roses , qu'une bague y est attachée, & que les jeunes filles de son cortege portent sur leurs robes blanches un ruban bleu paisé en écharpe..... وو 99 M. de Morfontaine assura, en 1766, w une rente annuelle de cent vingt livres en faveur de la Rosiere; & cette rente, dont elle jouira toute sa vie, n'est reversible qu'a près sa mort à chacune des filles qui seront „ couronnées, pour en jouir pendant un an. Cette noble générosité ne peut être payée » que par les hommages publics , & l'honneur , feul en est la digne récompense. .... 9 Quelques jours avant la fête de faint Médard, les habitans s'assemblent en présence des officiers de la justice. Là, cette honnête » compagnie délibere sur l'importante affaire d'un choix dont l'équité fait toute la force. Ils connoissent tous les vertus qu'ils ont à », couronner; ils font instruits de tous les dé tails domestiques de leur paisible village ; ils n'ont & ne peuvent avoir d'autre intention » que d'être justes : l'enthousiasme & le res5 pect pour la mémoire du saint instituteur, & „ pour la beauté de l'institution , sont encore tous vivans parmi eux. Ils nomment trois filles , trois vertueuses Salenciennes les trois plus vertueuses des plus estimables fa, milles..... A l'instant la nomination est portée au „ seigneur, ou à celui qu'il a préposé pour le » représenter; & le seigneur, libre de choisir „, entre les trois filles, mais forcé de nommer l'une des trois, proclame la reine de l'an. née..... Huit jours avant la cérémonie , le nom de celle qui triomphe est annoncé au prône. Le grand jour arrive : c'est le huit juin s, de chaque année. Le seigneur peut revendiquer l'honneur is de conduire la Salencienne qu'on va cou» ronner. Dans ce beau jour, elle est plus o grande que tout ce qui l'entoure, & fa gran. deur est d'une nature qui n'a rien de com» mun avec les rangs. Le seigneur a le beau droit d'aller prendre la vertu dans sa chau, miere, pour la mener en triomphe. Appuyée sur le bras du seigneur, ou de celui qu'il a choisi pour le remplacer, la Rosiere s'avance de sa simple demeure; elle est efcortée de douze jeunes filles vêtues de blanc, décorées du cordon bleu , & de douze jeunes » garçons , portant les livrées de la Rosiere; elle est précédée d'instrumens & de tambours » qui annoncent sa sortie ; elle passe dans les 1, rues du village, entre les haies des specta teurs que la fete attire de quatre lieues. Le public la couvre des yeux & l'applaudit; les », meres pleurent de joie ; les vieillards retrou , vent des forces pour suivre leur Rosiere ché», rie, & la comparent à celles qu'ils ont vues dans leur enfance. Les Salenciens font fiers de fa vertu qu'ils couronnent; elle elt à eux; elle leur appartient; elle regne par leur choix, jelle regne seule , elle efface tout..... ور ? ور La Rosiere arrive à l'église; c'est toujours au milieu du public que fa place est marquée nulle autre ne pourroit l'honorer: en fa pré senice ,, fence il n'y a plus de distinction pour per sonne : tout disparoît devant la vertu. Un » prie-dieu posé au milieu du chour, à la „ vue de tous , est préparé pour la recevoir ; son cortege fe range des deux côtés ; elle est le seul objet du jour; tous les yeux ,, restent fixés sur elle, & fon triomphe con tinue. ១» ود Après vepres elle reprend sa marche ; le » clergé la précede; le seigneur reçoit fa main ; fon cortege l'accompagne; le peuple suit & borde les rues : des habitans fous les armes foutiennent les deux lignes; nouvelles accla- mations, nouveaux hommages ; elle parvient ainsi à la chapelle de saint Médard. Les por» tes, sans doute, doivent rester ouvertes : les s bons Salenciens n'abandonneront pas leur Rosiere au moment où le prix de la vertu va être délivré. C'est ici, sur - tout, qu'il est doux de la voir , qu'il est glorieux pour elle „ d'être vue. L'officiant bénit le chapeau de roses, accompagné de ses ornemens ; il se retourne du côté de l'assemblée; il fait un Tomę IV. B discours sur l'objet de la fète. Quelle impo fante gravité, quel auguste caractere ne » prennent pas les paroles du pasteur qui cé„ lebre en un tel moment la sagesse ! Il tient à sa main la couronne : la vertu, qui l'attend , est à ses pieds ; tous les spectateurs font émus, tous les yeux humides, la perfuasion est déjà dans les cours : c'est l'inf tant des impressions durables. Il pose la cou» roiine. وو وو Commence ensuite un Te Deum , pendant » lequel on se remet en marche. Le front orné de cette couroune, & ac» compagnée comme elle l'étoit quand elle alloit la recevoir , la Rosiere repasse par les mêmes lieux qu'elle vient de parcourir; son triomphe va toujours croillant , elle „ rentre dans l'église , occupe la même place y, au milieu du chour, & acheve d'entendre l'office. Elle a de nouveaux hommages à recevoir; , elle fort, est conduite sur une piece de terre, |