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quis; mais elle fe défendit avec trop de fermeté fur l'article effentiel, pour infifter davantage, dautant qu'il fçavoit que le Mar quis aimoit mieux fouffrir que d'importuner celle qu'il chérif foit plus que fa vie ; ainfi le Commiffionnaire fut contraint de mander cette trifte nouvelle au Marquis; ce n'en fut point une pour lui, il ne s'étoit pas Aatté de réuffir mieux que par le paffé; il fe détermina donc à rester où il étoit, tant que fon amour ou fes jours dureroient, Mademoifelle de la Charce trouvoit plus de douceur à la Campagne qu'au milieu de Paris, depuis qu'elle ne pouvoit plus voir le Comte, elle avoit la fatisfaction de rêver fans distraction & fans être interrompuë; dès qu'elle étoit feu le avec la Soeur, il étoit toujours le fujet de la conversation, elle en recevoit des lettres auffi ré

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gulierement qu'elle le pouvoit fouhaiter enfin on peut dire qu'elle vivoit dans une douce langueur; cet état dura plus de trois ans, au bout defquels les lettres du Comte devinrent un peu plus rares; elle avoit fi bon. ne opinion de lui, qu'elle reçut d'abord toutes les excufes qu'il lui donnoit. Je me fuis inftruis de tout ce qui regarde le Comte, de même que j'ai appris d'original ce qui a rapport à Mademoifelle de la Charce, ainfi pour éclaircir mon difcours il faut le fuivre à Vienne. Si-tôt que que fon équipage l'eut joint, il continua fa route; fon Pere fut ravi de le voir, & de trouver la bonne mi. ne augmentée par l'air poli & gracieux que l'on prend à la Cour de France fon. ancienne Maîtreffe eut une joye extrême de fon retour; mais elle fut bien moderée, lorfqu'elle le trouva

plus indifferent pour elle qu'il ne l'avoit jamais paru; il est sûr qu'il n'étoit occupé que de Mademoiselle de la Charce dans ces tems. là, & qu'il auroit juré de ne jamais changer de fentimens; mais il étoit homme, & comme on eft perfuadé que l'inconftance eft auffi naturelle à l'homme que l'être, par la fuite il ne démentit pas cette vulgaire opinion. Ne l'accufons pourtant point fi promptement, il perfe vera affez long-tems pour me riter quelque grace. La jeune perfonne qui lui étoit destinée avoit près de douze ans, à mefure qu'elle avançoit en âge, elle croiffoit en beauté & en agrémens, fon efprit ne cedoit point à fes premiers avantages, il étoit aifé de voir que ce feroit une des plus parfaite perfonne de la Cour, & qui auroit eu nombre de prétendans, fi fon pere ne s'étoit

déclaré hautement en faveur du Comte, à caufe de l'extrême liaifon d'amitié qui avoit toujours été entre lui & le pere du dernier celui-ci ordonna à fon fils de rendre à cette aimable perfonne tous les devoirs qui pouvoient convenir à la jeunese, fon deffein étant d'accomplir le mariage fi-tôt qu'elle auroit treize ans. Quoique le Comté n'eut aucune intention de manquer à ce qu'il avoit promis à Mademoifelle de la Charce, il obéit fans peine, parce que c'étoit un prétexte pour se délivrer des perfécutions de fa premiere Maîtreffe; il les avoit supporté aifément lorsqu'il n'avoit rien dans le cœur, mais à prefent qu'il étoit rempli par une autre idée, fes marques de tendreffe, bien loin de lui caufer quelques plaifirs, lui étoient devenuës très à charge; le tems que lui donnoit

la jeunesse de l'autre, lui laiffoit toujours efperer quelques changemens, qui le rendroient à celle qu'il aimoit, & dont il étoit aimé fi parfaitement; il s'imaginoit que rien n'étoit capable de le diftraire de fa paffion, il n'avoit de plaifir fenfible que les jours qu'il recevoit des lettres de Mademoiselle de la Charce & ceux qu'il lui répondoit; dans quelques compagnies qu'il fe rencontra, quoiqu'elle fût abfente, il ne voyoit qu'elle, tant elle étoit prefente à son esprit & à fon cœur ; il étoit perfuadé qu'il ne changeroit jamais, cependant fans s'en appercevoir, il s'accoûtuma auprès de fa petite Maîtreffe, qu'il ne voyoit d'abord que par ordre de fon pere; il crut que le plaifir qu'il avoit à l'entretenir n'étoit autre chofe que l'amufement que l'on trouve aux naïvetez d'un enfant qui a

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