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pur, du moins: il a tranfmis dans mon cœur le goût des mœurs, l'amour, de la vertu, & l'horreur du vice & des mauvais principes.

LE CHEVALIER.

Ah ça, monfieur de Verceil, ceci devient trop plaifant, trop comique, pour que je puiffe m'en fâcher..... Vous avez une abondance & une emphrase véritablement surprenantes!.... Je ne fuis pas de votre force à beaucoup près; mais je vous avoue bonnement que je ne me reffouviens pas d'un mot de vos longues tirades, fi ce n'eft que vous avez le fang pur, & une invincible horreur, & une extrême compaffion pour les jolies danfeufes de quinze ans...... ces jeunes infortunées, comme vous les appellez!.... Cela eft charmant!.... charmant!.... Parbleu, vous aurez un prodigieux fuccès à Paris, avec ce ton-là. Que de réformes vous allez faire!.... Il n'y aura plus de jeunes infortunées, je prévois cela ; nous autres pervertis, nous ferons bafoués, chaffés honteusement.... Pour ma part, je fuis déjà battu d'une rude maniere.... Le parti de la retraite eft le feul qui me refte: auffi prudemment je vais le prendre..... Adieu, mon cher Verceil,

fans rancune, je vous affure, car vous m'avez donné une trop bonne histoire à conter, pour ne pas vous pardonner la fingularité de la chofe.... (Il fait quelques pas pour s'en aller.) VERCE IL, à part.

Comment cette froide & puérile ironie a-telle jamais pu paroître mordante ou fpirituelle ?

SCENE VI. ·

OPHEMON, LE CHEVALIER, VERCEIL.'

DE

OPHÉMON, arrêtant le chevalier.

E grace, monfieur le chevalier, ayez la bonté de m'accorder un moment d'entretien.

LE

CHEVALIER.

De quoi s'agit-il, monfieur Ophémon ?
O PHÉM O N.

D'une chofe dont je ne prendrois pas la liberté de vous parler, fi mon fils n'y fembloit intéreffé. Mon fermier Eustache vient de me que vous

mener propofé à Collette de l'em

dire que

mener à Paris, & de la faire entrer à l'opéra, en ajoutant que mon fils vous avoit prié de vous mêler de cette affaire....

VERCE IL.

Moi, mon pere?... Je me flatte que vous n'en croyez rien. M. le chevalier a fait cette étrange propofition fans me confulter; je ne lui ai pas caché, lorfqu'il me l'a communiquée, mes fentimens à cet égard.j

LE CHEVALIER, embarrasse.

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Je vous proteste que je n'ai compté faire qu'une plaifanterie.... Il est inoui que cette petite fille ait pris l'alarme fur un mot que je lui ai dit en paffant. ... de gaieté.... de légéreté.... Je n'ai pas mis la moindre importance à tout cela.... & mème avec vous, Verceil, tout-à-l'heure, je m'amufois à vous tourmenter; mais, au vrai, ce n'étoit qu'un badinage.... je vous le jure ; car au fond, je penfe abfolument comme vous. Je vous prie, monfieur Ophémon, raffurez Collette & fon pere fur mes prétendus mauvais deffeins. Adieu, M. Ophémon, je reviendrai, avant mon départ, favoir de vos nouvelles... Verceil, nous chafferons enfemble au moins une fois, j'efpere.. (Il fait quelques pas, Ophémon veut le reconduire.) Eh bien, vous moquez-vous ? De grace, ne prenez pas garde à moi; entre amis

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& voifins, les complimens doivent être bannis.... Adieu, mon cher Verceil. ( Il fort.)

SCENE VII ET DERNIERE.

OPHEMON, VERCEIL.

VERCE I L.

ENFIN, du moins il fent fes torts, puisqu'il voudroit les défavouer. C'est votre présence refpectable, mon pere, qui l'en a fait rougir; je fuis fâché que vous ne lui ayez pas fait une petite leçon....

OPHÉM O N.

Elle auroit été déplacée. A ceux qui ne nous font rien, nous n'en devons donner que par notre exemple.

VERCE I L.

Mais, mon pere, oferois-je vous demander fi Collette a penfé que la propofition du chevalier vînt de moi?

OPHÉM O N.

Non, ni elle, ni fon

pere ne l'ont pu croire, d'autant mieux que le chevalier n'a parlé que pour fon compte, & ne vous a nommé qu'à la

fin de l'entretien, & fans dire que vous fuffiez amoureux de Collette. Cette jeune fille a reçu fa propofition avec les larmes de l'innocence outragée & le plus grand mépris; & au même inftant elle a tout avoué à fon pere........

VERCE I L.

J'ai découvert qu'elle aime André. Permettez-moi, mon pere, de donner au jeune homme deux mille écus, afin qu'Euftache confente à leur union.

OPHÉMON, embraffant fon fils.

Je vous reconnois, mon fils!.... Vous ne pouvez faire une plus digne action, & vous en ferez récompenfé par le bonheur de deux honnètes familles.... & par la douce fatisfaction que cette générofité fait éprouver à votre heureux pere.... J'y veux participer je me charge du trouffeau de la mariée, & des frais de la noce. Allons leur annoncer ces bonnes nouvelles, ils font encore tous raffemblés dans les jardins, où l'on danfe. Venez, mon cher fils. (Ils fortent. )

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