페이지 이미지
PDF
ePub
[merged small][merged small][merged small][graphic][merged small][merged small]

Le cardinal de Richelieu venait de rendre le dernier soupir, et le faible Louis XII n'avait pas tardé à suivre l'homme qui le subjugua jusqu'au-delà du tombeau.

Ce fut un moment d'espoir. La France entière respira plus librement, affranchie qu'elle était de la main de fer qui l'oppressait depuis longues années. Le parlement avait vu briser ses chaînes, et rendre à leurs siéges ses membres exilés ou plongés dans les cachots; le tiers-état était favorable à Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII, à qui ses malheurs tenaient lieu de vertus, et la noblesse croyait savoir ce qu'elle devait attendre de Louis XIV, enfant-roi, et d'une reine -accoutumée à ne voir dans ses chefs que des amis et des compagnons d'infortune: aussi, de longs cris de

joie saluèrent la régente de France, et ces cris furcnt répétés par tous les manoirs féodaux du royaume.

Mais, hélas! quelle devait être la consolation du peuple! Aux déceptions du passé, pourrait-il opposer les vœux du présent, les espérances de l'avenir? Ou bien, retombé sous le poids du despotisme, le pouvoir populaire devait-il attendre de nouveau le jour marqué par les décrets éternels, pour étouffe. ses ennemis dans ses bras de géant?

Un italien adroit devait résoudre la question : ce fut Mazarin, ministre fier de la confiance illimitée de la reine, de cette femme aux pensées perfides, opiniàtres, qui toujours se montrait plus sensible aux injures qu'aux bienfaits. Le cardinal-roi, maître de tout, organisa Lientôt un pillage universel, le plus déhonté du

nonde. Le trésor public épuisé, il imposa tout, il vendit tout, noblesse, charges judiciaires; il ne resta plus, comme on le disait alors, que l'air du ciel qui ne fùt pas imposé.

Dans un tel état de choses, des germes de résistance, d'abord faibles et inaperçus, croissent lentement au sein des corps de l'état; bientôt ils se dressent, dans leur large et menaçante extension, sur la tête du despote. Leur fruit est la guerre civile: la Fronde a éclaté !

Le prince de Condé, à la tête d'une armée, se jette brusquement dans les provinces: la Guienne est à lui, Partout on le croit armé pour le roi; on suppose qu'il veut défendre les intérêts de la couronne contre ceux qui abusent des faiblesses du monarque enfant ; et Périgueux, partageant cette erreur, voit bientôt ses remparts envahis par les régimens de Condé, de Montmorency, et par les troupes irlandaises commandées par le farouche marquis de la Roque, Gaxion Hilaire de Chanlost, surnommé Pied de fer; tandis qu'à la tète des cavaliers ennemis se trouve Jacques sans raison, lieutenant de Chanlost, et impassible exécuteur des ordres de son chef.

Chanlost est nommé gouverneur de Périgueux par Condé, et bientôt Périgueux est traité en ville conquise.

Toutes les fortifications sont occupées par l'étranger; contre les maisons des citoyens sont tournées les pièces d'artillerie qui naguère protégeaient les murailles. L'évêché est la demeure et le quartier-général du gouverneur. Au devant de ses portes, et tout autour de la Clautre, s'élève une forte palissade coupée à quelques intervalles, et garnie de pièces de canon qui, toutes, correspondent par ces embrasures, aux cinq rues qui aboutissent à la place publique (1).

Que faire au milieu de cet appareil de mort? Protester contre la tyrannie? mais le supplice, les horreurs de la torture seront la récompense du dévoùment à la liberté. Il ne faut plus de volontés générales ou particulières; il ne doit plus exister de sauve-garde pour la faiblesse, l'innocence ou la beauté : une soldatesque en fureur règne violemment au foyer domestique; la propriété, comme la vie des citoyens, est l'enjeu que les soldats se disputent chaque jour; heureux encore, trop heureux, celui à qui le maître insolent veut laisser, à titre de bienfait, l'incessante affliction de l'exil (2).

Cependant, la pacification du royaume faisait de rapides progrès; et, après plusieurs combats, la Guienne voyait fuir ces bandes de malfaiteurs qui, sous le nom de troupes disciplinées, mais mieux sous celui de croquans, que le peuple leur avait donné, avaient infesté son territoire.

(1) Elle sont au nombre de cinq : rues Taillefer, Salinière, d'Enfer, du Séminaire et du Calvaire.

