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tez, il demanda la grace à ce Prince de lui faire l'honneur de lai en parler de façon qu'il parût qu'il l'approuvoit. L'Empereur eut la bonté de donner fatisfaction au pere, il dit au fils tout ce qui convenoit à ce deffein. Le Comte entraîné par fon penchant, s'imagina que l'approbation de fon Souverain étoit un ordre pofitif auquel il n'y avoit point de replique ; fi fa future Epouse avoit eu moins d'appas, il n'auroit peut-être pas penfé de cette forte; car l'Empereur étoit trop jufte, pour exer cer fon autorité en de pareilles occafions,mais fon cœur ne cherchoit qu'un prétexte qui pût le difculper auprès de Mademoifelle de laCharce & auprès de luimême Il feroit difficile de reprefenter les divers mouvemens dont il étoit agité, il y avoit des mo. mens où il croyoit l'aimer tou

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jours; un instant après fon ai mable Maîtreffe se montroit à fes yeux avec des charmes fi féduifans, qu'il fe reprefentoit qu'il ne lui étoit pas permis de fe fouf. traire à l'obéiffance qu'il devoiɛ à fon Empereur, & à fon Pere; s'il paroiffoit même, continuat'il, que j'en euffe la volonté, ils ont le pouvoir en main pour me contraindre, & me met troient hors d'état de fatisfaire jamais la tendreffe que j'ai pour Mademoiselle de la Charce; elle eft fi pleine de raifon & d'équité, ajoûtoit-il, qu'elle feroit la pre miere à me porter à faire tout ce qui peut être utile à mes in. terêts; rendons - nous donc de bonne grace, puifque la réfiftance feroit hors de saison; confervons pour Mademoiselle de la Charce toute l'eftime qu'elle merite, & une amitié auffi fincere que fi elle étoit ma fœur ;

je fens bien que je ne l'oublierai jamais, & que je defire la même chofe de fa part; mais je lens auffi qu'il faut ceder à mon étoile, qui veut m'attacher à celle que mon pere m'a choifie. Après ces raifonnemens, il fe regarda comme un fujet & un fils trèsfoûmis, fans faire réflexion qu'il devenoit un amant infidele; il affura fon pere qu'il pouvoit dif pofer de lui quand il lui plairoit. Le pere fut furpris & ravi des fentimens de fon fils, il en reçut toutes les marques d'amitié poffible; on prit jour pour faire la nôce avec une magnificence digne des perfonnes qui en étoient les principaux acteurs, & qui répondoit à la joye que fentoit le pere de procurer un établiffement auffi confiderable au Comte. L'idée de Mademoifelle de la Charce venoit de tems en tems troubler la fatisfaction

de ce dernier; mais le matin de la fête elle n'eut plus aucune puiffance, lorfqu'il entra dans la chambre de la jeune Epouse, il la trouva fi brillante & fi belle, & joignoit à la parure dont elle étoit ornée des graces fi naturelles, qu'il fe trouva l'homme du monde le plus heureux, enfin le mariage s'accomplit, & la Comteffe a toujours continué d'avoir de fi bonne maniere pour fon mari, qu'il n'a pas eu lieu de se repentir de fon inconstance; à la verité, il redoutoit les reproches de Mademoiselle de la Charce, qu'il fentoit bien qu'il meritoit, il fut plufieurs jours à examiner de quelle façon il pourroit lui faire apprendre une nouvelle auffi trifte pour elle, il ne voulut charger perfonne de cette commiffion, jugeant que ce feroit une augmentation de douleur à cette tendre perfonne,

qu'un ami fût témoin de sa défaite, la vanité en fouffriroit autant que l'amour; à la fin il fe détermina à lui écrire, avant qu'elle pût en être inftruite par les nouvelles publiques, qui ne lui expliqueroient pas comme lui les raifons qu'il avoit eû de ceder aux forces fuperieures, dont il dépendoit. Voici donc la lettre qu'il envoya à cette malheureuse fille.

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» Vous allez fans doute, Ma» demoiselle, me croire le plus coupable de tous les hommes, » & le plus indigne de voir le » jour; mais de grace ne me » condamnez pas avant que d'a» voir appris ce qui cause mes. "infortunes & les vôtres, car j'ofe encore me flatter que vous prendrez affez de part à ce qui » me regarde, pour entrer dans "ma douleur; il n'a pas fallu » moins que l'autoritéd'un grand

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