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» que vous deviez me la refufer, » vous connoiffez mon respect pour » vous; mais vous ne comprenez » point mon defespoir : ne le pouf» fez pas à bout, en me refufant » la grace que je vous demande » car je ne répondrois pas des » effets qu'il pourroit produire » puisqu'il m'eft encore permis d'a» voir le plaifir de vous voir quelquefois, tenez votre réponse prê»te, pour la premiere que j'aurai » cette fatisfaction, & je la rece» vrai de votre main.

Mademoiselle de la Charce fut charmée d'avoir des marques de la fidelité du Comte; mais elle fe trouva bien embaraffée de la maniere dont elle s'y prendroit pour faire ce qu'il fouhaitoir, elle ne cacha point fes deffeins à Mademoiselle d'Aleyrac, fe propofant même de ne voir le Comte qu'en fa prefence, elle lui fit donc part du billet qu'elle en avoit reçû,

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en lui difant ma chere Sœur je compte fur votre amitié, aidezmoi à trouver quelques adouciffemens à mes maux, je ne vois rien qui y puiffe mieux contribuer que la converfation que le Comte me demande, mais comment faire pour y parvenir, à moins que de l'introduire dans la chambre où nous couchons lorfque le reste de la maison sera endormi; je ne le verrai qu'avec vous, vous ferez témoin de nos paroles : j'entrevois, dit Mademoiselle d'Aleyrac, bien des difficultez pour faire réuffir ce projet; cependant tout autre moyen nous eft interdit, nous ne fortons point feules, nous ne voyons per fonne en particulier, plus je rêve, & moins j'imagine comment nous pourrons faire, il n'est pas poffible de lui donner rendezvous nulle part, il faudroit mettre quelqu'un dans notre confi.

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dence, & c'est ce que je voudrois éviter ce ne peut être que des Domestiques, la plupart ont l'ame mercenaire, fi ils fervent dans un temps par interêt, dans un aula même raison peut les obliger à trahir, comme nous ne nous fommes jamais trouvées en pareil cas, nous n'avons pas l'efprit fertile fur cette matiere; je crois donc que le plus court eft de permettre au Comte de chercher des expédiens,en l'affurant que vous avez autant d'envie de l'entretenir qu'il en peut fentir lui-même, il eft mieux dans la bienféance, continua-t-elle, que les démarches neceffaires en femblables occafions paroiffent venir de lui plûtôt que de vous, dautant que votre ignorance fur les fineffes de l'amour ne fçauroient être que loüables, après cette déliberation, que Mademoiselle de la Charce approuva,

elle écrivit ce billet, pour le rendre au Comte à la première rencontre qu'elle trouveroit fa. vorable.

Oui, mon cher Comte, je fçai " tous nos malheurs, il n'y en a " point de plus fenfible pour moi, " que celui d'être privée du plai- " fir de vous voir auffi fouvent qu'à " l'ordinaire, au moins ne fouffrez " pas que votre cœur s'accoûtu- " me à des absences: pour ne lui “ en point donner le temps, je " confens de vous entretenir en " particulier, ce ne peut être qu'après que tout le monde fera en: « dormi, imaginez les moyens de " pouvoir vous rendre dans ma« chambre, vous y ferez reçû avec " joye par ma sœur & par moi.

Mademoiselle de la Charce fut un peu plus tranquille, dans l'efperance que fon projet réuffiroit. Le Marquis de Parville qui ne voyoit point venir le Comte avec

la même affiduité, s'applaudiffoit en fecret de ce que fa Lettre avoit eu le fuccès qu'il defiroit, ne pouvant attribuer à autre cho. fe l'éloignement de fon rival; il redoubloit fes galanteries & fes manieres tendres auprès de Mademoiselle de la Charce, qui les recevoit avec la fierté & fon dédain ordinaire ; il ne laiffoit pas d'avoir l'air affez content, pour donner des foupçons de la fatisfaction que lui caufoit l'absen ce du Comte, & de la part qu'il pouvoit y avoir. Madame de Clairville n'étoit pas fi tranquil. le, fon étourderie, comme j'ai déja dit, ne lui avoit pas permis de connoître les conféquences de la Lettre anonyme; elle s'étoit flattée que les obftacles dégouteroient le Comte, & qu'elle profiteroit de l'amour dont Mademoiselle de la Charce ne feroit plus l'objet ; mais voyant

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