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fon ennemi, leur combat & la petite bleflure qu'il avoit reçûë, qui étoit fi peu de chose, qu'à peine y avoit-il penfé: il ajoûta qu'il avoit perfuadé à fon Ecuyer & à tous les gens qu'il avoit des lettres qui lui apprenoient l'extrémité où étoit fon Pere, qu'ils conduififfent l'équipage par le plus court chemin, qu'il avoit encore quelques affaires à terminer à Paris, après quoi il prendroit la pofte avec le Valet de chambre qui refteroit, & qu'il les rencontreroit en chemin qu'enfuite il avoit ordonné au Valet de chambre, en qui il fe fioit, de tenir des chevaux de pofte à la porte Saint Denis, pour s'en fervir d'abord après le combat, s'il en fortoit vainqueur, qu'en cas qu'il s'écoula un certain tems fans le voir paroître, il vint le chercher fur le champ de bataille, où le fort des armes

pouvoit le faire fuccomber malgré la juftice de fa caufe; mais, continua t'il, la fortune m'ayant été favorable, je me fuis rendu plutôt que l'on ne m'attendoit à la porte Saint Denis,j'ai monté à cheval & me fuis éloigné promptement; puis il dit, que ne pou vant partir fans avoir le plaifir de prendre congé d'elle, il s'étoit déterminé à se déguiser en Payfan, pour rentrer fans péril dans Paris, quoiqu'il les eût tous bravé pour un fujet qui lui te noit au cœur plus que toutes chofes au monde, n'ayant jamais eu intention de quitter le Royaume fans lui renouveller les assuran, ces d'une conftance éternelle.: Enfin, poursuivit-il, nous fommes venus dans la Ville avec le noble déguisement que j'avois choisi ; je me suis logé en un lieu écarté, où je ne peux être connu; cependant il falloit vous

avertir.

avertir de toutes ces chofes, je n'ai point trouvé de moyen qui me femblât plus naturel, que celui d'aller acheter un petit chien chez Lionnois, & de l'envoyer à Mademoiselle d'Aleyrac, de la maniere que je l'avois imagi. né, pour fervir de paffeport à mon Valet de chambre, qui s'eft très-bien acquitté de sa commis fion, puifqu'elle a réuffi de la façon que je le fouhaitois, & que j'ai la joye de me trouver auprès de vous, poursuivit-il, s'adreffant à Mademoiselle de la Charce. Il est vrai, repartit-elle, que c'est une extrême fatisfaction pour moi d'avoir le plaifir de vous voir; mais il faut abréger ce bonheur malgré nous, la justice du Roi eft terrible en pareils cás, & les amis du Marquis font trop de perquifitions pour que vous pui Gez refter davantage, votre sûreté m'eft mille fois plus pré

cieuse que ma vie, j'avoue que votre abfence m'affligera plus que je ne le peux dire; mais la raifon doit non-feulement m'y faire confentir, mais encore vous prier de ne pas differer à fortir des terres de la domination du Roi, quoiqu'il m'en coûte, je fouhaite que vous foyez hors de la portée de vos ennemis, je sçai m'oublier moi-même pour ne fonger qu'à vous; je vous le répete, la régularité avec laquelle notre Monarque fait executer fes ordres me fait frémir; pendant que je vous vois ici, ce qui réuffit un jour, peut tourner mal le lendemain, je m'accuserois d'en être la caufe; quelle horrible pensée pour moi il faut partir, mòn cher Comte. Oui, répondit-il, je fçai bien que le bon fens le veut, quoique ce foit m'arracher l'ame que de me féparer de vous, les inquiétudes où je vous vois.

fur ce qui me regarde, m'obli. geront à me hâter, afin de vous rendre quelque tranquillité, foyez sûre que je ne coucherai pas à Paris; laiffez moi donc profiter des précieux momens que je fuis auprès de vous, pour vous supplier de perfeverer dans les fentimens où vous êtes à prefent, fouvenez-vous des miens, qui ne changeront qu'à ma mort. Je vous ai déja dit, reprit Mademoiselle de la Charce, que j'ai beaucoup plus à craindre que vous, vous fçavez les fujets de mes appréhensions; cependant vous m'avez raffurée d'une maniere qui ne me permet pas de douter de vos paroles, & que vous ne penfiez tout ce que vous me dites; n'oubliez point que vous laiffez en France une perfonne à qui vous avez appris à aimer & que jamais maître n'a fait une fi bonne écoliere, puifque je fçai

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