(2) Nos annales périgourdines ont conservé avec reconnaissance et orgueil les noms des victimes de cette époque. On y trouve les noms glorieux de Chaleppe, de Robert de la Céparie, tués par les soldats de Chanlost; les noms de Montozon, sieur de Puy-Contaud, conseiller en l'élection de Périgord, Ducluzel et ses frères, président en ladite élection, dont les maisons furent pillées, eux déchirés dans les tortures et puis exilés, pour avoir tenté de faire entendre quelques paroles de délivrance et de liberté.

Louis XIV avait alors ordonné au duc de Candale, gouverneur et lieutenant-général commandant les troupes royales en Guienne et provinces unies, de marcher au secours de Périgueux, et de le délivrer de la tyrannie de Chanlost.

Obéissant aux ordres du souverain, le duc de Candale part de Bordeaux avec douze mille hommes et le canon du Château-Trompette, tandis que déja une division avancée des troupes royales, sous les ordres du marquis de Sauve-Boeuf, s'était emparée du Château-l Evêque, et qu'une seconde division, commandée par le marquis de Tourhailles, quittant les mamelons élevés qui dominent la plaine sud de Périgueux, était allée camper dans le vallon de Saint-Laurent-sur-Manoire (1).

A l'approche des troupes royales, Chanlost, aussi intrépide que barbare, déclare qu'il se défendra jusqu'à la dernière extrémité; et en même temps, pour détourner le peuple de toute espèce d'insurrection, il fait publier par ses hommes d'armes que la campagne se trouvant ruinée, jamais les troupes du roi n'oseront s'aventurer au milieu des champs dévastés et privés de tous moyens d'existence; il fait adroitement insinuer au peuple que le roi se flatte d'une fausse espérance, parce que, loin de secourir Périgueux, il faut que toutes les troupes marchent contre les Espagnols. Le baron Vatteville, qui commande leurs forces navales, menace les côtes; il prépare une descente pour s'emparer de Bordeaux, et le duc de Caudale lui-même a reçu l'ordre d'envoyer ses soldats au siége de SainteMénéhoult, pour empêcher Condé de secourir cette place.

Chanlost, à ces nouvelles affligeantes, si propres à jeter le découragement et la peur, défend à tous l'approche des murailles. Quiconque transgressera cet ordre, sera puni de mort. La même peine atteindra celui qui, au premier son du beffroi, sera trouvé errant dans les rues (2).

Cependant, il existait de ces hommes à convictions fortes, à résolutions énergiques et inébranlables, qui restent citoyens sur les ruines de la patrie, libres sur les débris de la liberté. Au milieu d'une population abattue, avilie, expirante; au milieu de tous les malheurs publics, ces hommes comptaient encore sur une population naguère si forte, si noble, si vivante, sur cette population du passé et de l'avenir; ils savaient qu'au premier cri de liberté, elle se relèverait en masse pour reconquérir et son indépendance et son honneur.

Or, voici ce qui se passait à ces instans de nuit où Périgueux est comme enseveli dans le plus profond silence, qu'alors rien n'interrompait, si ce n'est, à quelques intervalles, les pas lourds et cadencés des

(1) Ces deux divisions détachées formaient un corps de trois mille hommes, qui, joints aux douze mille commandés par le duc de Caudale, représentaient un effectif de quinze mille hommes, ce qui fait préjuger la force de la ville, qui d'ailleurs avait, long-temps auparavant, résisté à des troupes beaucoup plus nombreuses, du temps des Anglais.

(2) La retraite ou couvre-feu se sonnait à la chute du jour. Chaque maison devenait alors une prison jusqu'au lendemain que le beffroi, sur les six beures du matin, levait l'interdic

tion.

hommes d'armes, parcourant la ville en tous sens bruit que surmontait la voix des sentinelles s'excitant à la vigilance, et qui se répondaient des galeries élevées du clocher de la cathédrale, chaque fois que T'heure frémissante et sonore accompagnait le vol du temps (1).

15 SEPTEMBRE 1653.

Dans une des maisons de la rue du Plantier (2), dont la porte ne s'ouvrait qu'avec précaution et mystère, s'étaient glissées plusieurs personnes, qui, se dérobant, à la faveur des ténèbres, aux rondes de soldats, étaient arrivées dans une salle qu'éclairaient à peine les incertaines lueurs d'une lampe dont les rayons se brisaient à la base d'une colonne an pied de laquelle elle était placée. Tout était calme et solennel dans cette assemblée. Nulle crainte cependant ne commandait ce silence; car il battait de rudes cœurs dans ces poitrines d'hommes. On attendait seulement la venue de quelques citoyens, lorsqu'enfin le frôlement, par deux fois répété, de robes flottantes contre les parois des murs extérieurs, et les pas de deux personnes qui entraient, annoncèrent que tous étaient présens.

