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rent en cet état plufieurs années, pendant lefquelles elle fut plus fidelle que je ne méritois; enfin elle s'ennuya de mes retardemens, elle me menaça de rompre entierement avec moi, puifque mes délais ne pouvoient être caufez que par une tiédeur qui prouvoit que je ne l'aimois point; elle ajoûta nombres d'autres reproches, qui me déterminerent à lui donner fatisfaction étant d'ailleurs bien perfuadé que mon Pere ne me deftinoit pas à vivre dans le célibat, je découvris donc mes fentimens à mon Pere, m'i. maginant lui faire plaifir, puisque la qualité de cette perfonne & fes alliances étoient convena. bles; je n'ignorois pas qu'il avoit envie de me marier; ainfi je comptois de réuffir auffi-tôt que je parlerois: mais je fus très-furpris, lorfque mon Pere me dit, vous y avez pensé trop tard, il y a

a fix mois que j'aurois volontiers donné les mains à ce que vous fouhaitez, les chofes ont changé de face depuis ce temps.là. Quoi, Monfieur, avez vous découvert quelques défauts à la perfonne que j'aime car pour ce qui regarde fa Famille, il n'y a qui que ce foit à qui elle ne convienne: pour vous prouver, me répondit il , que je pense comme vous, c'eft que je vous repete qu'il y a fix mois que cet. te propofition m'auroit fait plaifir: mais comme je fçai mieux que vous ce qui peut être utile à vos interêts; la mort du fils unique du Comte de *** qui eft mon parent & mon intime ami m'a donné d'autres vûës; il lui refte une Fille qui aura des biens immenfes, étant feule he ritiere de tout ce qu'il poffede, c'est un parti digne d'un Prince, fon amitié pour moi l'obli

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ge à vous préferer à tout autre ; rien ne retarde la chose que le peu d'années de cette petite perfonne, qui n'a pas encore neuf ans, comme vous fçavez; malgré fa jeuneffe, on commence à voir briller en elle mille perfections qui feront un jour votre felicité, on reconnoît des prémices de beauté & d'efprit, qui ren dront votre fort digne d'envie vous êtes en âge de pouvoir l'at tendre, ainsi défaites-vous des chimeres de la galanterie, pour vous attacher au folide: je com battis foiblement les raifons de mon Pere, qui me parroiffoient effentielles l'extrême jeuneffe de la perfonne qu'il me destinoit lui donna un nouvel agrément à mes yeux, puifque je le voyois éloigner pour plufieurs années un joug que je n'ai defiré que depuis que je vous aime; je fus très-embarraffé pour apprendre

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cette trifte nouvelle à mon amie elle la reçut avec le défefpoir que j'avois prévû, je fus fi touché de l'état où je la voyois, que n'eus pas de peine à lui perfuader que j'étois auffi affligé qu'elle, je pris la pitié qu'elle m'infpiroit, pour de l'amour, je blâmois l'avarice de mon Pere de préferer le bien au merite, enfin mes manieres lui donnerent lieu d'être contente de moi, nous cherchâmes ensemble les moyens de pouvoir rendre mon Pere favorable à nos defirs, nous lui fîmes parler par les gens que nous croyions qui avoient du pouvoir fur fon efprit: mais fes raifons parurent meilleures à nos amis que les nôtres; ainfi ils aban. donnerent aifément nos interêts; j'y étois très-fenfible, lorfque j'étois témoin de la douleur de cette perfonne; mais j'avoûë que quand j'en étois éloigné, je pre

nois facilement patience; mon pere me trouva même plus de do. cilité qu'il n'avoit elperé d'abord, me croyant plus amou reux que je ne l'étois véritablement; il crut devoir ce facrifice à mon respect & à mon obeisfance pour fes ordres, il m'en sçut fort bon gré, & me témoigna plus d'amitié qu'il n'avoit encore fait, il m'affura que dans l'occa. fion il récompenferoit ma condefcendance à fes volontés; je fuis en terme de le fommer de fa parole, par rapport à vous; pour ma pauvre maîtreffe, il n'y avoit rien de fi touchant que fa fituation, elle me proteftoit qu'elle n'avoit jamais aimé que moi, qu'il étoit bien triste pour elle de penfer que je caufois tous fes malheurs, que fi j'avois pâ me refoudre à parler à mon pere avant la mort du Fils du Comte de *** il ne fe feroit trouvé au

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