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valoir la proximité & l'amitié qui eft entre nous. Madame de Clairville fut ravie d'apprendre le deffein du Marquis, elle s'ima. gina qu'il lui donneroit plus aifement les moyens d'entretenir le Comte, pendant qu'il occuperoit Mademoiselle de la Charce. Comme elle jugeoit des autres par elle même, elle ne dou. ta point que Mademoiselle de la Charce n'écoutât gracieufement les galanteries du Marquis, elle en parla beaucoup, avant qu'il arrivât,elle vanta fon bien, fa condition & fon emploi. La Compagnie répondit comme elle devoit, c'eft à dire qu'elle écouta & applaudit: c'est tout ce que pou voient fairedes perfonnes prudentes par rapport à un homme que l'on ne connoît point, & qui eft ami & parent de celle qui fait fon éloge. Il arriva le premier & fut reçu poliment; le Comte de

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Caprara ne tarda pas, accompa gné du Comte de Velfbergt. Le Marquis qui n'avoit d'attention que pour Mademoiselle de la Charce, remarqua, lorsqu'ils entrerent une petite émotion dans fes yeux qui lui parut de mauvaise augure pour fon amour, il n'étoit pas aifé de diffimuler lequel de ces deux Cavaliers l'avoit causée, il soupçonna da vantage le dernier fur ce que lui avoit dit la Veuve, s'imaginant qu'elle aimoit le Comte de Ca prara, & qu'elle ne s'y feroit pas attachée, fi elle avoit cru qu'il le fut à Mademoiselle de la Charce. Enfin il se propofa d'exami ner avec foin ce qu'il vouloit dé. couvrir, cependant il fe rendit affidu auprès de Mademoifelle de la Charce, il ne laifoit écha. per aucune occafion de lui faire entendre ce qu'il fentoit pour elle; mais elle en ufoit avec tant

de referve, qu'il fut plufieurs jours fans pouvoir lui dire un feul mot. Le Comte de Caprara s'apperçut des deffeins du Marquis de Parville, il crut remarquer qu'il avoit d'auffi bons yeux que lui, & qu'ils addreffoient leurs vœux à la même divinité ; les amans font clairvoyans, il en parla un jour à Mademoiselle de la Charce, qui lui dit: Vous êtes plus fçavant que moi. J'ai fait fi peu d'atten tion au Marquis poursuivit-elle, que j'ignore s'il eft grand ou: petit, blond ou brun; ne croyez pas que ce foit par mépris pour lui seul, j'en userois de même pour tout autre. Faut-il vous l'avouer ajoûta-t elle en rougiffant où vous êtes je ne vois que vous, ou yous n'êtes point je ne vois perfonne. Ah! s'écria le Comte, je n'ai jamais entendu de fi charmantes paroles. Tenons-nous en là, répondit Mademoiselle de la

Charce, vous êtes content, c'eft tout ce que je fouhaite, fongeons feulement à nous garder des furveillans Normands.

Madame de Clairville pria un jour Mademoiselle de la Charce de venir dans fa chambre voir une emplette qu'elle fuppofa avoir faite le Marquis de Parville qui avoit obligé fa parente à se fervir de cette rufe, pour éloigner cette aimable fille du gros de la Compagnie, arriva un moment après. Lorfque Mademoifelle de le Charce le vit entrer elle voulut retourner auprès de fa mere,mais ils la retinrent malgréelle. Quoi! Mademoiselle, lui dit le Marquis, voudriez-vous m'attirer l'indignation de ma coufine? fi ma prefence la privoit de la vôtre, elle ne me le par. donneroit point: de plus, voulezvous fi promptement convertir en douleur la fenfible joie que

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j'ai eue de vous rencontrer ici? J'ai fi peu l'honneur d'être connue de vous, répondit Made. moiselle de la Charce, que ma présence ne sçauroit vous causer aucune agitation ni en bien, ni en mal. Il faudroit, interrompit le Marquis, que vous ignoraffiez le pouvoir de vos charmes, fi vous penfiez ce que vous dites: mais Mademoiselle, je fuis perfuadé que trop de gens en ont fentiles effets, pour que plufieurs ne vous ayent pas affuré que vous êtes la plus admirable perfonne du monde, & la plus capable d'inspirer une violente paffion. Je n'en ai trouvé,reprit Mademoiselle de la Charce avec un air férieux & fier, aucuns jufqu'ici affez hardis pour me faire une femblable déclaration, j'efpere qu'il ne s'en rencontrera pas davantage à l'ave. nir, puifque l'on ne me tiendroit pas deux fois un pareil discours;

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