ne fait jamais de tort à la réputation d'un Cavalier. Ce font de fauffes vanitez, reprit le Comte, de jeunes gens diffipez qui ne flattent point mon amour propre; je mets toute ma gloire au bonheur d'être aimé de vous, & à faire tout ce qui dépendra de moi pour le mériter, vous m'avez permis de l'efperer Vous connoiffez la droiture de mes fentimens, je n'en aurai jamais qui puiffent vous faire la moindre peine; confervez-vous pour moi, je vous protefte que je me referverai entierement pour vous. Ils fe dirent encore mille chofes rendres, jufqu'à ce que le jeu finit, après lequel Madame de la Charce déclara qu'elle ne fortiroit point ce jour là, à cause de la maladie de la Veuve qui fe trouva mieux le lendemain & reçut la compagnie dans fa chambre, Mademoiselle de la Charce

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qui s'appliqua à l'observer, remarqua une joie vive fur fon vifage lorsque le Comte de Caprara entra, qui découvroit aifément ce qui fe paffoit dans fon toute fa perfonne parut animée d'un feu brillant, par la présence de ce jeune Seigneur qui s'informa de l'état de fa fanté, d'un air où il entroit plus de politeffe que d'empreffement; elle se flatta de tout ce qu'elle fouhai toit, & crut appercevoir les com. mencemens de la tendreffe qu'elle defiroit. Cette imagination la rendit de la meilleure humeur du monde, le Comte de Velfbergt arriva bientôt après; la gayeté de fon efprit qui ne connoiffoit que ce qui porte à la joie, lui fit prendre plus de part au retour de la fanté de fa Veuve, qu'il n'en avoit pris à fa maladie, il fit cent contes plus amufans les uns que les autres. Madem oi.

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fellede la Charce étoit tranquille au milieu de toutes fes vivacitez,fon cœur le trouvoit exempt d'une partie des inquiétudes que cause l'amour, elle fe croyoit fûre de celui du Comte, elle l'ef timoit trop folide, pour craindre qu'il fe rendît aux avances de la Normande; celle-ci n'afpiroit pas à moins qu'à devenir la femme du Comte, elle n'ignoroit pas que fa fortune étoit confiderable, & qu'elle pouvoit remplir fes defirs,elle étoit affez intereffée pour en avoir de vastes, & elle ne négligeoit point ce qui paroiffoit lui être utile: outre qu'elle s'imaginoit mériter beaucoup puifqu'elle avoit de la naiffance & un bien honnête, elle fe per fuada auffi que quatre ou cinq ans qu'elle avoit de plus que le Comte,ne feroient point unobsta. cle pour lui plaire, comptant fur fes agrémens aufquels elle dou.

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toit que peu d'autres fuffent com. parables, tant pour la figure que pour l'efprit; elle cherchoit avec foin les occafions de l'entretenir tête à tête : mais il n'étoit pas aifé de les trouver, le Comte les évitoit fans affectation; & Mademoiselle de la Charce de concert avec lui marquoit tant d'attache. ment pour cette Dame, qu'elle ne la laiffoit pas un moment feu le. Les contretemps qui dérans geoient fes deftins, la détermine rent à feindre une maladie pendant quelques jours, ne doutant point que les Dames qui lui te noient fi fidelle compagnie, ne pourroient pas fe difpenfer de fortir, foir pour la promenade, pour vifites ou affaires; la contrainte étoit violente pour une perfonne de fon humeur qui au roit voulu être partout en même tems, mais l'amour fait des changemens plus extraordinaires. Le

Comte auroit dû lui fçavoir beau coup de gré ; cependant sa reconnoiffance n'agit point en cette occafion, non plus que pour toutes les graces dont elle le combloit, fans qu'il les defirât. Son projet réuffic, les Dames furent obligées de fortir,& le Comte vint comme de coutume; il fut très interdit de la trouver feule. Quoi Madame,dit il,vos maux font-ils augmentés, que je vous vois ici, pendant que vos amies font ailleurs? Je n'ai pas fait vou, répondit la Veuve, de les fuivre en tous lieux; cependant comme naturellement la retraite n'est pas de mon goût, tenez-moi compte de celle où je me réduit, j'ai toûjours cru d'aimer le mon. de, mais à prefent je fens que je n'aime que vous, puifque la con. tinuation de ma maladie n'est qu'un prétexte pour avoir le plaifir de vous entretenir en liberté :