Aussitôt un homme d'un âge un peu avancé soulève la lampe, et la plaçant devant lui de manière à distinguer les traits de ceux qui l'entouraient :

» pelle Bodin (1), et que je suis procureur au présidial » de Périgord, délivrons-nous de cette tyrannie. Mort » à celui qui la maintient !.... Honte à qui la tolère !.... »Ne la supportons pas plus long-temps!.... >>

- « Oui, mort et honte!.... » s'écrièrent tous les assistans d'une voix.

- «Or, messieurs et amis, continua Bodin, nous >> sommes réunis céans pour aviser aux moyens de » mettre fin à tant de tyrannie. Comment devons-nous » procéder? Faut-il soulever tous les citoyens à l'in>>surrection, ou bien faut-il qu'un de nous dévoue sa vie » pour frapper du poignard...? Parlez, parlez; il faut » que chacun de nous, frères en conjuration, déduise >> les moyens de conquérir la liberté! »

Aussitôt Chaleppe (2) prend la parole: « Il y a long» temps, dit-il, que mon cœur est brisé par l'avilis»sante pensée de me voir, moi homme d'armes, courbé >> sous la domination de l'ennemi de mon pays. Fier, » naguère, de garder avec vous vos murailles et tou» relles, quelle infamie pèse sur moi comme malédic>>tion de Dieu, de ne pouvoir sortir, la dague au point >> qu'en compagnie d'un confesseur et du bourreau Í >> Parlez-moi d'insurrection! L'insurrection, vive Dieu ! » voilà qui va droit au but! et mieux vaut cent fois s'y >> précipiter du premier coup, au risque de s'y briser la » tête, que d'y marcher à pas lents et timorés; car une >> insurrection qui s'arrête est une insurrection qui tue. >> Mes compagnons marcheront avec moi. Ainsi donc, » l'insurrection, et la liberté est à nous! »>

Cette virulente improvisation excita l'assentiment >> unanime, lorsque se lève à son tour un ministre des autels connu du peuple (3). Sa voix ne s'éleva jamais que pour porter des consolations, et sa main ne s'ouvrit que pour répandre l'aumône; mais en ces jours de deuils il n'avait à donner que des conseils et des larmes. Il s'adresse ainsi à l'assemblée :

« Messieurs et amis, leur dit-il, tant braves et di» gnes gens, comme tous nous sommes, les uns au >>> service du roi ou membres appartenant à la magis»trature, les autres notables bourgeois de la ville de » Périgueux, dont le courage et le dévouement ne le » cédent à personne, ce n'est pas pour peu que je vous >> ai réunis en cette maison! C'est pour aviser aux » moyons de nous délivrer de l'intolérable tyrannie de » ce messire de Chanlost, de ce meurtrier de nos con» citoyens, qui chaque jour emplit notre ville et de >> larmes et de deuil. Quelle oppression fut-elle jamais » si pleine de honte, plus bassement humiliante,.que » celle qui pèse sur nous! Lui, Chanlost, ce traître, » quels égards a-t-il, si ce n'est pour quelques habi» tans qu'il choye et qu'il protége plutôt par intérêt » que par bonté d'ame? Que fait-il, sinon proscrire » et torturer la masse? Combien en a-t-il livré à son >> lieutenant? Combien en a-t-il fait périr de la hart? » Où sont les familles rassurées sur le sort des leurs? >> Où en est-il qui ne pleurent sur l'exil, la prison ou la » mort? Plus de ressources; l'argent est la proie du » soldat, et bientôt le pauvre habitant sera privé de >> sa couche vermineuse, s'il ne satisfait pas les exi» gences des pillards! Cet abaissement est trop odieux ! » Au nom du pays, de vos familles, de vous-mêmes, » je vous en adjure, mes amis, aussi vrai que je m'ap-rigord, fut l'ame et le chef du complot. Tous les noms que je

(1) Chanlost, depuis la nouvelle de l'approche des troupes du roi, avait eu le soin de faire placer sur les galeries du clocher de Saint-Froul un gros de soldats chargés de la garde d'un tas de sarmens goudronnés, qu'ils devaient embraser et lancer sur les maisons voisines, espérant, en cas de reddition de la place, trouver dans l'incendie un moyen de diversion pour les habitans et de protection pour sa retraite.

