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demanderent des nouvelles de. Mademoiselle de la Charce, puifque l'on ne la voyoit point; il fçavoient mieux que perfonne le fujet de fa retraitte. Made. moifelle d'Aleyrac répondit froidement, qu'elle étoit occu pée dans fa chambre : le Comte de Caprara arriva peu après, qui chercha des yeux ce qui l'emmenoit dans la maifon; la conver fation fut generale pendant quelques momens, après quoi Madame de la Charce s'étant approchée d'une fenêtre, dit que le temps lui paroiffoit fi doux qu'el le avoit envie de fe promener dans le Jardin, en finiffant ces paroles elle préfenta la main au Comte de Caprara, qui n'eut garde de la refufer, rien n'étant capable de le retenir dans la chambre, puifque Mademoiselle de la Charce n'y étoit pas, la veuve & son parent qui fe dou

terent de la caufe de la promenade de Madame de la Charce, engagerent le refte de la Com. pagnie à demeurer, afin qu'elle eût le temps de s'expliquer avec le Comte fans être interrompuë, & de le congedier, ainfi qu'ils le defiroient, furtout le Marquis; car Madame de Clairville étoit trop étourdie pour avoir prévû toutes les confequences de cette affaire, puifqu'en ôtant à fon amant les moyens de voir fa rivale, elle l'éloignoit d'elle en même temps. Lorfque ceux qui étoient fortis furent feuls dans le Jardin, Madame de la Charce fe trouva un peu embarraffée; comment dire à un homme, que l'on le croit amoureux de fa Fille ; enfin elle fe, détermina, après avoir un peu rêvé: Monfieur, lui dit-elle, je fuis au défespoir que le Public vous croye plus fenfible que vous ne l'êtes en effet,

on s'imagine que les charmes de Mademoiselle de la Charce ont eu allez de pouvoir pour captiver votre cœur: le Comte rougit à ces paroles; ce feroit une victoire bien glorieuse pour elle, continua Madame de la Charce ; mais vous fçavez que le monde tourne toûjours les choses du plus mauvais côté, & qu'il faut facrifier malgré foy à cet ennemi du répos public, quand même il en coûteroit le fien propre; je m'é tois fait une douce habitude d'a voir l'honneur de vous voir, & je fuis très-touchée d'être obligée de vous prier, que ce ne foit pas auffi fouvent que de coutume, cependant la bienséance m'engage à vous demander la grace que vos visites foient moins fréquentes. Le Comte fut frappé comme d'un coup de foudre lorsqu'il entendit ces derniers mots:quoy, Madame, répondit-il, je ferois

privé du bonheur que j'ai eu jus qu'ici? ma conduite auroit-elle pû vous déplaire en quelque cho fe fi vous me faifiez la faveur de m'en inftruire, j'apporterois tant de foin à la changer, que yous verriez que je ne fuis pas incorrigible, & qu'il n'y a rien que je ne faffe pour mériter votre approbation. Vous l'avez toute entiere, repartit Madame de la Charce, je voudrois pouvoir vous en donner des marques; mais, Monfieur, la réputation de ma Fille m'eft plus chere qu'ellemême, quoique je fois une me. re très tendre. En quoi l'ai-je dérangée, interrompit le Comte, elle ne m'accufera pas d'avoir manqué au respect qui lui est dû, je l'eftime autant qu'elle est eftimable? c'eft tout dire, Madame, ajoûta t-il, pourquoi me faire feule refponfable des difcours qui vous déplaifent ne paroît

elle

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elle point aimable aux yeux du
Marquis de Parville & de beau-
coup d'autres qui viennent chez
vous; quand tous ceux que vous
nommez lui trouveroient des
agrémens, reprit Madame de la
Charce, avec fa politeffe ordi-
naire, ils ne sembleroient pas fi
dangereux que vous, leur mé-
rite n'approche pas du vôtre
leurs figures & toutes les perfec-
tions qu'ils pourroient avoir pa.
roiffent fi fort au deffous de celles
que vous poffedez, qu'il n'est
furprenant que l'on vous croye
préferable à tout ce que nous
voyons; fi vous ne l'aimez point,
il vous fera aifé de la voir moins
fi vous l'aimez, aidez lui à fe dé.
faire d'une inclinationinfructueu-
fe qui empoisonneroit le refte de
fa vie: car je crains qu'elle n'ait
trop
rendu de juftice à tout ce
que vous vallez, fans faire réfle-
xion aux fuites d'un pareil atta-

L

pas

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