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avertir le Comte de Caprara de ce qui c'étoit paffé dans la cham. bre de la Normande.

Le lendemain les Dames alle

rent à l'Opera, le Marquis en

fa

fut averti par parente; il fe trouva à la portière du caroffe, pour leur donner la main; Mademoiselle de la Charce ne tourna pas les yeux de fon côté ; il conduifit Madame de la Charce, & refta dans la même loge, les Allemands parurent bientôt dans le Partere : dés que la veuve les apperçût,elle leur dit qu'il y avoit place pour eux dans la loge; il n'y entra d'abord que le Comte de Velfbergts; ce qui ne plut point à Madame de Clairville, est-ce que vous êtes feul, lui demanda-t-elle, voyant que l'on fermoit la porte après lui; il répondit avec le ton goguenard, qui lui étoit fi naturel: Hé quoi, ma belle veuve, fouhaitez-vous

encore quelqu'un où vous me voyez ? ne dois-je pas remplir tous vos defirs? pour moi lorfque je fuis auprès de vous, j'oublie nom bre de Dames qui m'accablent tous les jours de Billets de rendez-vous&d'offre de leurs cœurs, pour m'en tenir à celui que vous m'avez donné. Vous parlez bien hardiment, interrompit Madame de Clairville, lorfque vous affurés que je vous ai donné mon cœur, quand eft-ce donc que je vous ai fait ce present ? Comment reprit le Comte, vous voudriez vous en dédire, ne confirmés pas la réputation que s'eft acquife la Province où vous êtes née; de plus quand vous en voudriez fuivre les maximes, j'ai plufieurs témoins; en voici un irrecufable qui arrive, poursuivit-il, en voyant entrer le Comte de Caprara: je l'accepte, repartit la Normande; croyez-vous Comte,

ajoûta-t-elle, s'adressant au dernier venu, que mon cœur foit au pouvoir de votre ami; il l'af firme comme fi c'étoit une chofe incontestable; qu'en peufez-vous? Qu'il merite ce qu'il fouhaite, répondit le Comte de Caprara ; fans doute qu'il vous croit équitable, & qu'il compte que vous ferez reconnoiffante des fenti. mens que vous lui avez infpiré ; la reconnoiffance, interrompit le Marquis, eft une vertu qui n'est gueres d'ufage à prefent, fur tout quand il s'agit de payer un amour parfait: en achevant ces mots il regarda Mademoiselle de la Charce, qui fe crut obligée de répondre: une chofe parfaite, ditelle, doit plaire également à tout le monde, l'amour n'a pas ce pouvoir, & ne s'eft jamais attiré l'approbation generale, puifqu'il y a autant de gens qui l'évite, qu'il peut s'en trouver qui le

cherche, & même la raifon fera toujours du parti des premiers:on ne doit point condamner, reprit le Marquis en baissant la voix,' ce que l'on fait naître aifément; finiffons, repartit brusquement Mademoiselle de la Charce, un difcours que je vous ai prié très férieusement de fupprimer pour toujours; je vous le repete & prétends que vous obferviez ce que je vous demande; le Comte de Caprara qui entendit ces paroles, en eut un peu d'inquiétude, quoi qu'il eût connu par les réponses de Mademoiselle de la Charce qu'elle ne les approuvoit pas, il fit fi bien au fortir de la Loge que le Marquis fe trouva placé de maniere qu'il fut obligé de donner la main à Madame de la Charce, le Comte de Velfbergts prit celle de la veuve,' qui avoit bien plus d'envie du Comte de Caprara mais il ne fut pas en

fon pouvoir de se débarrasser de ce jeune homme; ainfi Mademoiselle de la Charce tomba en partage au Comte de Caprara, fans qu'il parut aucune affectation de leur part: il lui dit auffi. tôt:que prétend ce SeigneurNormand, il me semble qu'il ne par. le pas en homme indifferent? Il eft vrai, répondit Mademoiselle de la Charce, qu'il veut perfua der qu'il ne l'eft pas; mais il perdra fon temps, à moins que fes vœux ne changent d'objet, nous fommes trop près de la Compagnie pour en dire davantage à prefent; vous connoiffez le défenfeur de mon cœur, certainement perfonne autre n'y trouvera de place. Le Comte de Caprara ne put que ferrer la main de Mademoiselle de la Charce, pour lui rendre grace de l'affurance qu'elle lui donna, parce qu'elle monta en caroffe en cet inftant;

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