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tems une réponse. Je ne connois point, pourfuivit-elle, ces manie res mifterieufes, je fuis très- naturelle, & agis de même, s'il eft vrai que mon billet vous faffe autant de plaifir que vous le dites, je ne me repens point de l'avoir écrit, & je ferai toûjours ce qui me fera poffible, fans bleffer ma vertu, pour vous donner quelques fatisfactions. Après des paroles fi obligeantes, interrompit le Comte, je n'ai plus qu'une grace à defi rer, pour avoir la joie de les entendre répeter quelquefois ; donnez-moi le moyen de pouvoir vous entretenir fans témoins, voici la premiere que je peux vous parler, avec un peu de liberté: mais ce n'est point affez je n'ofe me jetter à vos pieds; quoique mon amour & mes tranfports m'empreffent à chaque moment, je ne les contraindrois point fi nous étions feuls. A ces

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mots, Mademoiselle de la Charce prit un air très férieux, & lui dit; Ah Comte, vous abufez de mes bontez,vous comptez fans doute fur une facilité qui feroit fort condamnable, fi j'étois capable d'a voir une pareille complaifance: que penferiez-vous de moi? quoi vous voudriez exiger des têtes à êtes fi vous n'êtes pas content de ce que j'ai fait pour vous jufques ici, vous êtes trop mal-aifé à contenter, pour que je vouluffe entreprendre de remplir vos defirs; je vous déclare que fi vous en avez de contraires à l'auftere devoir dont je ne m'éloignerai jamais, quoique je vous aime (car je veux bien vous en faire l'aveu); s'il n'eft pas en mon pouvoir de ceffer de vous aimer, je ferai la maîtreffe de ceffer de vous voir. Je n'ai jamais eu, interrompit le Comte avec un ton foumis, la moindre pensée qui pût vous of

fenfer ; je vous ai déja dit que fi ma fortune vous semble digne de vous, je ne la partagerai point avec d'autres, & je trouverai ma felicité préferable à celle des plus grands Monarques. Ces pa roles ramenerent la douceur dans les yeux de Mademoiselle de la Charce, il lui jura que fon ref pect égaloit fon amour; enfin il fit fi bien qu'il calma le dépit que fa demande avoit fait naître dans l'efprit de cette perfonne,

Dans ce moment Madame de Clairville entra, fuivie du Comte de Velfbergt, lequel ne la quittoit gueres, foit qu'il trouva fon humeur convenable à la fienne, ou qu'il fentit plus d'inclination pour elle que pour toutes les autres femmes, qu'il avoit pratiqué depuis qu'il étoit à Paris. Cette Veuve qui n'étoit pas capable de reflexions ni de ménagemens avança promptement à l'endroit

où étoit le Comte de Caprara, fur le cœur de qui elle avoit toû jours eu de grandes prétentions. Corrigez votre parent, lui cria telle, il a dit des chofes devant mes compatriotes, dont une per fonne plus fcrupuleufe que moi fe feroit fort fcandalifée.Quoi! reprit le Comte de Velsbergt, parce que je vous ai affuré hautes ment que je vous aime, que j'ai ajoûté que je vous aimerai toû jours, & que je compte que vous ne pouvez pas vous difpenfer de m'aimer, je merite des reprimandes? Eft-ce que les Normands n'entendent pas ce langage? fuisje blamable de ce que leur pré fence me paroiffoit ennuieuse & que j'ai dit tout ce que j'ai cru capable de vous en défaire? Et même poursuivit-il, s'adressant à Madame de la Charce, j'ai pris la liberté de me fervir de votre nom, pour congedier ces Pro

vinciaux, affirmant que vous attendiez avec impatience Madame de Clairville, pour commencer votre partie de jeux, & que vous m'aviez ordonné de la presfer de venir contribuer à votre amusement. Monfieur, répondit Madame de la Charce, mon nom eft toûjours à votre service dans les occafions où il s'agira de vous procurer le plaifir d'être auprès de cette aimable Veuve fans fâcheux. Mais à vous entendre, reprit Madame de Clairville parlant au Comte de Velsbergt, vous feriez croire que vous êtes jaloux; Ah! pour cela non, interrompit le Comte, la jalousie est une passion trop inquiette, pour un homme de mon humeur; je connois fort l'amour, je ferois des commen taires fur toutes les délicateffes qui l'accompagnent, mais je ne mets en pratique que ce qu'il a de doux & de gracieux, ayant

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