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de Velsbergt, ne portez point votre encens ailleurs, rien n'approche de mon équité; dès que je ferai fûr de votre tendreffe, la mienne la payera au centuple. Vous attendez, interrompit Madame de Clairville d'être con. vaincu de la poffeffion de mon cœur pour me donner le vôtre; nous ne fommes pas encore d'ac. cord, je prétens que vous faffiez les avances, & vous n'aurez qu'à proportion de ce que vous mériterez. Sur ce pied. là, dit le Comte de Velfbergt, je ne fuis point inquiet de mon bonheur: car fi vous me rendez justice, vous ferez bien du chemin en ma faveur. La Compagnie qui s'étoit raffemblée ne put s'empêcher de rire des faillies du Comte de Velsbergt; la nuit étant venue, on fe rendit à la maison où on devoit fouper: rien ne fut plus propre,plus magnifique,ni mieux

fervi que le repas mais ce qui furprit agréablement cette af femblée, ce fut d'entendre une fimphonie charmante.Pendant le fouper le Comte de Caprara eut la fatisfaction de rencontrer fouvent les yeux de Mademoiselle de la Charce, où il ne remarquoit rien d'ennemi, ils commençoient à s'entendre; ainfi au défaut des paroles,les regards tendres ne furent point épargnés. Madame de Clairville trouva cette journée admirable,de belles promenades, un grand difeur de galanteries auprès d'elle, un feftin fuperbe, une fimphonie des plus délicates, & l'efperance de danfer: fa vivacité fur les plaifirs l'obligeoit de préferer celui qu'elle défiroit, à celui qu'elle poffedoit; ainfi elle youlut quitter la table plûtôt que l'on auroit fait, pour montrer qu'elle fe tiroit légerement d'un menuet, elle prit le Comte de

Caprara, qui parut très-habile à cet exercice, auffi.bien que Mefdemoiselles de la Charce, & le Comte de Velfbergt. Le Comte de Roffembourg ne put fe dif penfer de foulager ces deux Cavaliers, qui avoient trois Dames, car Monfieur & Madame de la Charce formoient le corps des Spectateurs, on passa une partie de la nuit de cette façon, Madame de Clairville fut plûtôt daffe que rebutée, le Comte de Velsbergt lui prodigua fes douceurs, elle en parut contente, mais elle ne laiffoit pas de donner une partie de fes attentions au Comte de Caprara, se flatant qu'il ne lui feroit pas difficile d'en amufer plufieurs à la fois, le Com. te de Velsbergt étoit fi occupé de lui-même, & l'amour dont il fe vantoit lui donnoit fi peu d'inquiétude, qu'il ne prenoit pas garde que le cœur de Madame

de Clairville n'étoit pas tout entier pour lui. Mademoiselle de la Charce remarquoit mieux les actions de la veuve, elle en dit même quelques paroles au Comte de Caprara, mais d'une maniere firefervée, qu'il paroiffoit y avoir plus de plaifanterie que de jalousie dans fes difcours. Le Comte y répondit de façon qu'il ne devoit lui refter aucun foupçon; fes manieres avec Madame de Clairville étoient bien capables de les détruire entierement, s'il lui en étoit resté. Lorsque l'on croyoit de monter en carofle on fervit un dejeuné qui répon doit au refte de la Fête, enfuite on dit à Monfieur de la Charce

que fon Caroffe étoit rompu,qu'il ne pouvoit le remener à Paris. Il parut d'abord chagrin de ce contretems, puis il fit reflexion que ces Meffieurs qui en avoient un, feroient affez polis pour vou

loir bien le prêter aux Dames 3 il ajoûta que fi-tôt qu'elles feroient chez elles,elles en renvoyeroient un autre,& qu'en attendant ils auroient tous trois le plaifir de voir lever l'aurore dans les beaux jar◄ dins où ils s'étoient promenés. Monfieur, dit un des gens qui étoit inftruit par le Comte de Caprara, celui de ces Meffieurs n'est pas en meilleur état que le vôtre. Comment donc,interrompit Monfieur de la Charce, faudrat-il que nous reftions ici? On y a pourvû, continua le même Domestique, la nuit eft claire & calme, il y a un barteau qui vous attend. C'est quelque chofe, ré pondit Monfieur de la Charce; mais quand nous ferons au Port, ajouta til,nous n'irons pas à pied jusques là où nous logeons. Vous n'attendrez pas longtemps des voitures, pourfuivit l'homme qui avoit parlé, fongez feulement à

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