, une élégie, des stances, des odes, une satire, un virelay, beaucoup de lettres, force épigrammes, et peut-être aurais-je pu recueillir une plus grands quantité d'opuscules inédits, si une main barbare n'avait déchiré une foule de feuillets !...

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Que de trésors ils pouvaient contenir!... Après ce préambule, entrons en matière. François de Maynard, fils de Géraud de Maynard, conseiller au parlement de Toulouse, naquit en 1582, dans cette ville, ainsi que je le prouverai plus bas, quoique Aurillac et Saint-Ceré veuillent lui disputer cet honneur. Il y fit de brillantes études, et il est probable qu'il était destiné à la magistrature; mais il ne remplit pas entièrement cette carrière: le goût des Muses l'emporta. Il se livra à leur ingénieux ascendant, et toute sa vie fut consacrée à faire des vers.

Il était d'une famille illustrée par de hautes charges; cependant, pour me servir d'une expression très vulgaire, il ne faisait pas le fier, car, vers 1640, il répondait à M. de Flotte, son compatriote, son ami, son confident, et presque son protecteur, par son crédit à la cour: Vous me demandez mon nom et mes qualités: mon nom est François de Maynard (sic.); pour des seigneuries, mes pères ne m'en ont point laissé, et les Muses m'ont empéché d'en acquérir.

Il alla à Paris, chercher la fortune et la réputation, et si l'une lui fut toujours cruelle, en revanche il obtint de l'autre toutes les faveurs. Par le crédit des amis de son père, il fut placé en qualité de secrétaire de ses commandemens et de sa musique, près de Marguerite de Valois, première femme d'Henri IV, à peu près vers 1605, à l'époque où elle obtint la permission de revenir à Paris. Peut-être même avait-il été plus tôt

admis au service de cette princesse-reine. Quoi qu'il en soit, il avait alors vingt-deux ou vingt-trois ans, et un penchant extrême pour la poésie. Il en parle ainsi dans une pièce inédite :

Je m'étonne, mon cher ami,
Que tu me reproches la rime,
Et d'avoir trop long-temps dormi
Sur la montagne à double cîme.

C'est à quoi je fus destiné
Dès les premiers jours de ma vie,
Et la Muse m'aurait traîné
Si je ne l'avais pas suivie.

Clément Marot fut son modèle, et je ne comprends pas comment les biographes (qui à la vérité ont fait peu de recherches, et n'ont guère été que les serviles échos de Pélisson) n'ont pas songé à faire un rapprochement qui me frappe. Tous deux furent attachés à deux Marguerites de Valois, Reines de Navarre, belles, aimables, spirituelles: la première, fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulême, et de Louise de Savoie, née le 21 décembre 1492, morte le 2 décembre 1549; la seconde, fille d'Henri II et de Catherine de Médicis comtesse du Lauraguais), née le 14 mai 1552, morte le 25 mars 1615; de sorte qu'il n'y a que trois ans d'intervalle entre l'existence des deux Marguerites, et trente-huit entre celle des deux poètes: cela méritait d'être remarqué. Ainsi que Clément Marot l'avait été par François Ier, François Maynard fut bien accueilli par la cour brillante et joyeuse d'Henri IV, surnommé le vert galant, et ce qui vaut mieux l'ami de son peuple. Le titre de secrétaire de la belle princesse, et la beauté de ses vers, le firent considérer de tout ce qu'il y avait de personnes distinguées dans la capitale : « La » politesse de ses manières et l'enjouement de sa con>>versation ne contribuèrent pas moins à le faire aimer » et rechercher. »>

On a prétendu que Clément Marot avait aimé Marguerite, reine de Navarre, et qu'il avait été payé du plus tendre retour; c'est une calomnie de Langlet Dufresnoy, son commentateur, que l'abbé Goujet a judicieusement repoussée et anéantie. On n'a pas dit la même chose de Maynard, sans avoir pourtant ménagé d'avantage les mœurs de la seconde Marguerite. Če n'est pas ici le moment de discuter ces diverses accusations; dès l'âge le plus tendre, séparée de son mari, qui déja lui avait été plusieurs fois infidèle, peut-être mérita-t-elle quelques-uns des reproches qu'on a prodigués à sa conduite. On lui attribue des galanteries, dont on a au moins exagéré le nombre. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1606, dans un recueil, dont l'impression fut achevée le 25 février 1607, Maynard plaça des Stances qui commencent ainsi :

Il faut que par mes cris je rompe le silence; L'ennui qui me possède a trop de violence

Pour ne se montrer pas,

Et l'esprit de Damon était trop plein de charmes Pour craindre que ce soit une honte à mes larmes D'honorer son trépas.

