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Il faut fonger à rétablir votre fan. té, pour être en état de voir la nôce de Monfieur le Prince de Conty & de Mademoiselle de Blois, que le Roi a declaré qui fe feroit le mois qui vient. J'ef pere, reprit-elle, que ma maladie me permettra de profiter de ce fpectacle, elle n'eft pas affez con fiderable pour me retenir long

tems dans ma chambre. Mada me de Clairville fut très fâchéë que l'on l'eut interrompue avant que le Comte de Caprara eut le loifir de lui répondre fur tout ce qu'elle lui avoit dit, dont elle fouhaitoit avec ardeur de s'éclaircir; il ne lui reftoit que la fatisfaction d'être fûre qu'il ne pou voit douter de fa tendreffe: mais elle defiroit d'être convaincué qu'il y étoit fenfible, & qu'elle avoit diffipé la répugnance qu'il marquoit de ceder à l'amour: fes penfées qui l'occupoient la ren

dirent plus férieuse qu'à l'ordinai. re. Le Comte de Velfbergt s'imagina que fa maladie caufoit fa mélancolie, il fit fon poffible pour la diffiper : mais voyant qu'il ne pouvoit la tirer de l'in. dolence où elle paroiffoit être enfevelie, qui ne convenoit point à sa vivacité, il étoit prêt à s'en aller chercher plus de joie ailleurs, lorsque les Dames entre.

rent.

Le Comte de Caprara trouva moyen de dire en paffant ce peu de mots à Mademoiselle de la Charce:,,Ledefir de ne perdre pas » un des inftans que je peux avoir » le plaifir de vous voir, m'expofe ades conversations si ennuiantes » & fi embarrassantes, que je fuis »obligé de vous demander la gra »ce de m'avertir, quand vous for »tirez fansMadame de Clairville; » mon cœur n'eft capable ni d'in» fidelité ni de diffimulation, elle

veut exiger le premier, ou me « contraindre à me fervir du der « nier: jugez dans quelle perplexi.« té me réduisent de pareilles ex-« tremités.,,Gardez-vous de l'un & de l'autre, répondit Mademoi felle de la Charce, ce font des vices qu'il n'est point permis à un honnête homme de mettre en usage; esperons au peu de folidi. té de l'humeur de ma rivale qui ne lui laiffera pas penfer longtems la même chofe, elle est dé. ja ennuyée du Comte de Velse bergt, trouvons un homme nou. veau. Ils ne purent en dire da. vantage: pendant quelques jours le Comte de Caprara fe conduifit avec tant de précaution, fans qu'il parût y avoir d'affectation, que Madame de Clairville ne put renouer la converfation qu'elle avoit euë avec lui, quoiqu'elle apportât tous les foins pour y réuffir, afin d'être éclaircie des

fentimens qu'il avoit pour elle. Le tems du mariage de Mon fieur le Prince de Conty étant arrivé, notre Compagnie le dif pofa à être témoin de cette agréable Fête, toute la France & toutes les nations qui s'y rencontrerent, admirerent également l'air & la beauté de Mademoifelle de Blois; l'art n'avoit point de part à fes charmes, ils étoient tous naturels:la majesté, la grace, la modeftie & la douceur qui brilloient en fa perfonne, l'ornoient beaucoup plus que les pierreries dont l'habit blanc qu'elle portoit ce jour-là étoit couvert. Que l'imagination la plus vive le pro mene fur l'objet le plus gracieux qui fe prefente à notre idée, elle ne fçauroit encore approcher que foiblement des attraits qui parurent aux yeux de ceux qui furent affez heureux pour voir cette merveilleuse Princeffe; elle

laiffa une fi forte impreffion d'admiration dans tous les cœurs, qu'elle y regnera toujours.

Cette année fi fertile en auguftes mariages pour la France, avoit peuplé Paris, de maniere qu'il n'avoit jamais été fi agréable. Un des parens de Mada. me de Clairville, que l'hyver avoit ramené comme nombres d'autres, âgé de trente ou trente deux ans, qui commandoit un Regiment, qui étoit Normand auffi-bien qu'elle, & fe nommoit le Marquis de Parville, vint lui rendre vifite, elle le reçût dans l'appartement de Madame de la Charce, où fe rencontra la Compagnie ordinaire. Le Marquis fut frapé de la vûë de Mademoiselle de la Charce, il fentit une impatience extrême de pouvoir entretenir Madame de Clairville en particulier, pour lui demander qui étoit cette perfonne qu'il

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