(2) Elle est inscrite sous le no 3, et appartient à M. Cellerie; elle est habitée aujourd'hui pár M. de Laubresset, bibliothécaire.

<< Frères, je ne vous dirai point que ceux qui tirent » l'épée s'exposent à périr par l'épée. Mis en commu»> nion de haine pour la tyrannie et d'amour pour le » salut et l'indépendance de tous, je ne saurais placer » l'intérêt d'un seul dans la même balance ou pèsent >> les intérêts d'une population entière; mais puisqu'il ne » s'agit que de déterminer par quelle voie nous devons » arriver à notre but d'émancipation, si, comme vous » l'a déjà dit messire Bodin, deux moyens vous sont » offerts, l'insurrection ou le meurtre en désespoir de >> cause, permettez à un vieillard de les examiner tour à tour. Sans doute il est temps de mettre un terme à

(1) Joseph de Bodin, chevalier, seigneur de la Roudettie, conseiller du roi en ses conseils d'état et privé, et son procureur au siége présidial, sénéchaussée et maréchaussée de Pé

citerai sont historiquement exacts.

(2) Chaleppe se trouvait, au moment de l'invasion de Chanlost, général du paréage; il commandait deux cents paysans qui, avec la garde bourgeoise, faisaient concurremment le service de la ville. Chanlost avait laissé ces paysans armés; mais il ne les employait plus que mêlés avec ses soldats; leur service était d'ailleurs tout intérieur: ils étaient véritablement prisonniers.

Les descendans de Chaleppe habitent la commune de NotreDame-de-Sanithas, près Périgueux.

(3) Alexandre, sieur de Fonpitou, conseiller au présidial, vicaire-général et official du diocèse de Périgueux.

» des persécutions qui deshonorent le chef et les soldats >> rebelles; deshonneur qui jaillirait sur nous, en ou» bliant quel sang nous fut transmis par nos aïeux, aussi >> impatiens de servitude que fidèles à ces hautes tra>>ditions d'honneur et de courage inscrites sur leur de» vise (1).

» Mais si vous devez vous armer contre ceux qui >> privent notre cité du plus pur de son sang, que ce » soit par votre courage, par le concours de tous, que >> l'ennemi subisse votre triomphe! Allez! s'écrie le >> ministre des autels, comme saisi d'un moment d'ins»piration, le Seigneur protège quiconque s'arme du » glaive pour échapper à la sanglante tyrannie !.... »

A ces mots prononcés par le vénérable prêtre, les conjurés (2) se sont inclinés en signe de respect, et la bénédiction du vieillard a consacré le serment de vaincre ou de périr!....

Cette détermination prise, il est aussitôt arrêté que, le lendemain, 16 septembre, à l'heure de midi, au moment où les officiers et les soldats travailleront aux fortifications extérieures de la ville, on attaquera l'évêché où reste le gouverneur, en même temps que deux autres attaques seront formées, l'une à la porte Taillefer, pour contenir les soldats et les empêcher de rentrer dans la ville, et l'autre contre le fort placé au haut du pont de la l'Isle (3), pour donner entrée aux troupes royales campées dans le vallon de Saint-Laurent-sur-Manoire, dans le cas où les habitans et les milices du paréage ne pourraient pas forcer la garnison, toujours forte intérieurement de neuf cents soldats.

Il est de plus convenu que Ducluzel, des Essards et de la Jonye introduiront dans leur maison, qui domine la place de la Clautre (4), une escouade d'habitans pour tirer sur les soldats renfermés dans la palissade, et qui veillaient à la garde des canons.

En ce moment, le beffroi sonne minuit. Les conjurés se retirent pour se rendre sans bruit dans les quartiers où ils doivent appeler le peuple aux armes.

Dans la salle qu'ils quittent, Bodin reste seul avec Labertynie, Dessalis, Fonpitou, Chaboussie, Geneste. Tous ont voulu partager les dangers et le dévoùment de leur chef; tous sont jaloux de donner avec lui le premier signal.

1) Sur l'antique cachet de Périgueux, on lit en effet ces mots: Civium fides et honor fortitudo mea.

(2) Je citerai ici les noms de cette mémorable expédition: Bodin, déjà nommé; Chaleppe général du paréage; Robert de la Cepacie, bourgeois noble; Alexandre, sieur de Fonpitou, vicaire; Bertin de Loursarie, avocat au parlement de Bordeaux; Dupuy, marchand sur la Clautre, ancienne maison Serpère; Ducluzel, de la Jonye, des Essards, neveux de Bodin, maison Loubet, marchand de fer; Feyssi, marchand sur le Coderc, maison Galy, médecin; Desjehau, maison Mage, vice-président du tribunal civil; Labertynic, Dessalis, Ducatrie, Chaboussie, Génésie.

