PERSONNAGE S. Madame D UCHEMIN. DELPHINE, fille de madame Duchemin. OPHEMON. VER CEIL, fils d'Ophémon. CLEANTE, ami de madame Duchemin & d'Ophémon. Le marquis DE LIMOURS, ami de Verceil, & amoureux de Delphine. FANCHON, fervante de madame Duchemin. La Scene eft à Paris, chez madame Duchemin. LE PORTRAIT, O U LES RIVAUX GÉNÉREUX, COMED I E. Ma chi può mai, fi ben diffimular gli affetti fui ACTE I. SCENE PREMIERE. Le théatre repréfente un fallon. OPHEMON, CLEANTE, FANCHON. OPHÉMON à Fanchon. ADAME Duchemin & fa fille font forties? Oui, monfieur; y a déjà autour d'une heure, (*) Mais qui peut diffimuler affez bien fes affections, pour les cacher toujours aux yeux des autres ? ainfi a feront bentôt de retour. CLÉ AN TE. Mademoiselle Delphine n'eft-elle pas allée chez madame la vicomteffe de Germeuil?... FANCHO N. Juftement; &, Dieu merci, c'est aujourd'hui la derniere féance.... c'te dame-là a ben fait endever mamzelle Delphine toujours.... Vlà la troifieme fois qu'a fait recommencer fon por-. trait, car a n'a pas voulu des deux premiers, parce qu'ils étoient reffemblans comme deux gouttes d'eau. Vous la connoiffez, monfieur Cléante?... CLEANT E. Madame de Germeuil? Oui. Je l'ai vu peindre ici la premiere fois. FANCHO N. Eh ben, a difoit toujours : les yeux font trop petits, la bouche trop grande, le teint trop brun... Ma fine, pour c'te fois-ci alle eft ben aise; car mamzelle Delphine l'a fait fi blanche & fi jolie, que perfonne au monde ne la reconnoît. Et vlà ce qui concerne les dames. C'est une drôle de fantaifie qu'alles ont là. . . . . . Mais, meffieurs, excufez.... n'y a-t-il pus rien pour vot service? CLEANT E. Non, mademoiselle Fanchon; en vous re merciant. (Fanchon fort.) SCENE I I. OPHEMON, CLEANTE. OPHÉMON, regardant à fa montre. E fuis étonné que mon fils ne foit pas encore arrivé, il est midi.... CLEANT E. Delphine doit le peindre?... OPHÉM O N. Oui; & j'imagine que cette premiere féance pourra peut-être m'éclaircir plus d'un doute... CLEANTE. Comment?... OPHÉM o N. Vous, mon cher Cléante, qui logez dans cette maifon depuis dix ans ; vous, le voisin & l'ami de madame Duchemin & de fa charmante fille, fe pourroit-il que vous n'eufliez pas obfervé des chofes dont je fuis moi-même si vivement frappé ? |