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qu'il ne venoit point, elle com. mença à connoître la faute; elle envoya chez lui fçavoir ce qui l'occupoit, & qu'elle s'ennuyoit extrémement de fa négligence: le Comte lui manda qu'il avoit eû des affaires, qu'il auroit l'honneur de la voir le plûtôt qu'il pourroit; quoique cette réponse parut féche à la veuve, elle fe promit de mettre tout en ufage pour profiter des pertes de fa rivale.

L'impatience que fentoit le Comte de Caprara d'apprendre quelle feroit la réponse de Ma demoiselle de la Charce, ne lui permit pas de paffer plus de quatre ou cinq jours fans aller à l'Hôtel de Tours ; il fut reçû gracieusement de Madame la Charce, laquelle ne vouloit pas qne ceux qui étoient préfens s'apperçuffent qu'elle avoit eu des raifons pour éloigner cet aimable

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Cavalier; ainfi elle le traita en apparence comme elle avoit de coutume Madame de Clairville lui fit beaucoup de reproches, il y répondit poliment, mais froidement, en s'excufant comme il avoit fait lorfqu'elle envoya chez lui. Mademoiselle de la Charce qui ne soupçonnoit que le Marquis de Parville de la piece qui dérangeoit fon bonheur, chercha à donner fon bil. ler au Comte avant que le premier arriva, le Comte étoit artentif à toutes les actions, dans la vûë du stratagême qu'il falloit qu'elle employât pour qu'il puiffe le recevoir; après bien des regards d'intelligence, dans un moment qu'il entra une perfonne pour laquelle la Compagnie fe déplaça, Mademoiselle de la Charce laiffa tomber fon manchon, le Comte fut prompt à le relever; il trouva dedans ce

qu'il fouhaitoit, il rendit le manchon & garda le papier qu'il ferra adroitement; il étoit fi empreffé de le lire, qu'il fortit le plus promptement qu'il lui fut poffible; quoique les yeux de Mademoiselle de la Charce lui euffent permis d'efperer une réponse agréable, les vrais amans fe forment toujours des inquiétudes; ainfi il étoit agité de crainte & de joye, lorfqu'il arriva chez lui, où il fe rendit afin de n'être interrompu de perfonne, quels charmes pour lui, d'apprendre que Mademoiselle de la Charce lui donnoit la liberté de la voir dans fa chambre, il ne fe trouva point embarrassé de ce qu'elle lui laiffoit le foin d'imaginer les moyens de pouvoir y parvenir ; il faudroit, dit-il en lui même, que la chofe fut abfolument impoffible, fi je n'en venois à bour rien ne me coûtera pour jouir

du bonheur de l'entretenir, s'il n'avoit été befoin que d'argent donné à quelques Domestiques pour avoir l'entrée de la maifon la chofe auroit bientôt réuffi; mais il craignoit, s'il fe fervoit de cette voye, d'expofer Mademoifelle de la Charce à l'indifcrétion de pareilles gens; il vouloit faire enforte de ne mettre perfonne dans fa confidence, ces raisons l'engagerent à réver long. temps avant que de fe determiner; enfin il fe fouvint que l'habit de femme lui avoit été heureux pour rendre fon billet ; il crut qu'il pourroit lui être auffi utile en cette occafion; il en prit un, le jour qui lui fembla favorable à fes deffeins; il se rendit à l'Hôtel de Tours à l'heure qu'il fçavoit que l'on foupoit, & que par conféquent tout le monde étoit occupé ; il parla à une fervante de la maison, qu'il abor

da avec un air très- effrayé, & lui dit, ma chere fille, je vous de. mande en grace de m'aider à me cacher pour éviter les fureurs d'un mari jaloux & emporté fans aucune raison, & qui m'auroit tuée fi je ne m'étois échapée, vous ne perdrez pas vos peines en me rendant service; voilà un louis d'or qui vous est garant, ajoûta til en le lui donnant : Madame, répondit la Servante, que cette liberalité avoit mis dans fes interêts, vous n'avez qu'à parler, je ferai tout ce que vous fouhaiterez; car naturel. lement je hai fort les mauvais maris; j'en ai eu ma part, fans quoi je ne ferois pas réduite en l'état où vous me voyez : la fervante avoit fort envie de conter fon hiftoire, car ces gens-là aiment à parler, mais la Dame dé. folée ne lui en donna ma chere, commencez par me

pas

le tems:

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