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JOSSELIN.

Eh! c'est ce bon paysan qui vous amène ces deux personnes, pour faire l'essai de votre

coupe.

SCÈNE XVIII.

ANSELME, JOSSELIN, sur le devant; M. GRIFFON, M. TOBIE, THIBAUT, dans le fond; LUCINDE, PERRETTE, à la fenêtre de la cabutte.

PERRETTE,. à Lucinde.

Le petit homme n'y est pas, vous dis-je.

LUCINDE.

Il n'importe. Voyons d'ici ce qui se passe, puisque nous pouvons voir sans être vues.

M. GRIFFON, à M. Tobie.

Oui cadédis! jé bous lé dis, et jé bous lé soutiens; bous êtes un von sot, veau-frère.

THIBAUT, à M. Griffor.

Ah! ah! Monsieur, au mari de madame votre sœur !

PERRETTE, à Lucinde.

Madame, c'est Thibaut.

THIBAUT, à M. Tobie.

Sot! Eh! qu'est-ce? Queu terminaison est-ça ?

LUCINDE, à Perrette.

Mon père et mon oncle sont ici.

M. TOBIE, à M. Griffon.

Nous sommes gens de bien de notre race, et je serais marri qu'elle fût entichée des reproches qu'on fait à la vôtre.

THIBAUT, à M. Tobie.

Eh! eh! Monsieur, le frère de Madame votre femme! vous n'y songez pas.

M. GRIFFON, à M. Tobie.

Tu fais vien dé m'apparténir.

M. TOBIE, à M. Griffon.

C'est le plus vilain endroit de ma vie.

THIBAUT, à Anselme et à Josselin.

Messieurs, Messieurs, venez m'aider, s'il vous plaît, à mettre le holà entre deux beauxfrères qui se vont couper la gorge.

ANSELME, à Griffon et à Tobie.

Qu'est-ce que c'est donc? Qu'avez-vous, Messieurs, qui vous oblige à en venir aux invectives?

M. GRIFFON.

Ah! Messieurs, serbitur: jé bous fais juges dé céci. Boici lé fait. Jé fais l'honnur à cé monsiur dé donner mon fils, qui est novle commé moi, mordi! en mariage à sa fille, qui n'est qu'uné simplé roturière; et, parcé qué la

beille des noces la sotte s'éclipsé dé la case paternelle, il a l'insolencé dé dire qué c'est ma fauté, et qu'elle a eu pur d'entrer dans mon alliance, à causé qué jé suis sébère dans ma famille, et qué jé né bux pas souffrir qu'aucun godélureau approche mon domainé de la vanlicue.

M. TOBIE.

Qu'est-ce? Je donne ma fille qui aura dix mille livres de rente, au fils de ce Monsieur qui est gueux comme un rat; et parce qu'elle s'en est enfuie de chez moi pour éviter ce mariage, il me dira, en me traitant comme un je ne sais qui, que c'est parce que je suis trop bon dans mon domestique, à cause que ma femine est toujours autour de moi à m'étouffer de caresses, et que je souffre qu'elle m'appelle son petit papa, son petit fansan, son petit camuset; ce qui fait que ma maison est ouverte à tous les honnêtes gens.

JOSSELIN.

Voilà un différent qu'il est assez facile d'accommoder. Ces Messieurs se disent les choses de si bonne foi, qu'on ne peut s'empêcher de les croire: mais, pour savoir lequel des deux s'est le plus fait aimer de sa femme par ses manières, votre coupe enchantée sera d'un secours merveilleux, et je suis sûr qu'elle les mettra d'accord; je vais vous l'apporter.

(Il sort un instant, et revient.)

ANSELME.

Allez, monsieur Josselin ; cela finira la dispute.

M. GRIFFON.

Cet homme nous a fait récit dé cetté coupe, et jé sérai rabi de connaître par elle, léquel es lé fat dé nous dux: jé suis sûr qué cé n'est pas moi.

M. TOBIE.

Nous en allons voir tout-à-l'heure un bien penaut! je sais bien qui ce ne sera pas.

ANSELME, voyant revenir Josselin.

Voici la coupe. (Josselin verse du vin dans la coupe.)

M. TOBIE.

Donnez, donnez. Je serais fâché de n'en pas faire essai le premier, pour vous montrer combien je suis sûr de mon fait. (Comme il approche la coupe de sa bouche, elle répand, et le vin lui rejaillit au visage; ce qui fait beaucoup rire M. Griffon.)

Ah! ah!

JOSSELIN.

M. TOBIE, fort surpris.

Que vois-je? le vin est répandu, je pense?

JOSSELIN.

Oh! par ma foi! le petit papa, le petit fanfan,

le petit camuset en tient.

M. GRIFFON.

Eh? donc, qui dé nous dux est lé fat, hein? Cadédis, mon veau-frère, bous me ferez raison dé la conduite dé má sur.

M. TOBIE.

Voilà une méchante créature! je ne l'aurais jamais cru.

JOSSELIN.

Quand elle viendra vous étouffer de caresses, je vous conseille de l'étrangler par bonne amitié.

M. TOBIE.

C'est chez vous qu'elle a sucé ce mauvais lait-là.

M. GRIFFON.

Oui, oui, cadédis l'absinthé n'est pas plus amère qué lé lait qué jé lur fait sucer... Bersez, bersez, veau Ganymède... Bous allez boir, veau-frère... A la santé de la compagnié. (Il veut boire, et la coupe lui fait sauter le vin au nez.)

JOSSELIN.

Haïe! haïe! haïe !

M. GRIFFON.

Ouais! C'est qué jé né la tiens pas droite. (Il essaie encore, et elle répand.)

JOSSELIN.

Prenez donc garde.

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