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texte qu'elle trouva raisonnable, & tâcha par la fuite qu'elle ne pûr être renouée.

Enfin la foirée tant defirée par nos Amans arriva; le Comte, fous le déguisement de la Dame broüillée avec fon mari, eut recours à la fervante, qui joüa fon rôle en perfonne habille & intéreffée, auffi fut elle fi amplement récompensée de fes foins, qu'elle auroit voulu que ce petit commerce d'amitié eût duré long-tems entre ces deux Dames; elle plaça la derniere venue dans le cabinet, & rendit la clef fi adroitement à Made. moiselle d'Aleyrac, que qui que ce foit ne remarqua l'action de la confidente. Mefdemoifelles de la Charce fe retirerent le plutôt que la bienséance le permit, elles renvoyerent leurs femmes fur le prétexte ordinaire de la lecture; comme c'étoit l'occu

pation journaliere de Mademoi felle d'Aleyrac, ce prétexte étoit plaufible; lorfqu'elles furent feules on délivra le prifonnier, qui vint auprès de Mademoiselle de la Charce avec l'empreffement d'un homme très amoreux, Je ne me plaindrai jamais de la fortune, lui dit-il, puifqu'elle me donne encore une fois les moyens de vous voir & de vous affurer que ma paffion, que je croyois à fon dernier période, augmente à chaque moment: oui, Mademoifelle, foyez perfuadée que rien ne peut égaler l'attachement que j'ai pour vous, obligez votre cœur à rendre juf tice au mien. Helas mon cher

Comte, répondit Mademoiselle de la Charce, mon cœur n'eft point en refte, & vous n'aurez jamais fujet de vous en plaindre, pour moi je ne me loue pas de la fortune comme vous, elle vous

a engagé dans une affaire qui nous fepare, & peut-être pour toujours pour toujours, s'écria le Comte, quelle opinion avezvous de mes paroles? quoi: après toutes les proteftations que je vous ai faites,de ne pouvoir vivre heureux fans vous, vous doutez encore les difficultez vous rebu tent-elles ajoûta t'il, & jugezvous de mes fentimens par les vôtres ? fi vous croyez que l'abfence puiffe diminuer mon amour, n'ai-je pas lieu de craindre que vous ne trouviez la chofe faifable,& que ce que vous appréhendez de ma part, n'ait du rapport à ce que vous penfez. Ah! Made. moifelle, que votre confiance pour moi détruise l'affreufe idée que vous aurez de la mienne; fi vous ne vous fentez pas capable d'infidelité, foyez perfuadée que per fonne n'en eft plus éloigné que moi. Nos deftinées font bien dif

est

ferentes, interrompit Mademoifelle de la Charce, il n'y a rien qui m'attende, mon parti eft pris, je ferai à vous où je ne ferai jamais à qui que ce foit, quand même l'abfence me feroit auffi funefte qu'elle l'a été à bien d'autres; j'ai une foi entiere à vos paroles, continua-t'elle, mais fuivant ce que vous m'avez dit, vous aurez de furieux combats contre l'amour& contre l'interêt,votre premiere Maîtreffe compte fur l'amour,& Mr votre Pere foûtiendra l'interêt, Helas!que je ferai foible parmi desennemis fi puiffans.Mon cœur eft pour vous, dit le Comte, & rien n'eft capable de l'ébranler. C'est tout ce que je demande, répondit Mademoiselle de la Charce; apprenez-moi à prefent ce qui s'est passé entre vous & le Normand, & par quel bonheur vous avez trouvez le moyen de rentrer dans Paris ?

Vous fçavez, reprit le Comte, les fujets de ma jufte colere contre ce fourbe, mais la crainte que j'avois de vous exposer à la moindre cenfure, en me vengeant auffi-tôt que j'ai été ou tragé, m'a obligé contre mon naturel, d'avoir plufieurs difpu tes avec lui, dont vous avez été témoin; enfin laffé de voir fi long-tems un homme que j'avois tant de raison de haïr, je réfolus à la premiere occafion qui s'en prefenteroit, de pouffer la chofe de maniere que la fuite que je préméditois parut tirer fa fource de l'aigreur que le jeu nous infpiroit, j'évitai de vous parler de ce projet, voulant ménager votre repos, me flattant que vos bontez pour moi vous auroient fait prendre affez de part à ce qui me regarde pour le troubler: enfuite il lui détailla les précautions qu'il avoit prifes pour rencontrer

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