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Cette princesse mourut en 1615. Que devint alors Maynard? Il s'était lié avec Malherbe, qui se plaignait aussi de l'ingratitude des grands et de la fortune; avec Desportes, le mieux renté des beaux esprits, ce qui faisait dire à Balzac : Le loisir de dix mille écus que s'est fait Desportes par ses vers, est un écueil contre lequel les espérances de dix mille poètes se sont brisées ; avec Regnier, le satirique; de sorte qu'il ne s'occupait guère que de vers. Pourtant, un beau jour, il fut revêtu du titre de président du présidial d'Aurillac, qu'il paraît avoir laissé bien tranquille, abandonnant à son subdélégué le droit de juger à sa place les contestations qui pouvaient subvenir dans l'étendue de sa juridiction. Il fit alors un long poème en stances, d'environ trois mille vers, à l'imitation de la Sirène de Durfé, 1611, et de l'Iris de Lingendes, qu'il intitula Philandre, dont il parut trois éditions; la première à Toulouse, in-16, en 1619, la seconde en 1621, et la troisième en 1623.

Au commencement du mois de mars 1634, il partit par eau de Lyon, à la suite de M. de Noailles, comte d'Agen, qui se rendait à Rome pour remplacer le comte de Brassac, ambassadeur auprès de Sa Sainteté. Ils allèrent à Gènes et ensuite à Civita-Vechia, où ils n'arriverent que le 10 avril, à cause que la galère qui

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les portaient ayant été démantelée par la tempête, il leur fallut retourner de Livourne à Porto-Venare. Enfin, ils atteignirent l'antique ville aux sept collines, dans laquelle Maynard eut le bonheur de se faire distinguer et choisir par les plus grands et les plus illustres personnages. Un moderne a écrit à ce sujet, ces paroles dont quelques-unes sont fort étranges: « Dans cette » capitale du monde chrétien, on remarqua la vivacité » du poète toulousain; elle lui valut l'amitié du fameux » cardinal Bentivoglio, aussi habile écrivain qu'aimable » littérateur et savant homme d'état. Ce prince de » l'église fit connaitre Maynard au pape Urbain VIII, » qui, par une faveur particulière, donna de sa main av. » poète français un exemplaire de ses Poésies latinesr » Cette bienveillance du souverain pontife, la faveu » dont notre auteur jouit en France auprès des grands, » lorsqu'il fut revenu de son voyage, ne lui offrirent » que de stériles honneurs; il ne put obtenir de plus » solides avantages. Vainement se prosterna-t-il devant » les puissans du jour, vainement accabla-t-il Richelieu, » alors premier ministre, et véritable Roi de France, » de tout ce que la flatterie a de plus enivrant; il eut beau >> dire:

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« Le cardinal se montra insensible à ses louanges, »> continue le critique. A celles de Maynard, oui; mais non pas à celles de Gomberville: savez-vous pourquoi? Richelieu aimait la louange, il l'aimait avec excès; il désirait que tous les écrivains le louassent, et s'il a repoussé constamment les poétiques éloges de notre spirituel poète, la cause lui en est trop honorable pour qu'elle ne méritât pas d'être recherchée et publiée : c'est qu'il ne lui pardonnait pas la franchise et le courage avec lesquels il avait osé rester attaché à ses adversaires disgraciés et en prison. Richelieu était implacable, et quoiqu'il fut cardinal (ce qui exigeait qu'il fùt chrétien) il ne pardonnait jamais.

La preuve de cette courageuse fidélité de Maynard se trouve dans ses OEuvres, qui renferment des vers, adressés aux deux illustres malheureux (le comte de Carmain et le maréchal de Bassompierre), publiés du vivant de Richelieu, et dans une foule de Lettres, dans lesquelles il ne cessait de gémir de leur infortune.

En voici deux exemples entre mille; il écrivait à

M. de Pressac, greffier en chef au parlement de Toulouse, alors à Paris :

«Oh! que je serais heureux de vous revoir à Castelnau, » en état de vider avec moi quelque bouteille à la santé » de nos illustres amis; et plus heureux encore si nous >> brûlions tous les fagots du bois de Bressac pour » célébrer, par un éclatant feu de joie, le retour de » la liberté de ces deux héros, de qui vous et moi ne » sommes jamais las de parler. Puisque vous les allez >> visiter quelquefois à la Bastille, prenez le soin de » leur dire la force de la passion que j'ai pour eux, qui » est si grande, que quelque bonne fortune qui arrive » à notre siècle, je ne saurais l'estimer heureux, tant » que le lieu où ils sont les éloignera des emplois. »> (pag. 403).

Et à M. de Flotte, homme de lettres, et courtisan en faveur :

>>

«

<< Je vous demande des nouvelles de ce jeune prince, » archevêque de Reims, et de nos deux illustres mal» heureux, que vous voyez presque tous les jours. Je »> ne puis digérer cette longue prison, que nous appel»lerions injuste, si Ferragus (Richelieu) n'était pas » encore au monde. » ( p. 440 ).

