페이지 이미지
PDF
ePub

plufieurs jours fe pafferent fans évenemens.

Le Marquis paroiffoit fouvent chez les Dames ; il ne perdoit pas une occafion de faire entendre à Mademoiselle de la Charce que fes rigueurs ne diminuoient point fon amour, le Comte de Caprara examinoit avec foin touter les actions de fon rival; le Comte avoit l'avantage fur le Marquis de le connoître pour tel, & le Marquis ignoroit que l'Allemand fûc en concurrence avec lui; la veuve fe flattoit que l'on devoit les affiduitez du Comte de Caprara au plaifir que lui caufoit fa prefence; elle avoit fi bonne opinion d'elle même,qu'el le ne foupçonna point, que Mademoiselle de la Charce pût lui difputer cette conquête, furtout après la déclaration qu'elle lui avoit faite quoique le Comte ne fe fatiguât pas beaucoup pour

ménager fa tendreffe, non plus que pour lui donner des preuves de la fienne, elle croyoit y pouvoir compter, & fe tranquilifoit avec cette agréable pensée, le Marquis de Parvifle lui faifoit fouvent des plaintes du mauvais fuccès de fon amour; elle le con. foloit de fon mieux, & lui difoit que la perfeverance venoit à bout de bien des chofes : il eft vrai, ré. pondit le Marquis, fi fon cœur n'eft point prévenu, peut-être qu'à la fin elle me rendra justice: il n'y a nulle apparence, reprit la veuve, je la crois très indiffe. rente, & je vous ai déja dit qu'el le ne paroît avoir aucun atta chement, fans doute qu'elle a plus d'envie de trouver un mari, que de s'engager dans une intrigue avec un amant; déterminez-vous donc, n'avez vous en vûë que de la galanterie; il n'y a pas d'apparence qu'elle

[ocr errors]
[ocr errors]

veuille s'en tenir là, vous fentezvous difpofé à parler François ? Je ne fçai ce que je veux, répon dit le Marquis, sa résistance me pique, je voudrois la rendre senfible, après quoi je prendrois le parti qui me conviendroit : vous êtes bien amoureux, dit la veuve, cependant vous ne l'êtes pas affez pour fonger au mariage: voilà un mauvais moyen pour parvenir à vous faire aimer, nombre de gens qui n'ont pas plus d'intention de conclure que vous, laiffent pas de le faire efperer, pour s'infinuer dans les bonnes graces de la perfonne aimée, quelquefois la fureté de poffeder le cœur que l'on fouhaitoit ralentit la vivacité des defirs, il arrive mille incidens par la fuite, qui font que l'on le dégage avec honneur; fi vous aviez voulu fuivre cette route, je vous aurois offert de parler en votre faveur, mais le

-ne

moyen que je m'en mêle, fi vous comptez de refter fur le pied de galanterie? Hé bien, må chere parente, interrompit le Marquis, dites tout ce que vous jugerez capable de la flechir, je confens à tout ce qui pourra la forcer à m'aimer; ils ajouterent encore beaucoup d'autres difcours; la veuve promit de faire merveille; il le repofa fur elle du foin de fon bonheur.

Madame de Clairville joignit Mademoiselle de la Charce le plûtôt qu'il lui fut poffible; elle l'affura que le Marquis n'avoit que des fentimens avantageux pour elle, que fon eftime égaloit fon amour, puifqu'il faifoit con fifter fon bonheur à paffer sa vie avec elle; que le parti n'étoit point à dédaigner; qu'il étoit affez riche pour ne point s'informer fi elle avoit du bien ou non; qu'il ne demandoit que fon cœur

pour être le plus fortuné de tous les hommes. Mademoiselle de la Charce repondit avec beaucoup de modeftie, qu'elle lui étoit fort obligée de la confideration qu'il marquoit avoir pour elle, qu'elle fouhaiteroit pouvoir lui en témoigner fa reconnoiffance : mais qu'elle avoit toujours eûë une répugnance infinie pour les enga gemens, que fon goût n'étoit pas encore changé fur ce fujet; qu'elle étoit perfuadée que le Marquis méritoit un parti plus avantageux qu'elle ne le pouvoit être ; qu'el le lui fouhaitoit autant de bonne fortune,qu'elle l'en croyoit digne, & qu'elle le prioit de ne point fonger à elle, puifqu'elle étoit ré. foluë de ne pas changer d'état : il y a des temps, reprit la Normande, où on pense d'une façon qui caufe du repentir dans la fuite, les années viennent, les charmes fe détrui fent, on regrette ce

« 이전계속 »