(3) C'est aujourd'hui le Pont-Vieux, à l'extrémité duquel nos pères ont encore vu, il y a trente ans, les restes d'une porte et d'un pont-levis.

(4) Cette maison est aujourd'hui possédée par M. Loubet, marchand de fer. La façade de cette maison, que plusieurs de nous ont vue percée par de larges ouvertures, divisées par des colonnes en croix, est actuellement restaurée; cependant, elle reste encore surmontée par une tourelle dont l'antiquité semble protester contre les enjolivemens qui ont changé sa base.

16 SEPTEMBRE 1653.

Tandis que le plus profond mystère semblait favoriser le succès d'une conspiration tramée au sein des ténèbres, Chanlost se promettait encore un jour d'ivresse et de folie. Heureux lorsque, fatigué d'excès, l'œil terne, la tête pesante, il se réveillait de son anéanorgies où sa bouche n'avait pas quitté de vingt-quatre tissement passager! Heureux encore, après une de ces heures les bords d'un verre ou les lèvres d'une femme!

le sieur Dupuy (1). C'est là que l'attendaient de nouAccompagné de ses officiers, Chanlost se rend chez veaux plaisirs pour lui étaient préparés les mets les plus délicats; pour lui coulaient à pleins bords les vins parfumés de nos riches côteaux.

Et déjà les éclats d'une joie tumultueuse se répandaient au loin; bruyantes clameurs bacchiques, nouvelles insultes à la misère et à la souffrance du peuple!

Lorsque Chanlost reçoit un message... Mais comment y croire? Comment tant d'audace aurait-elle succédé à l'asservissement qui l'entoure? Oh! non le glaive serait trop lourd pour des mains engourdies par l'esclavage!....

Cependant, on signale des hommes puissans dans la cité; des hommes connus du peuple par leur fermeté et leur patriotisme ils sont des long-temps suspects, et cette suspicion doit être leur arrêt!

Le gouverneur, ivre de vin, altéré de sang et de vengeance, ne saurait se contenir: il révèle à ses officiers jouit d'avance du sort affreux qu'il leur prépare. le complot de la nuit; il signale tous les conjurés; il

Déjà les bataillons sont rangés sur la place publique'; de la mort; déjà Chanlost, écumant de rage, frappe à les canons n'attendent plus que le signal du carnage et lance suivi de ses soldats. coups redoublés les portes du domicile de Bodin: il s'y

Lorsque tout à coup une détonation se fait entendre; et à ce bruit terrible a succédé ce cri, présage de victoire: Le tyran n'est plus!

Chanlost venait d'être frappé d'un coup mortel. part, circule, et frappe en même temps la masse poAussitôt le mot liberté est l'étincelle électrique qui pulaire.

Les citoyens s'avancent; ils se pressent dans les rues qui aboutissent à la Clautre femmes, enfans, vieillards, avec ou sans armes, nul n'a reculé devant la sanglante hécatombe!

des comme la foudre; ils se ruent sur les canons (2) qui Tous, au cri de liberté, s'élancent, unanimes, rapiles déciment! Il y eut alors un instant d'effroyable melée. Les palissades arrachées, en présence des soldats, permettent de combattre corps à corps. Les coups portent tous, terribles, mortels! C'est du sang partout, partout des cadavres! On tue les soldats avec leurs propres armes, arrachées de leurs mains comme des jouets d'enfans! Des cris de douleur, des cris de rage, d'effroi,

[blocks in formation]
[graphic]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

monas & Jusines eli-400 Chanlost tombe mort à la porte du logis Bodin.qni olor ne avola

s'entre-choquent dans l'air, et dominent les mugisse- | mens du canon!.....

Enfin, vaincus, perdus, débordés de toutes parts, les soldats jettent les armes et se précipitent dans les détours du cloître de l'évêché, où ils furent épargnés par la pitié du vainqueur.

On leur accorda une capitulation dont les conditions principales furent que les officiers resteraient prisonniers sur parole, et les soldats, désarmés, furent gardés à vue hors de la ville, dans la Cité. On fit restituer aux habitans les effets, créances et argent qui se trouvaient

[merged small][merged small][graphic]
« 이전계속 »