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foyez-en fûre, Marianne. Elle eft prétendante; mais, quoique ça, elle me verroit donner la rofe avec plaifir. Urfule ne m'envieroit pas non plus; ainfi, voyez donc combien je dois fouhaiter la rofe, puifque mon bonheur ne chagrineroit perfonne, & qu'il donneroit tant de fatisfaction à ma famille.

MARIANNE.

Sans compter pour vous un mari dans l'année. ... Eh, ne faut pas rougir; vous favez ben que dès qu'une fille eft couronnée, c'est à qui l'aura, & que tous les garçons du vil lage la demandent: la meilleure dot ici, c'eft le chapeau de rofes; pardi, c'eft naturel que la pus fage foit la mieux aimée. Les hommes feroient ben nigauds, s'ils ne pensoient pas comme ça. Mais, j'entends la voifine, je crois?...

HELEN E.

Ah, oui! Vlà ma mere.

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SCENE I I.

GENEVIEVE, MARIANNE,

HELEN E.

MARIANNE, à Genevieve.

EH, bonjour donc, voisine....

GENEVIEVE.

Ah, ah, la commere Marianne! ... . &

depuis quand ?

MARIANNE.

J'arrive pour voir couronner Hélene...

GENEVIEVE.

Marianne, quel jour que celui-ci !... J'ai été Rosiere, il y a aujourd'hui. vingt ans ; je m'en reffouviens comme d'hier, j'étois ben tremblante, j'avois ben des inquiétudes; jufqu'au moment de la déclaration, j'étois ni pus ni moins qu'une hébétée... mais tout cela n'étoit rien au prix des angoiffes d'une pauvre mere qui fouhaite la couronne pour fa fille!.... Il me paroît que je recevrai mille fois pus d'honneur du couronnement de cette chere enfant, que je n'en ai eu du mien. Si vous

faviez toutes les pintes de mauvais fang que j'ai fait depuis quinze jours, depuis hier furtout!... Ah, Marianne, faut être mere pour comprendre ça ! . . .

MARIANN E.

Pourtant, vous me difiez, il y a fix femaines, que vous étiez comme fûre qu'Hé lene auroit la rofe.

GENEVIEVE.

...

J'avois tort de dire ça; il y a tant de filles à Salency qui valent ben Hélene! Le bon Dieu punit les orgueilleux, Marianne, vlà une terrible pensée. . . . Enfin, plus en plus le moment approche, & plus en plus je fuis craintive.

...

MARIA N N E.

Avez-vous trouvé M. le prieur?

GENEVIEVE.

Non; il étoit forti. . . . J'y retournerai.

MARIA NNE.

Il est bien affairé aujourd'hui.

GENEVIEVE.

Ah, je vous en réponds!

MARIA 'N N E.

Dame; il est juge, & ça donne du tintoin.....

GENEVIEVE.

Et puis il eft fi confciencieux!... Avec ça, il nous aime tous comme fi nous étions fes enfans....

MARIANNE.

On li donneroit tout l'or du Pérou, qu'il ne quitteroit pas Salency.....

GENEVIEVE.

Oh, c'eft ben fûr...... Le digne cher homme!... Que le Seigneur nous le conferve!... Mais, Hélene, dis-moi donc où eft not mere..... HELEN E.

Elle s'eft couchée, elle dort..... Elle n'a pas clos l'œil la nuit paffée....

GENEVIEVE.

Elle eft dans des tranfes fur le couronnement!..... Ah, fainte Vierge, pourvu qu'a n'en tombe pas malade!..... (Se retournant.) Qu'est-ce qui tafticote donc autour de la porte? Va voir, Hélene.

HELENE va ouvrir la porte.

Ma mere, c'eft Thérefe,

SCENE

SCENE III.

GENEVIEVE, MARIANNE, THERESE

MADAME

HELEN E.

THERE S E.

ADAME Genevieve, je viens vous avertir que M. le bailli est chez lui, fi vous voulez y aller..... Ma mere & celle d'Urfule y fout...

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En te remerciant, mon enfant, j'y vais.

THERES E.

Il y a déjà tout plein de monde fur la place, & des étrangers, & des meffieurs, & des belles dames...

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Venez, ma commere, donnez-moi le bras, vous me conduirez chez M. le bailli, car je fuis fi affotée, que je ne faurois quafiment marcher; y me paroît que tout tourne à l'en

Tome IV.

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