Je reviens au passage que j'ai interrompu « Et » tandis que Richelieu comblait de ses faveurs des >> hommes d'un mérite bien inférieur à celui de May»nard, il ne fit rien pour lui. Le poète, loin d'être » découragé, se dépouilla même de toute honte.» (Que dites-vous? Quelle sévérité! Mais cette flétrissante expression n'est-elle pas aussi déplacée qu'injuste et cruelle?...)« Il adressa un placet en vers à Richelieu, » dans lequel il lui disait qu'il allait bientôt voir sur les >> bords du Cocyte, ce François Ier

« Qui fut le père des savans

» Dans un siècle plein d'ignorance ; »

» Assertion fausse, car le règne de ce prince vit la >> renaissance des lettres et le triomphe des arts. >> (Non, l'idée de Maynard n'est pas fausse; le mot de siècle embrasse tout, et si la renaissance des lettres eut lieu sous le règne de François Ier, c'est parce que ce prince protégea les savans, que son siècle, très ignorant, n'eût pas su apprécier et estimer sans lui. « Et, poursuivait Maynard:

« S'il me demande à quel emploi
>> Tu m'as occupé dans le monde,
» Et quel bien j'ai reçu de toi :

>> Que veux-tu que je lui réponde? »

» Rien, répliqua Richelieu, qui, comme l'observe » Pélisson, n'aimait pas qu'on lui demandât, voulant >> avoir la gloire de donner de son propre mouvement. >> Cette dure réponse ne peut guère se faire pardonner par la remarque de Pélisson; car lorsque le cardinal, qui s'était presque fait assez violemment le monarque de cette époque et le roi de son roi, ne donnait pas, n'était-il donc point permis de lui demander des faveurs, des grâces, des charges ou des pensions, surtout en aussi beaux vers que ceux de Maynard? D'autres ont fait de pareilles demandes sans qu on le leur ait jamais reproché. On cite de poétiques placets du P. Sanleque,

de Roubin, de La Fontaine, de Mlle Bernard, de Mme Deshoulières, de Marie de Rasily. D'ailleurs, les plaintes assez fréquentes que Maynard s'est permis d'écrire contre l'oubli de la Fortune et l'ingratitude des Mécènes d'alors, ont une élégance qui charme l'esprit et leur sert d'excuse; c'est un jeu poétique, dans lequel, en riant, le poète disait la vérité aux égoïstes.

La critique continue: «Irrité d'une réponse pareille, »> (il y avait de quoi; elle était aussi arrogante que barbare), « Maynard, qui avait peu de dignité dans » l'esprit (je viens de fournir la preuve du contraire), >>ne rougit pas de chanter la palinodie. »

Et pourquoi n'aurait-il pas chanté la palinodie, après une réponse aussi amèrement inconvenante que ce fameux Rien? Les poètes sont comme les abeilles; ils produisent du miel : mais ils sont armés d'un aiguillon pour leur défense, et même pour leur vengeance. Non que j'approuve la vengeance; je ne fais qu'exposer un fait.

Les circonstances qui se rattachent à cette pièce, tiennent trop d'importance dans la vie de Maynard, pour que je n'en rapporte pas l'histoire. Dès qu'il l'eut terminée, il écrivit à M. de Flotte :

« Je souhaite, sous votre bon plaisir, que l'on voye » le sonnet de François Ier.... Il faut que vous fassiez » vos efforts pour le faire lire à Ferragus (surnom » qu'il avait donné à Richelieu, comme Voltaire dé» guisait celui de Frédéric II, roi de Prusse, sous le » sobriquet de Luc.) Si je n'eusse cru vous fâcher et » douter de votre crédit, je l'aurais envoyé à quelque » courtisan de ce ministre; mais j'aimerais mieux >> perdre toute la gloire qui me peut venir de mes » ouvrages, que de les avoir produits dans le beau » monde que par vos mains. »><

M. de Flotte avait, suivant son usage, critiqué cette pièce, et Maynard lui répondait « Je vous envoie » encore l'épigramme de François Ier; je crois qu'elle >> vous plaira en la dernière forme que je lui ai donnée, » pourvu que vous ne traitiez pas l'affaire théologique» ment, et que vous ne vouliez pas que j'aie plus » d'égards en cette rencontre à messieurs les critiques » qu'au sixième livre de l'Encïde, et à l'onzième de » l'Odyssée je vous prie de m'en écrire bientôt votre » sentiment...... Je suis amoureux passionné de ce » caprice, et crois m'être fort bien expliqué, pourvu » que vous n'opposiez pas saint Paul, Virgile et la » Sorbonne à Parnasse. » Dans une autre lettre, il dit encore: « Je n'en saurais avoir bonne opinion qu'après » que vous en serez satisfait. Vous voyez les choses >> plus finement que ceux qui ont été mes approbateurs, >> et souvent vous condamnez avec raison ce que les >> autres estiment excellent. Je ne puis pourtant goûter » la correction du premier quatrain, et je croirais étre » mal mené de la Sorbon.c si j'avais mis saint Pierre » à la place de Tibère. Songez-y bie, je vous en » supplie, et ne me faites pas excommunier sur la fin de » mes jours. »

Cependant, il céda à quelques-unes des exigences de cet ami, ainsi que le prouvent ces lignes : « J'ai » changé l'épigramme de François Ier selon votre or» dre. Mes amis de province l'avaient censurée trop » sévèrement; ils voulaient que je parlasse en théolo» gien (Flotte l'avait aussi voulu) et non pas en poète,

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