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mettre en lieu où je ne puiffe être découverte par qui que ce foit, car tout le monde n'est pas comme vous; la plupart des perfonnes s'imaginent toujours que les femmes ont tort, & prennent le parti des hommes contre elles: il eft vrai, repondit la servante, venez je vais vous renfermer dans une chambre qui n'est point habitée à present: lorsqu'ils furent à l'endroit où elle conduifit le Comte, il lui dit, ce n'eft pas tout, il faut que vous trouviez le moyen de me faire parler à Mademoiselle d'Aleyrac, qui eft mon amie particuliere, à qui je ferai bien aife de conter mes peines,il nomma celle-là, parce qu'il avoit remarqué par le billet de Mademoiselle de la Charce, qu'elle fe confioit entierement à elle, & qu'elle ne le verroit qu'en fa prefence ; ainfi pour ménager encore plus

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celle qu'il aimoit, il crut qu'il étoit à propos de s'adreffer à fa Soeur; il fit donc entendre à la fervante, qu'il lui étoit de la derniere conféquence qu'ame vivante ne s'apperçût de ce qu'el le diroit à Mademoiselle d'Aleyrac, parce que Monfieur & Madame de la Charce qui connoiffoient fort fon mari & elle, comme étant de la même Province & très-voifins, étoient affez injuftes pour s'maginer que fon mari étoit plus raisonnable qu'elle; car dans d'autres difputes que nous avons eue, ils me don. noient le tort,quoique je fois fort douce & lui fort brutal, s'ils me fçavoient ici, il me remeneroient chez lui malgré moi, où ils le feroient venir pour me reprendre, ce qui n'est point mon intention, car je veux me mettre dans un Convent pour m'en féparer toutà-fait, c'eft pourquoy je veux

prendre le confeil de Mademoifelle d'Aleyrac : vous me faites tant de compaffion, dit la fervanre, que je m'en vais travailler à vous fatisfaire avec toute l'adref. fe poffible; comme l'on défervoit elle entra dans la Salle où l'on avoit mangé, faifant femblant de chercher quelque chose; perfonne n'étoit encore rangé; ainfi elle put s'approcher, fans que l'on s'en apperçût, de Mademoiselle d'Aleyrac, à laquelle elle dit avec plus de fineffe que l'on en devoit efperer de la groffiereté de fes manieres, qu'elle avoit à lui parler en par ticulier. Mademoiselle d'Aleyrac qui n'étoit point obfervée comme fa Sœur l'auroit pût être, fortit un moment après; la mes fagere lui conta l'avanture de la Dame fon amie, elle démêla d'abord tout le miftere, elle recommanda le fecret à la fervante

enfuite

enfuite elle alla dans fa cham. bre pendant que leurs femmes foupoient, & dit à l'officieuse servante d'y conduire la Dame, qu'elle y feroit plus en fûreté qu'ailleurs; lorsqu'elles furent enfemble, elles fe firent les complimens qu'elles crurent neceffaires devant leurs confidentes ; après quoi Mademoiselle d'Aleyrac renferma le Comte dans un petit cabinet, dont elle prit la clef, & retourna fi promptement où étoit la Compagnie,qu'à peine remarqua-t-on qu'elle avoit été abfente, elle ne dit rien à fa Sœur de ce qui s'étoit passé, craignant que fon impatience ou fon inquiétude ne donnassent quelques foupçons à ceux qui l'examinoient; ainfi on passa la foirée comme à l'ordinaire.

Monfieur de la Charce étoit très fatisfait de ce que le Comte ne venoit plus que rarement; il

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ne s'étoit pas apperçu des chagrins de fa fille, à la vérité elle les cachoit avec foin; ainfi il s'imagina que les cenfeurs n'auroient plus dequoi exercer leurs fatyre fur la conduite de fa Famille. Lorsque chacun fut retiré, les femmes de Mefdemoiselles de la Charce, voulurent prendre dans le cabinet des chofes qui leur étoient neceffaires : mais ne trouvant point la clef, elles se mirent en devoir de la chercher, ce fut fans fuccès; Mademoiselle d'Aleyrac les accufa de négli gence & les envoya coucher difant que l'on lui avoit prêté un Livre qu'elle vouloit finir avant que de fe mettre au lit, vous ferez bien aife de l'entendre, continua-t-elle, s'adreffant à fa Sœur. Celle cy, à qui fes inquié rudes ne laiffoient gueres de repos, y confentit fans pénétrer plus avant; fi-tôt qu'elles furent

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