페이지 이미지
PDF
ePub

qu'Allemande, le nom de faFamille eft connu par tout,qui s'ennuya de mes froideurs. Un jour que l'Imperatrice alla se promener dans les jardins du Palais, cette perfonne fut affez adroite pour me donner la main, fans qu'il me fût poffible de l'éviter; comme je n'avois rien dans le cœur

crys d'abord cette action auffi indifferente que les autres; elle m'éloigna un peu du refte de la Compagnie, en faisant semblant de confiderer quelques fleurs ; puis lorfqu'elle crut n'être entendue de perfonne, elle me regarda d'une maniere qui auroit aisément inftruit un plus habile que moi, en me difant, eft-il poffible que vous ne deviniez point ce que je penfe, & que je fois obligée de m'expliquer pour vous l'appren dre: je voudrois, repris-je, pouvoir vous épargner la peine que vous craignez; mais je vous avoue

que je ne fuis point au fait de ce que vous fouhaitez, & que jus qu'ici je n'ai pas eu le don de fça. voir les chofes fans que l'on me les dife, fi c'est quelques fervices que vous defiriez de moi vous pouvez parler hardiment,& être perfuadée que je n'oublie. rai rien pour votre fatisfaction, quand il iroit du facrifice de ma vie. Ah je n'en veux point à votre vie, répondit-elle, fauvez la mienne, c'eft ce que je vous demande : la vôtre, interrompisje avec étonnement, elle ne me paroît point en danger : plus que vous ne l'imaginez, dit-elle: s'il eft vrai, répartis-je,que pourrois-je faire pour conferver un bien fi précieux ? me donner votre cœur fans reserve, poursuivit elle, & en défendre l'entrée à tout autre qu'à moi:il n'y a rien d'impoffible à ce que vous demandez, répondis-je, il est

:

encore en ma puiffance, engagez-le à vous rendre les armes ; vous êtes trop aimable, pour que je m'y oppofe m'affurez-vous continua-t-elle, qu'aucunes des perfonnes qui l'attaquent n'ont trouvé fon endroit fenfible? je vous l'affûre si bien, dit-il, que je n'ai pas même fait attention que quelqu'un forma des def. feins contre fon repos : quoi, Comte, ajoûta t-elle, tous mes difcours, toutes mes manieres tous mes regards, ne vous ont point appris que je vous aimois avec ardeur j'ai été, répondis-je, jufqu'ici fi ignorant fur ce qui a rapport à l'amour, que j'ai cru devoir à votre efprit & à votre politeffe, ce que vous voulez me perfuader que je dois à l'amour; hé bien, interrompit-elle, ferezvous en reste avec moi? j'efpere, répondis-je, que mon cœur fera affez reconnoiffant pour vous

payer de la même monnoye. Ah! dit-elle, le mot de reconnoiffance est mai placé en cette occasion, dites plûtôt que votre inclination vous garentira du vice d'ingratitude : deux choses join. tes ensemble, répondis-je, font encore plus fortes, qu'une feule, fans doute que vous aurez lieu d'être contente de moi. J'avoue que je le croyois comme je le difois je n'aimois rien, je n'avois jamais aimé & je trouvois quelques douceurs à entendre ces paroles; enfin j'y répondis de maniere qu'elle me parut fatisfaite, je croyois auffi qu'elle avoit fujet de l'être, il n'y a que vous qui m'avez appris comme on aime; depuis que je vous ai vûë, j'ai reconnu que ce que je penfois être attachement pour cette perfonne n'étoit qu'un amusement ; cependant j'en ufai avec elle d'une maniere qui la convainquit de

[ocr errors]

fa victoire & qui perfuada à tout le monde qu'elle avoit triomphé de mon indifference; la feule chose dont elle pouvoit fe plaindre, c'eft lorsqu'elle me parloit d'unir nos destinées ; je lui reprefentois combien la vie libre avoit d'agrémens, que de s'aimer fans obligation, étoit une chose fi charmante, qu'il ne falloit point fe preffer de chercher la fin d'une felicité qui ne fe recouvre plus, quand on l'a une fois perdue ; j'aime mieux devoir votre cœur à votre penchant qu'a votre devoir, lui difois-je, quoique je cruffe l'aimer véritablement, je fentois bien que fi elle n'avoit pas parlé la premiere, je n'aurois point fongé à m'engager; lorfque je fus obligé de partir pour faire la Campagne, nous nous dîmes un adieu tendre, & nous nous écri vîmes fouvent; les chofes refte

« 이전계속 »