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tombée, je fuis reffortie par le jardin, je fuis rentrée dans la maison par le village, & j'ai dit à ma mere le même conte que t'as fait à la tienne.

HELEN E.

Perfonne ne nous a vu revenir féparément; la bonne femme de Chauni ne fait pas nos noms, ainsi jamais au grand jamais on ne découvrira cette aventure. Et je te jure encore, ma chere Thérefe, que de la vie je n'en ouvri rai la bouche, telle chofe qui arrive.

THERESE, l'embrasant.

O Hélene, que je t'aime !....

HELEN E.

Va, tu n'aimes pas une ingrate. Mais on frappe à la porte, je crois.... ( Elle crie.) On

y va....

THERES E.

C'eft, Dieu me pardonne, la voix de M. le prieur!... Eh vraiment oui, c'eft lui..... Et avec cette dame marchande de Noyon qu'a amené Marianne....

SCENE V.

M. LE PRIEUR, madame DUMOND, MIMI, HELENE, THERES E.

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HELEN E.

H, mon dieu, ma mere qu'eft fortie!...
LE PRIEUR.

Bonjour Hélene; voilà madame Dumond qui eft venue exprès de Noyon pour voir la fête.....

Madame DUMON D.

Et pour faire connoiffance avec les prétendantes.....

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En voilà deux....

Madame DU MOND.

Il faut que je les embraffe. Comme elles font jolies!...(Hélene & Thérefe font la révérence.)

HELEN E.

Je t'en prie, Thérefe, vas voir si tu pourras

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MIMI, en montrant Hélene.

Maman, n'eft-ce pas que c'eft celle-là qui fera Rofiere?

HELEN E.

Oh, mamzelle, je ne fuis pas la plus méritante; tant s'en faut...

MIM I.

Oh, maman, priez M. le prieur qu'il lui donne la rofe!...

Madame DUMON D.

Oui, oui, cela fe fait bien comme cela!..
MIM I.

Dame, voilà pourtant la plus jolie, & la plus blanche encore; les autres font noires comme tout.

Madame DUM ON D.

Ecoute donc, Mimi, tu n'aimes pas la petite Gogo, la fille de notre voifine?...

MIMI.

Pardi non, elle m'égrafigne toujours; je ne

l'aime pas du tout.

Madame DUM ON D.

Elle eft pourtant bien jolie & bien blanche... MIMI.

Oui, mais elle eft méchante comme je ne fais quoi....

Madame DUM ON D.

Il vaut donc mieux être bonne que d'être

belle?

MIMI.

Mais eft-ce qu'on ne peut pas être belle fans égrafigner?

Madame DU MON D.

Oh, fi-fait. Mais la beauté paffe, & la bonté dure; & puis c'eft par la bonté qu'une petite fille fait le contentement de fon papa & de fa maman; c'est la bonté qui fait aimer: tu vois donc bien que c'eft elle feule qui mérite des récompenfes.

MI M I.

Ah, oui, c'est juste, je me fouviendrai de cela. Ainfi, maman, c'eft donc la plus bonne qu'on va couronner?

Madame DUMON D.

Sûrement. Mais, monfieur le prieur, vous m'aviez promis que vous me feriez voir dans cette maison-ci ce qu'il y a de plus curieux à Salency.

LE PRIE UR.

Cela eft vrai. Tenez, madame Dumond, regardez bien cette armoire... Elle renferme de précieuses richeffes....

Madame DUM ON D.

Comment donc?

MIM I.

Ah, que je voudrois qu'on l'ouvrît!...
LE PRIEUR.

Hélene, pourroit-on en avoir la clef?
HELEN E.

Je vais voir fi ma grand'-mere veut me la

donner.

MIMI.

Maman, voulez-vous bien que j'aille avec

elle?

Madame DU MON D.

Oui, vas.

(Hélene prend Mimi par la main & fort.)

LE PRI E UR.

Cette famille, madame Dumond, eft bien en effet une des plus confidérables de Salency. Si vous connoiffiez la piété, la charité de ces gens-là!... & comme ils font respectés dans le village!... car ici les vertus feules impriment le respect.

Madame DUM ON D.

Vous êtes bien heureux, monfieur le pricur, d'avoir de bonnes ames comme cela à gouverner.

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